... et aussi le simple plaisir d'écrire.

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Un peintre qui crée essentiellement une peinture figurative qu'on peut appeler fantastique, onirique, surréaliste,... Comme on veut... Bien que je ne sois pas insensible à toute forme d'art pourvu qu'elle me paraisse sincère et qu'elle provoque quelque chose en moi... Depuis toujours, je tente de peindre l'individu et la multitude, la matière brute et la lumière intérieure, l'arbre de vie, la femme et les racines, l'enfant et le devenir, la foule errante en quête de valeurs à retrouver, les voies parallèles, les mystères des origines et de la fin dernière... Les “SEUILS”, les félures, les passages qui font de nous d’ éternels errants insatisfaits entre mondes réels et rêvés , entre soi et autrui, entre Vie et Mort, entre bonheur et malheur... Un acte de peindre, nécessaire, à l'origine de rencontres furtives mais intenses, et qui fait naître, quelquefois, au bout d'un pinceau fragile, une parcelle de soi... ...ou tout simplement le plaisir et la douleur de créer...
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mercredi 13 novembre 2013

Le mythe identitaire. Episode 4. Répression et corps brisés...


Attention ! C'est l'épisode qui entame la série de toutes les frayeurs… Vous n'êtes pas obligés de le lire. Il est encore temps de faire marche arrière mais, bon !, ça manquerait un peu de panache….
C'est le 17ème siècle, le siècle de ce cher Louis dit le 14ème qui va mettre en place les mécanismes à civiliser les mœurs... sous la contrainte, les outils à unifier par la force et la terreur.
Ce qui était permis ou toléré se criminalise peu à peu (un peu comme la cigarette de nos jours et bien d'autres choses... :) )
Main dans la main, Etat et Eglise instaurent l'ordre moral. Instaurer la Cité de Dieu sur terre et dans tous les actes de la vie quotidienne, n'est-ce pas un beau rêve ? Qui pourrait ne pas être d'accord ? Seuls les rustres et vilains, n'est-il pas ?
Un roi, une loi, une foi… Belle devise. C'est propre, c'est net, c'est loin de faire désordre. Un modèle pyramidal s'installe peu à peu: le roi représente Dieu sur terre et chaque père de famille possède une autorité quasi royale sur la sienne. N'en déplaise à ces dames..
Un roi, une loi, une foi… Attenter à l'un, c'est attenter aux deux autres principes. Une société très chrétienne, misogyne et patriarcale… Mais cela ne va pas de soi. Il faut des outils. La procédure inquisitoriale est adoptée définitivement et l'usage de la torture est réglementé. Tout est prêt…
Parallèlement à cela, le siècle est agité par de grandes crises économiques, sociales, politiques, ce qui fait se disjoindre encore plus les groupes sociaux. L'exode rural s'intensifie. Et vient le temps où les pauvres, les fous, les hérétiques, les «sorcières» vont envahir l'imaginaire des gouvernants et des possédants de plus en plus inquiets. Il faut bien fixer ses peurs et ses hantises sur quelque chose. Les Juifs, ça devient d'un banal...
Alerte rouge ! Il est temps de prendre son xanax…
Justice et police vont se mettre à l'œuvre. C'est l'époque du «renfermement» des pauvres et des fous décrit par Foucault dans son «Histoire de la folie». On va briser les corps pour mieux briser les esprits. En mutilant les corps, on précise ainsi en place publique les limites du permis. On réprime ainsi les passions et les corps contraints feront des corps soumis et productifs. Le supplice public est ainsi exemplaire, permettant au pouvoir d'afficher sa force et d'éliminer tout danger de contamination. Rien de tel que quelques membres brisés, ligaments distendus, peau écorchée, etc… pour faire rentrer dans le moule de la Loi les plus récalcitrants. Il faut dire aussi qu'un supplice bien mené par un bourreau/artiste enchantait les foules autant qu'il les terrorisait… Ah! Ces humains et leur curiosité malsaine, esclaves du couple attirance/répulsion. Mais c'était d'un autre âge, bien sûr… On a quand même évolué.. La télévision nous le prouve tous les jours ...
Le marginal est en effet littéralement contagieux d'où l'enfermement des pauvres dans les Hôpitaux généraux, loin de la Cité de Dieu sur terre… Sinon, ça fait désordre. C'est donc surtout et d'abord la ville qui servira de champ d'expérimentation à l'invention de ce qu'on appellera «l'homme moderne»… C'est-à-dire nous ...
Au village, tout se concentre plutôt sur le personnage de la «sorcière», processus très révélateur des mentalités de l'époque.
Les sources: les traités de démonologie, rapports de témoins, compte-rendu de procès, sommes payées aux témoins, bourreaux, prix du banquet offert aux juges, etc…
Rappel: le paysan vit en vase clos, dominé par un temps cyclique, au rythme des saisons, animé de peurs réelles (épidémies, froid, guerres, mauvaises récoltes…) et de peurs imaginaires (la nuit, le diable, le corps cet inconnu…). D'où une grande instabilité psychologique et une agressivité à fleur de peau. Une vision du monde qui reste essentiellement magique, un monde plein de vie, de forces fastes ou néfastes. Et c'est le «sorcier» ou la «sorcière» qui agira sur ce monde, à la fois admiré et redouté. Quand on cessera de croire en lui, il ne sera plus qu'un bouc émissaire tout désigné et sera persécuté.
Bien sûr, on est chrétien mais à sa façon, un christianisme intégré dans une vision encore très animiste. Faut pas mettre tous ses œufs dans le même panier quand même!. Les fêtes religieuses sont aussi des fêtes profanes: danses et jeux de la Toussaint pour apaiser les morts, feux de la St Jean, véritable explosion sexuelle à Noël (une honte !) avec la fête des ânes et des fous où les rôles sociaux sont inversés (un comble!), hystérie collective des carnavals et charivaris. Jeux et fêtes redéfinissent sans cesse l'appartenance au groupe et perpétuent l'état existant en triomphant de la mort.
Inévitablement, une telle culture transmise essentiellement par les femmes, va se heurter à la volonté unificatrice du pouvoir et de l'église. La répression sera systématique.
Il faut battre en brèche la fête des corps, anéantir la vision horizontale et ambivalente du monde populaire pour projeter l'homme vers le ciel dans une vision verticale et dualiste. Après la soumission des corps par l'Etat, la soumission des âmes par l'Eglise…
Mais comment faire ? Vous le saurez dans le 5ème épisode si vous êtes encore de ce monde ou plutôt du monde que je vous ai proposé depuis quelque temps...

