... et aussi le simple plaisir d'écrire.

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Un peintre qui crée essentiellement une peinture figurative qu'on peut appeler fantastique, onirique, surréaliste,... Comme on veut... Bien que je ne sois pas insensible à toute forme d'art pourvu qu'elle me paraisse sincère et qu'elle provoque quelque chose en moi... Depuis toujours, je tente de peindre l'individu et la multitude, la matière brute et la lumière intérieure, l'arbre de vie, la femme et les racines, l'enfant et le devenir, la foule errante en quête de valeurs à retrouver, les voies parallèles, les mystères des origines et de la fin dernière... Les “SEUILS”, les félures, les passages qui font de nous d’ éternels errants insatisfaits entre mondes réels et rêvés , entre soi et autrui, entre Vie et Mort, entre bonheur et malheur... Un acte de peindre, nécessaire, à l'origine de rencontres furtives mais intenses, et qui fait naître, quelquefois, au bout d'un pinceau fragile, une parcelle de soi... ...ou tout simplement le plaisir et la douleur de créer...

mardi 19 juillet 2011

La folle du logis.

On a beau savoir que presque tout, dans ce bas monde, n’est qu’illusion, « bonheur » quelquefois mais bien souvent éphémère, on a beau savoir… Oui, on a beau savoir mais ce n’est pas facile de vivre sans illusion... sans miroir aux alouettes, sans moulin à vents à combattre, sans châteaux en Espagne.... sans défi à relever, sans montagne à grimper (même si tel Sisyphe, il nous faudrait recommencer mille et mille fois).

Il n’est pas facile de ne pas continuer à rêver, à espérer… Espérer, c’est nous projeter vers l’avenir, nous donner l’envie, la force de continuer mais c’est aussi nous détourner du présent et de ce qu’il peut nous apporter comme satisfaction immédiate. Et qui risque de m’échapper à trop vouloir fixer l’horizon de mes illusions… surtout quand, au fil des ans, le miracle tant espéré se fait mirage...

Pourtant l’Homme semble ainsi fait qu’il a besoin de cette toile que l’Imaginaire tisse autour de lui insidieusement. L’Imagination que Pascal, je crois, appelait « la folle du logis » et qui ne fait pas bon ménage avec la Raison. Drôle de couple et qui n’est pas près de se séparer. C’est pourtant ce qui nous fait Homme, cette capacité à anticiper, à nous projeter dans un au-delà de notre présent, de nous imaginer Autre, plus grand, plus fort, plus riche, plus sage, plus puissant, plus…….. , plus………., plus………….
Cette capacité extraordinaire, sans laquelle l’Humanité continuerait à grimper aux arbres, est pourtant notre pire ennemie. Séductrice, aguicheuse, attirante, elle peut revêtir toutes les apparences que l’Ego veut bien lui donner. Telle une monture indomptée, il faut savoir l’apprivoiser patiemment, en tirer le meilleur parti (qui nous fait progresser, créer, imaginer, anticiper, inventer) et se méfier constamment des ruades intempestives, inattendues qui nous laissent inertes sur le chemin à force d’en avoir trop exigé...

Il est donc quasi impossible de s’en libérer. Nous tissons avec elle un jeu subtil de maître à esclave, de dominant à dominé. Un peu comme Faust qui vend son âme au Diable, si nous nous laissons aller totalement à nos chimères imaginaires, ne nous risquons pas d’y perdre la nôtre ? C’est pourtant ce qui nous motive, nous fait avancer en nous permettant de bâtir des projets et c’est néanmoins ce qui nous aliène en nous laissant espérer des projets irréalisables...

Mais comme il a été dit dans l’article précédent, à défaut de se résigner, on peut accepter lucidement ses manques, ses faiblesses, réviser ses rêves (bien souvent d’enfant) trop idéalisés… On peut se croire alors à l'abri (fragile) des illusions, avoir atteint la calme sérénité du bouddhiste ou l'amère lucidité d'un Cioran… Ce sont des cas extrêmes, reconnaissons que nous n’en sommes pas là, d’autant plus que cette « folle du logis », loin d’ être si folle qu’on le dit, a plus d’un tour dans son sac et peut très bien nous faire croire consciemment à sa défaite tout en rusant inconsciemment… Certains désirs altruistes, débonnaires, désintéressés cachent quelquefois en profondeur des motivations pas toujours avouables (et pas toujours conscientes).

Tentons, sans illusion extrême, puisque que tout désir "au-dessus de nos moyens" fait notre malheur assurément, de guetter ces brefs répits accordés par la Vie et qu'on appelle des instants de bonheur. Sans tomber dans le piège d’une objectivité trop lucide difficile à assumer.
Loin de donner ici des leçons, je suis d’ailleurs le premier à chercher à m’en convaincre. Moi-même, en écrivant ces lignes, ne suis-je pas le jouet de mon propre ego qui veut afficher sa clairvoyance, celui à qui on ne raconte pas d'histoire… Pas facile en fait de dissocier en soi, mais c'est la même chose au niveau collectif, notre part d'Etre conscient, lucide, et la place de l'Ego envahissant puisque celui-ci peut même faire illusion et se montrer à nous comme l'intégrité même… Un artiste vit constamment sur le mode de l’anticipation, il a toujours en tête comment agencer, mettre en œuvre ce qu’il conçoit, il peut tomber facilement de les pièges de l’auto-satisfaction, de la recherche éperdue de reconnaissance, d’une « mission » dont il se croirait investi, de l’obsession métaphysique à traquer l’indicible, etc… Plus que d’autres, il est au prise avec le syndrome de Faust...

J'envie quelquefois, quand je vais acheter un journal, ce joueur qui sait profiter du plaisir simple de l'instant, qui peut s'abîmer dans la douce inconscience teintée d'espoir que procure l'achat de ces petits billets à gratter du bonheur éphémère. Mais encore faut-il pouvoir y croire... C'est comme la Foi, quand on ne l'a pas, rien n'y fait, on a beau le vouloir … J’envie bien souvent aussi la douce inconscience (ou la grande sagesse, allez savoir !) de mes 2 chattes que la chaleur d’un radiateur, une ou deux caresses, un sachet de Whiskas bien sûr (nous, on a toujours le Whisky) suffisent à envoyer au Nirvana des chats pour quelques heures…

Daniel

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