... et aussi le simple plaisir d'écrire.

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Un peintre qui crée essentiellement une peinture figurative qu'on peut appeler fantastique, onirique, surréaliste,... Comme on veut... Bien que je ne sois pas insensible à toute forme d'art pourvu qu'elle me paraisse sincère et qu'elle provoque quelque chose en moi... Depuis toujours, je tente de peindre l'individu et la multitude, la matière brute et la lumière intérieure, l'arbre de vie, la femme et les racines, l'enfant et le devenir, la foule errante en quête de valeurs à retrouver, les voies parallèles, les mystères des origines et de la fin dernière... Les “SEUILS”, les félures, les passages qui font de nous d’ éternels errants insatisfaits entre mondes réels et rêvés , entre soi et autrui, entre Vie et Mort, entre bonheur et malheur... Un acte de peindre, nécessaire, à l'origine de rencontres furtives mais intenses, et qui fait naître, quelquefois, au bout d'un pinceau fragile, une parcelle de soi... ...ou tout simplement le plaisir et la douleur de créer...

mercredi 27 juillet 2011

Vous avez dit spiritualité ? 2ème partie.





Imaginons alors l’homme primitif, livré à ses instincts de survie dans un monde hostile et inintelligible. Et qui l’est toujours d’ailleurs… Imprégné d’humanité, il est déjà en quête d’un sens qui lui échappe quand il voit le soleil s’élever chaque jour à l’horizon,  l’orage frapper ou la terre trembler… Et pas un p’tit whisky pour le réconforter… Les besoins du corps assouvis, l’âme ou l’esprit se tend déjà vers une réponse qui ne pourra que lui venir que du ciel. « Nos racines sont au ciel » disait Platon. Voilà qui est peu commode et doit nous faire monter le sang à la tête mais ne contrarions pas le docte philosophe. 
Et peu à peu, les réponses émergent d’un imaginaire porteur de sens, un imaginaire empreint du sentiment du Sacré.. Par essence et par besoin, cet homme se fait religieux au sens de “religare”, comme l’entendait Mircea Eliade, c’est à dire relier à quelque chose. On en a déjà parlé. Il se sent mieux. Ouf !... Il  n’est plus seul, il fait partie d’un monde ordonné où tout lui parle secrètement des choses cachées et sacrées… Et surtout il commence à savoir d’où il vient, le ventre de la mère ne lui suffit plus, les cosmogonies se mettent en place, des récits fondateurs, des Dieux devant lesquels se prosterner.… C’est peu cher payer, au pire quelques douleurs articulaires, pour connaître ses origines, quémander quelques faveurs et s’assurer une place de choix post mortem, par exemple « faire du pédalo sur la vague en rêvant et passer sa mort en vacances» comme disait le grand Georges... Ainsi face à ses peurs, sa crainte de la mort, il édifiera des rituels qui le protègeront mais aussi le grandiront au-dessus d’un temporel fait de glaise pour s’élever quelque peu vers un monde impalpable, celui de l’esprit… Ainsi naquit la dualité...

Corps, esprit et âme: la trilogie sur laquelle se fonde toute spiritualité religieuse est en place.

Conscience, morale, lumière, esprit, âme,  appel du ciel, tout est réuni pour former alors une formidable demande, une aspiration, une attente inassouvie, une tension permanente qui forment un véritable élan vital, spirituel… C’est beau, ça de la « gueule », c’est digne d’un spectacle de Robert Hossein !
 Mais il a fallu que cette élan spirituel s’intègre dans une structure, une organisation, une hiérarchie, en un mot l’ Eglise. Un bon créneau comme on dit qui permettra à celle-ci d’asseoir sur le besoin légitime d’être relié à quelque chose, c’est à dire de donner du sens, un pouvoir temporel et politique jamais atteint auparavant. Et ceci par l’élaboration du carcan dogmatique, l’antithèse même de la quête spirituelle. 
Rappelons ici que la notion de Sacré, qu’il nous faut toujours garder à l’esprit,  n’est pas forcément reliée aux Eglises établies. C’est un sentiment fort chez l’homme, qui, s’il est au coeur des religions, n’en est cependant que le ferment, le terreau bien involontaire sur lequel croîtra la foi et l’endoctrinement. Si on ne peut nier à l’Eglise, au tout début du Moyen Age, la capacité à refonder une civilisation de l’ordre assez malmenée, il faut bien le reconnaître, elle n’en justifiera pas moins les inégalités et la misère: souffrance, péché originel, rédemption ou châtiment éternel sont le lot de chacun. Le Christ a souffert pour nous, la moindre des choses est de lui renvoyer l’ascenseur (pardon pour l’anachronisme mais ça a un côté ascension que j’aime assez): souffrir comme il a souffert pour nous, enfanter dans la douleur, porter sa croix, tendre la joue gauche sous peine d’aller en enfer...

La spiritualité, essentiellement religieuse,  s’est donc ancrée pendant des siècles sur un terrain où raison et foi marchaient la main dans la main, où théologie et philosophie s’interpénétraient pour nous aider à comprendre la place de l’homme dans un univers qui se hiérarchisait par rapport à Dieu, un univers qui ne prenait un sens que par rapport à lui. Il y avait donc un créateur, notre éternel créancier, qu’il s’appelle Dieu le père, Allah ou Jehova,  et de pauvres créatures reconnaissantes et maintenues en l’état.
Cette Eglise doctrinaire et rigide a d’ailleurs enfanté inévitablement des rejets: en son propre sein d’abord, avec le mouvement franciscain avide d’une spiritualité axée sur la pauvreté et l’idéal évangélique et les mystiques ivres d’une relation fusionnelle et personnelle avec dieu. Les mouvements hérétiques ensuite comme la spiritualité exigeante du Catharisme écrasée sans merci. D’autres tendances parallèles ont aussi résisté, l’alchimie et son processus initiatique, l’ésotérisme sous toutes ses formes, le mouvement gnostique, un courant fondé sur les évangiles apocryphes rejetées par les Pères de l’Eglise, et peut être aussi la spiritualité païenne des terroirs profonds ancrée dans ce que les autorités appelaient  superstition certes mais aussi dans les vieux fonds mythologiques romains ou celtiques. Et cela pendant que se déroule le fabuleux roman du Graal mené à terme par un Galaad emportant avec lui, fatalement,  le secret de sa découverte...
 
Plus tard, l’entité divine, par ailleurs Grand Horloger  cosmique, Grand Architecte de l’Univers, Grand régulateur du Chaos, recevra les coups de boutoirs des Grandes Découvertes géographiques et astronomiques du début de la science et vacillera sous l’effet des Lumières. Avec Copernic et Galilée, par exemple, la perspective religieuse du monde est bouleversée. Le tournant est amorcé. Auparavant, lorsque la vie était courte et incertaine, l’église offrait le réconfort et l’espoir de la vie éternelle, lorsque la loi avait du mal à s’imposer, elle opposait la force de dissuasion de l’enfer comme une nécessité. Mais le monde a changé. Notre Occident chrétien tendra peu à peu à chercher  ses voies spirituelles hors des chemins consacrés des Eglises, ce qui est loin d’être le cas ailleurs dans les pays non occidentaux. Il s’est désacralisé au sens où il s’est affranchi du poids des religions. Les Eglises restent fortes là où le terreau de la pauvreté et de la misère leur permet d’ asseoir leur autorité morale et souvent politique à l’exemple des Talibans tristement renommés.


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