mercredi 27 juillet 2011

Dieu et le mal.


Depuis l'aube de l'humanité, les tribus, les clans ont tous développé très tôt des formes d'art (peintures rupestres), des technologies sommaires (bifaces...). L'homme est né ainsi, un chercheur, un inventeur, et c'est ce qui lui a permis de survivre dans un univers hostile... Même des communautés de singes ont su développé des techniques minimales pour s'adapter et cela sans passer par l'instinct... et la religion. Ce n'est pas Prométhée qui a apporté le feu aux hommes, ils l'ont trouvé tout seuls. Mais à la source de la science et de la religion, il y a certainement la même étincelle, celle de l'imaginaire... même si ensuite les moyens divergent (la raison pour l'une, la foi pour l'autre). C'est l'Imagination humaine qui est à la base de ses plus grandes oeuvres (artistiques, techniques, théories scientifiques, etc ...) comme de ses plus grandes frayeurs qui ont ainsi alimenter le religieux. Le religieux est né me semble-t-il dans la peur, peur de l'indicible, de l'innommable, peur des origines inconnues, frayeurs sacrées, besoin de croire faute de comprendre pour se rassurer... et cela a pris les formes diverses de l'art (longtemps lié au religieux), des mythes, des rites, des religions du livre, etc... jusqu'à la confiscation par les Eglises des croyances personnelles emprisonnées dans les dogmes s'affirmant tous comme seules Vérités.
Mais la religion console et atténue la peur, donne un sens à l’insensé, si elle apaise, elle n’explique pas le mal et son origine.
On a noirci des milliers de pages sur ce sujet et ça continue...
Tout le monde est d'accord pour dire que l'homme n'est pas parfait, qu'il est agité de pulsions diverses et contradictoires, qu'il agit souvent pas intérêt, jalousie, appât du gain mais qu'il est aussi capable d'abnégation, de compassion, etc... La violence fait partie de la condition humaine.

On en serait resté là mais, à partir du moment, où naquit dans les esprits l'idée d'un Dieu créateur tout puissant et de surcroît un dieu de bonté, la coexistence entre cette idée de perfection et de bonté divines et la présence du mal devint indéfendable...

Comment en effet expliquer  la toute puissance d'un créateur et sa créature si imparfaite ?

Comment expliquer sa bonté, son attachement à sa créature et le lot de souffrances et de douleurs qu'il lui impose ?

Tout simplement en imaginant un temps béni, celui du paradis terrestre, où tout était pour le mieux, avec un couple parfait qui ne connaissaît ni souffrance, ni mauvais sentiments, ni travail, etc...le tout vivant dans une nature idyllique.
Dieu était donc bien, au départ, ce dieu de bonté créateur d'un monde parfait.

Mais il a fallu que ses 2 créatures, insatisfaites de leur paradis trop tranquille peut-être, se sont mis en tête (surtout la femme d'ailleurs, ce qui lui valu des millénaires de rancune...) de vouloir comprendre, de ne pas se satisfaire de quelque chose qui leur tombait tout cuit dans le bec, si je puis dire, et de goûter au "fruit" de la connaissance , de l'arbre du Bien et du Mal...
Et c'est donc par leur faute, pas celle de dieu bien sûr, que l'Humanité n'eut plus par la suite que des pépins... L'homme est donc bien responsable de sa situation, il voulait savoir, et bien il saura, il connaîtra la douleur, la misère, la faim, la nécessité de travailler pour survivre, etc... La femme accouchera dorénavant dans la douleur... La nature deviendra sauvage et impitoyable.

Il ne manquait plus que le premier meurtre, l'acte fondateur. C'est dieu, par sa préférence sans fondement pour l'offrande d'Abel, qui le provoque. Ou si fondement il y a , on peut en trouver l'origine dans le rejet de dieu d'un produit venu de la transformation de la terre, une création de l'homme (sa récolte) et sa préférence pour l'agneau offert par Abel qui lui, docile,  n'a pas cette ambition. Caïn, d'une certaine manière fonde la lignée des meurtriers mais fonde aussi la lignée des techniciens, des forgerons, des bâtisseurs, de tout ceux qui, après la faute originelle, en relève le défi et se mettront à transformer un monde laissé tel quel par un dieu fantasque. Caïn est peut-être ainsi la première figure prométhéenne de l'Histoire...

Ainsi donc tout s'explique, Dieu est bon, c'est l'homme, cet ingrat, qui est la cause de son propre malheur. Et si le malheur est trop effroyable, paraît trop injuste, il apparaît toujours que Dieu a agi ainsi pour éprouver la foi de ses créatures. De même, lorsque quelqu'un meurt bien avant l'âge, il suffit de penser que c'est dieu qui l'a rappelé à lui, dans sa grande bonté. D'ailleurs les voies du seigneur ne sont-elles pas impénétrables ?...



Le libre-arbitre est l'invention la plus subtile de la religion pour résoudre le problème insoluble de l'origine du mal. Il suffit en effet de dédouaner Dieu, de le dé-responsabiliser et de rejeter tout le poids de la faute sur l'Humanité... La belle invention du péché originel. D'où vient le mal ? mais de l'homme bien sûr... Dieu n'y est pour rien...

Les hommes ont réussi le tour de force de s'inventer un créateur disposant d'un plan divin pour l'humanité mais de faire en sorte que celui-ci ne soit responsable de rien. En effet comment expliquer l'existence d'un dieu de bonté et du mal sur terre ? Par le libre-arbitre, bien sûr…

Le libre-arbitre responsabilise l’homme, d'accord, mais il le culpabilise à jamais. Le libre-arbitre tire ses origines de la Faute originelle qui stigmatise l'Humanité dès le départ. Depuis toujours l'Eglise a alors prêché la responsabilité humaine, en accumulant les thèmes de la faute, de la pénitence... Cela a même pris de telles proportions, chez les Cathares par exemple, qu'ils en venaient à considérer tout ce qui relevait du corps et de la terre, tout ce qui était incarné, comme étant loeuvre du diable...
Comme si cela n'était pas suffisant, il a fallu cette figure emblématique, concrète, pour "incarner" ce mal, la figure du diable, de Satan, l'ange déchu (encore un désobéissant). De plus la figure du Mal ne fait que mettre en valeur, par effet de contraste, la figure du Bien. Ainsi l'homme était placé devant l'alternative de servir les forces du mal et périr à jamais en enfer ou de se ranger du côté de dieu. Est-ce réellement un choix ? Est- ce cela le libre-arbitre ?
Le diable, une autre invention pour justifier le Mal sur terre. Dieu ne pouvant en être responsable, il fallait bien en rejeter la cause sur une autre entité chargée de "titiller" l'homme et son libre-arbitre.
C'est aussi au nom du libre-arbitre que, pendant des siècles (et encore maintenant notre code pénal en est imprégné) l'homme fut condamné sur ses actes sans chercher à en comprendre les causes profondes. Toujours la culpabilisation. Les progrès de la psychologie et de la psychanalyse nous ont fait savoir qu'on pouvait agir mal sans le savoir ou poussé par des pulsions inconscientes... Pendant des siècles, des malades irresponsables furent condamnés, emprisonnées à vie au nom de leur fameux libre-arbitre.

Le péché originel
est donc le péché qui résulte de la volonté humaine de s'élever à la conscience, c'est-à-dire à l'autonomie et à la responsabilité.
C'est s'abstraire de la volonté divine consistant à faire de l'homme un être béat, inconscient et irresponsable (le bonheur paradisiaque, quoi...) pour choisir la voie du libre-arbitre justement, non pas imposé par Dieu mais volé à Dieu.... C'est en vo
ulant être libre que l'homme se condamna au mal et aux souffrances à venir. Ce qui est normal, toute liberté a un prix, celui de la responsabilité de ses actes.
La fameuse pomme est un symbole bien sûr, le fruit de l'arbre de la connaissance du bien et du mal. Avant, l'homme n'avait aucune conscience du bien et du mal, il vivait dans l'innocence paradisiaque, sur la crête qui les sépare....
C'est Paul mais surtout Saint Augustin, seulement au 4ème siècle après JC, qui formalisa ce concept pour tenter de donner une réponse à la présence du mal au sein de l'humanité...

Comme le péché est censé se transmettre héréditairement, on le confondit souvent avec le péché de chair tant décrié par les autorités religieuses. On comprend mieux pourquoi, d'autant plus que, si Adam succomba, Eve en fut pour quelque chose...

A noter que les
Eglises chrétiennes d'Orient ignorent le péché originel... Dieu se serait-il fait mal comprendre ?...


dimanche 24 juillet 2011

La cruauté du monde.



Plus je prends du recul et plus le monde me paraît cruel et insensé. Même si j'en perçois encore toute sa beauté. L'un n'empêche pas l'autre. Le Temps des espérances de l’enfance, le Temps du travail de l’adulte permettait de s’inscrire dans ce monde sans trop y percevoir ses avanies. Ou l’on faisait avec . Avec l'âge, le Temps du recul ne laisse rien passer. L’on me dira amertume, récrimination, morosité, nostalgie … Peut-être mais cela n’empêche pas de ressentir  ainsi les choses.  Le monde continuera  son manège quand je l’aurai quitté,  il faut se persuader que  l’on peut le changer, l’améliorer, influer sur son évolution, se battre et non renoncer. Mais le plus difficile est justement d’entrevoir ce en quoi on a pu le changer, si peu soit-il, à son échelle modeste.  Qu’ai-je fait, qu’avons-nous fait pour qu’il en soit ainsi aujourd’hui ? Individuellement, nos actions semblent si vaines et celles de nos gouvernants ou des grandes instances décideuses semblent si folles  ou si pragmatiques, dénuées de toute morale…

Sommes-nous des êtres civilisés ? Sans doute mais j’en doute … La civilisation ? Un vernis, un maquillage tout au plus. j’ai le forte impression, à la vue de la façon dont notre société évolue,  qu’elle s’apparente de plus en plus, qu’elle soit d’Occident ou d’Orient, du Nord ou du Sud,  à cette  dame vieillissante dont le fond de teint toujours plus épais ne parviendra jamais à estomper  l’aridité des traits. Même quelques coups de bistouris hâtifs pour conforter le processus n’y peuvent rien …
Nous sommes toujours au Néolithique.
La vie y fut âpre et  violente. Elle l’est toujours…
L’homme  se sédentarisait, convoitant les points d’eau, les axes de communication,  les riches minerais puis les sources énergétiques. L’homme inventait la propriété et la lutte féroce pour la défendre ou se l’accaparer … Il en est toujours ainsi … 
Une morale balbutiante avait peu de chance face aux intérêts du politique …  Nous vivons cela au quotidien. 
L’idée de peuple  puis de nation s’imposa , des identités se forgèrent,  souvent cristallisées autour d’une religion impérialiste. N’est-ce pas le spectacle offert par notre monde contemporain ? 
La vie qui coule en chacun de nous, au même titre que la vie animale ou végétale,  est toujours animée  par ce puissant  instinct de survie mais qui  conduit souvent l’homme, au-delà des  fragiles limites civilisatrices , « par delà le bien ou le mal », au désir de toute puissance.  Jusqu’à l’auto-destruction.  Jusqu’à la lutte fratricide entre membres de la même espèce.
Ainsi sous le masque de la culture  et  les habits de l’éthique et de la morale,  malgré l’appareil des lois et des règlements,  celui de la répression ou de la prévention, malgré une assistance sociale soutenue, en dépit d’une volonté égalisatrice de l’école, la sélection semble plus naturelle que jamais.
Nous avons  avec acharnement voulu chasser la bête en nous,  l’animal soumis à ses instincts,  nous avons tout fait pour éliminer le hasard et l’imprévu de nos vies balisées  Et pourtant … Ne sommes nous pas devenus que des animaux cultivés ?  Des êtres toujours régis, que ce soit à l’échelle de l’individu ou du collectif, par  la sélection impitoyable du vivant, aggravée par les effets  du hasard (et non du destin auquel je ne crois pas)…  Et ce malgré toutes les limites, tous les garde-fous, tous les vernis d’une civilisation bien frêle. D’autant plus que nous les humains,  nous avons l’esprit, la conscience, c’est-à dire la possibilité d’aggraver ou perturber le phénomène par la volonté délibérée de nuire, par envie, jalousie, pour le plaisir, par jeu, par ressentiment, par idéologie, par conviction, par égarement ou frustration. (Au moment où je publie ces lignes, un individu fanatisé vient de massacrer des militaires et des enfants dans une école …) Un esprit qui peut concevoir, planifier, projeter, mettre en perspective... pour le meilleur et pour le pire ...
En ces temps de catastrophes naturelles, qui soit dit en passant, ne semblent accabler que les plus faibles et les plus démunis,  Ah ! Les mystères de la volonté divine …. , imaginez un instant  une panne énergétique gigantesque. Plus d’électricité sur  la planète en plein hiver par exemple.  Et laissez un instant aller votre imagination pour mesurer les capacités de résistance  des remparts de la Vertu,  des forces  éthiques et morales  qui soudent une société face à une barbarie en sommeil …Les femmes et les enfants d'abord, à voir ....



Allez, je vais en rajouter une couche sur un poncif des cours de philo (nature et culture). Une couche de confiture puisqu’il paraît que la culture, c’est comme la confiture, moins on en a plus on l’étale ...Il est vrai que, quand c'est trop, cela devient  écoeurant.  Il faut varier les saveurs, quelquefois s'en passer, et ne pas l'étaler à grosses doses... Si la tartine est la pensée, un peu de confiture aide à mieux l'apprécier surtout si elle est un peu sèche. Mais si elle disparaît sous la couche de myrtille ou de framboise (pourtant j'aime ça), autant la manger directement au pot avec les doigts, en cachette, et fiche la paix aux autres
Mais nous ne pouvons pas nous passer de confiture. La culture est inhérente à l’humain, elle le fonde et le constitue. Cependant, l’homme, comme le végétal et l’animal, participe de la Nature. La Nature ne connaît pas le concept de morale. Le bien et le mal n’existent pas dans la Nature. L’écosystème global dont l’homme fait partie fonctionne de façon à perpétuer la vie du système dans son ensemble, sans états d’âme: meurtres, carnages, massacres sont le lot de chaque instant. Quand il défend sa vie, protège sa famille, son territoire, quand il cherche même à étendre son champ d’action, l’homme s’inscrit dans les modes universels de fonctionnement de la Nature. Si arbres et plantes de nos jardins pouvaient gémir ou hurler, nous n’irions plus souvent y chercher le calme et la paix !…
Mais les choses n’en sont pas restées là. L’homme a pu développer cette arme redoutable, son cerveau, pour compenser ses inaptitudes physiques, et cela pour le meilleur et pour le pire. L'ange et la bête ... En cela, il s’est donné les moyens « d’échapper » , peut-être d’une manière illusoire, aux lois de la Nature. « L’enfant sauvage », coincé dans un no man’s land entre  nature et culture, inapte aux deux, est une aberration: la « nature » humaine, par le fait même qu’elle est aussi conscience, imagination, raison, puissance subliminale, force de l’inconscient, émotivité, s’inscrit dès la naissance dans le fait culturel. L’homme est un hybride et au moyen de cette part culturelle issue de l’expérience, il a tenté de maîtriser sa nature primitive, d’orienter son destin, d’accélérer ou de dévier les processus du vivant et de la matière. C’est cette puissance de la Raison associée à la force de son Imaginaire qui le fait s’envoler dans l’espace, inventer le vaccin, assister le plus faible mais aussi tuer pour le plaisir, torturer avec raffinement, rechercher sans cesse le pouvoir et le profit, se donner des rêves inaccessibles, justifier les moyens par la Fin (on tue au nom d’une idée ou de Dieu), pervertir le désir, jouir de la puissance et du pouvoir, affamer une partie du monde pour satisfaire ses besoins souvent futiles, etc….
Certains diront peut-être que cela procède de la loi de la sélection naturelle. Mais il me semble que l’homme va bien au delà de ce qui est nécessaire à sa survie, au risque de détruire son propre environnement,  en  magnifiant ses actes au moyen de tout un arsenal idéologique ou fantasmatique qui donne bonne conscience. L’animal ne triche pas avec lui-même, l’homme a cette faculté de s’aveugler lui-même, attitude si souvent dénoncée par les anciens Grecs…
Etre polymorphe, armé des prothèses de la technologie, outillé d’un cerveau qui permet tout, qui conçoit tout même l’inconcevable, qui justifie tout, l’homme semble aller bien au delà de ce qu’exige la nature… Il fut un temps où le chasseur primitif s’excusait auprès de la dépouille de l’animal qu’il avait tué pour ses besoins alimentaires… Aujourd’hui, l’on peut constater que l’espèce humaine est la seule dont les membres s’entretuent allégrement. Un cas d’espèce, si l’on peut dire... :) Et paradoxalement, c’est en cherchant à domestiquer, ordonner, maîtriser le monde que l’homme accélère le dérèglement de son propre habitat.
Espérons que les forces de régulation (prise de conscience, contribution solidaire, lois internationales, humanisme, répartition des ressources, etc…) sauront compenser l’accélération de l’entropie et du chaos.


jeudi 21 juillet 2011

La violence.





Je crois que la violence est en nous, elle peut s'exprimer de différentes façons. Bien orientée, canalisée, elle est force vitale, énergie. Je pencherai plutôt pour l'idée qu'il y a chez l'homme une énergie qui l'aide à se construire et qui peut tout aussi bien se retourner contre lui ou contre les membres de sa propre espèce.

Négative, désapprouvée par la morale (qui n'existe pas chez l'animal), agressive et retournée contre autrui, elle devient violence réprouvée.
Positive, force de vie et de motivation, énergie contrôlée, elle devient le vecteur nécessaire à toute nos actions, nos projets, notre capacité à anticiper et à aller jusqu'au bout de nos ambitions ou de nos désirs...
Cette énergie ambivalente est inhérente à l'homme. Ce qu'on peut peut-être accorder de plus à l'homme
, et que l'animal n'a pas, c'est le plaisir sadique à faire le mal pour le mal, gratuitement, pour le plaisir de la violence pure comme dans ce film de Hannecke dont j'ai oublié le titre... Ce que nous avons de plus aussi, c'est cette capacité à planifier, à projeter, et donc à mettre la violence au service de cette planification volontaire (comme la planification du génocide juif par les nazis)... Chez l'homme, on dirait qu'il y a un couple étrange qui se forme entre amoralité et violence comme entre morale et violence (si l'on pense que Dieu est de notre côté bien sûr...).

Il est difficile d'imaginer un monde sans violence, ce serait un monde déshumanisé car être humain c'est être capable de tout cela justement... Un monde comme le décrit en effet Ira Levin dans "Un bonheur insoutenable". On peut simplement espérer que la loi puisse canaliser, réglementer, les flux d'agressivité inhérents à l'espèce humaine. Ou alors il nous faudrait devenir des animaux, des robots ou des êtres décervelés...

René Girard a aussi beaucoup écrit sur "La violence et le sacré" et leur nécessaire complémentarité, le sacrifice et le rôle du bouc émissaire...
Nous traînons des vieille casseroles depuis Descartes fondées sur le dualisme et dont nous avons bien du mal à nous débarrasser: les couples culture/nature, homme/animal, bien/mal, etc... Nous faisons partie de la nature tout en étant des êtres de culture ce qui nous met au coeur de la violence (naturelle) et nous permet aussi de la limiter, la réguler, la symboliser, la mettre en scène, la projeter (art, cinéma, sport, etc.. qui sont des substituts).
J'ai eu plusieurs chats et tout ce que je peux dire c'est que chacun avait (sans faire d'anthropocentrisme) leur façon bien particulière d'exprimer leur angoisse, leur peur, leur plaisir, leur empathie, chacun était apte à développer des techniques leur facilitant la vie et de manifester, s'il le fallait
, colère et violence... La limite est plus mince qu'on ne le croit entre l'homme et l'animal mais une des grandes différences me semble-t-il est cette idée de morale que l'homme peut utiliser positivement ou négativement pour justifier les actes les plus vils... La morale a toujours bon dos. Notre inconscient a des ruses qui peut nous faire "prendre des vessies pour des lanternes", l'auto-justification...



Il me semble aus
si que la notion de violence, son ressenti, ont bien évolué au cours des siècles et diffèrent bien sûr selon les cultures. On ne ressentait pas le même acte comme étant violent dans l'Antiquité, au Moyen Age ou au 21ème siècle...
Il y a un parallèle certain entre notre rapport à la nature et notre rapport à la violence. Il semblerait que l'homme primitif, entièrement intégré dans son milieu naturel, fonctionnait sur le mode de la réactivité, un peu comme l'animal, et sur un mode très symbolique qui permettait d'encadrer, de gérer, de mettre en forme ritualisée la violence pour mieux l'expurger. Les formes d'exhutoire fonctionnaient, l'espace vital ne posait pas de problème. De même, le clan nomade savaient régler à l'interne les rivalités.
Mais avec le développement de la ville, du commerce, de la propriété privée, et surtout depuis le 15ème/16ème siècles, la violence est au coeur de l'activité humaine (grandes découvertes et conversions de force, colonisation, guerres de conquête)...
Une des plus grande violence fut bien celle qui fut faite à tous les déviants, surtout depuis l'époque de la Raison chère à Descartes, l'époque de l'absolutisme cher à nos rois des 16è et 17è, l'époque de la Contre-réforme mise en place par l'église catholique pour faire face aux hérétiques et protestants, l'époque de la grande utopie nationaliste unitaire et uniformisatrice. Violence dès lors faite aux "fous", aux pauvres, aux marginaux, aux jeunes, aux défenseurs des cultures populaires et régionales, aux "sorcières", aux résistants politiques, tous enchaînés, embastillés, engalérés (j'invente le terme...), roués, brûlés, pendus, écartelés...
L'époque du grand renfermement, des Hospices et Hôpitaux sordides, puis des centres psychiatriques dès le 19è où se retrouveront les femmes dites hystériques, les empêcheurs de tourner en rond, les dissidents de tout poil, les hors normes, les inclassables,...

Aujourd'hui, plus besoin de lieux d'enfermement sauf les prisons pour les crimes et délits... La violence est toujours aussi présente, les déviants et marginaux toujours aussi présents mais cette violence s'exerce en douceur, diffuse, insidieuse, éclatée en mille facettes (pub, télé, jeux d'argent, modes, etc.. ) regroupées dans ce qu'on appelle
la culture de masse  qui finalement récupère tout, nivèle tout au point de faire croire à chacun qu'il est libre (rebelle ?) dans un monde libre, un monde en fait complètement formaté, dirigé, régulé pour étouffer dans l'oeuf les envies de rebellion, détourner notre attention des vrais problèmes... Seul l'homme a été capable de générer des villes, des mégalopoles assorties de banlieues sordides où la violence s'exaspère chaque jour toujours un peu plus, de créer in fine les causes de sa propre destruction… Seul l’homme est capable de s’émerveiller et de verser une larme devant les mariages fastueux de tels ou telles princes ou princesses après avoir regardé un reportage sur un peuple somalien affamé … Besoin de compenser par une identification aux étoiles du Bottin mondain ? Rêves de devenir célèbres en peu de temps ? Le miroir aux alouettes … La pire forme de violence que ceux qui contrôlent imposent consciemment à ceux qui sont contrôlés inconsciemment ...N'est-elle pas là la violence la plus redoutable ? Donner l'illusion à chacun qu'il est maître de lui-même dans un monde qui lui échappe de plus en plus..

Notre époque est aussi particulièrement marquée, surtout dans les pays occidentaux, par la judiciarisation à outrance. Tout devient violent et tout devient matière à procédure. Dès qu'on touche à ma liberté, mon intégrité, voire mon espace vital, on le ressent comme une atteinte, une violence qui nous est faite...
Comme si le développement extrême de
l'individualisme faisait de chacun d'entre nous un être intouchable et sacré qui perçoit donc la moindre atteinte physique ou verbale comme acte de violence. Il suffit de voir comment cela se passe dans  une cour d’école...

Comme nous l'avons dit, l'homme a cette merveilleuse capacité à s'aveugler lui-même et à justifier au nom de la morale les pires excès: le 20ème siècle en fut un bel exemple. Et la violence ne s'est jamais autant déchainée qu'entre frères ennemis pendant les guerres bosniaques où l'on a atteint l'innommable. Mais pas besoin d'aller si loin, il suffit d'observer les conflits de voisinage entre voisins, ou les rapports entre automobilistes...
 Mais la violence n'est pas seulement physique ou verbale, elle peut être culturelle, à l'échelle de tout un peuple. Quoi de plus violent aussi que d'arracher un peuple ( qui vit pauvre mais digne) à sa propre culture pour lui proposer, au nom du sacro-saint progrès, de vivre presqu’aussi pauvre mais indigne dans les bidonvilles des grandes cités !

Nous n'avons certainement pas encore tout vu. L'hégémonie mondiale du capitalisme qui en général ne s'encombre pas de problèmes éthiques est la pire violence faite aux hommes ET à la Terre. Il serait impossible de nommer ici toutes les exactions commises au nom de la libre concurrence, de la croissance, de la satisfaction des nantis: enfants quasi esclaves des mines colombiennes, des ateliers chinois, indiens, etc... Je ne citerai que, pour faire court, le marché des enfants adoptés, le marché des organes, les enfants soldats, etc... Et les millions de damnés de la terre, j’en ai vu à Pékin dormant dans les gravats avant de reprendre le travail, qui doivent se demander à quoi doit bien ressembler un enfer qu'on promet plus terrible encore.... Tout cela au vu et au su de toute la planète qui regarde les JT tous les jours entre le hors d'oeuvre et le dessert, moi compris... Que faire ?
On peut toujours se la jouer zen dans son coin ou militer pour une cause altermondialiste, on a tellement l'impression que l'essentiel nous échappe, que plus rien n'est sous contrôle
, notre contrôle, même le contrôle des états...

Mon optimisme récurrent me porte malheureusement à penser que, à moins d'une inversion "miraculeuse" du processus, les générations à venir ont du souci à se faire. Plus d'hommes qui en veulent toujours plus sur des espaces réduits qui en fourniront toujours moins, voilà de quoi alimenter et exacerber la violence qui existe déjà en l'homme à l'état naturel...

Où est passé le bon temps de de nos arrière grands-pères où les pauvres, les colonisés, les sous-développés, les parias savaient rester à leur place ?... Mais dans quel monde vit-on ? :)

Emportés par la foule ...






Emportés par la foule qui nous traîne
Nous entraîne
Écrasés l'un contre l'autre….
On a tous plus ou moins en tête cet air entêtant qui, sous ses aspects dramatico-romanesques, exprime assez bien les effets paradoxaux que le nombre peut avoir sur l'individu.
Je me souviens d'expériences négatives, tout à fait banales en soi, au cours desquelles l'on se sent isolé, perdu, au milieu d'une foule qui ne nous voit pas, nous ignore… Ce que l'on ressent alors, d'autres au sein de la même foule le ressentent certainement aussi fortement. Chacun se vit alors comme une partie anonyme d'un grand tout qui n'a que faire de chacune de ses parties. Ce que nous vivons alors, et qui est plus ou moins ressenti selon les individus, est ce qu'on pourrait appeler l'indifférenciation. Tout le monde sur le même plan, dans le même anonymat… Le cas extrême étant les cohortes fatiguées et un peu comme hypnotisées des utilisateurs quotidiens du métro. Nous sommes innombrables et au même instant immensément seuls, isolés dans notre espace vital réduit à sa plus simple expression, le coude à coude…
L'indifférenciation, l'horreur pour tout individu toujours plus ou moins narcissique !… Ce que nous appelons notre ego en prend un sacré coup et cela peut se traduire par des attitudes affectées, indifférentes mais qui recèlent un profond malaise plus ou moins conscient. Car l'ego ne peut se satisfaire de telles situations… L'image de l'autre nous renvoie notre propre image dévaluée à nos yeux. C'est la temps de l'isolement, du ressentiment, de la récrimination...
Je me souviens aussi d'expériences positives, au sein d'une foule où, bien loin de me sentir mal à l'aise, je me sentais en phase, lors d'une manifestation ou d'un concert, par exemple… Nous sommes pourtant dans le même anonymat, la même indifférenciation mais plane au-dessus de chaque tête un lien collectif qui rassemble. On se sent en phase… On agit dans le même sens, on est là pour le même but, on partage les mêmes valeurs. Indifférenciation peut-être mais chacun se reconnaît dans l'autre et s'inter-valorise d'une certaine façon en se renvoyant une image positive puisque c'est aussi la sienne. L'ego de chacun est alors satisfait et le tout peut former un immense ego collectif auto-satisfait. C'est le temps de la communion, du partage, du sacrifice…
Mais cette même « communion » dans un ego collectif, que l'on peut constater au niveau d'un peuple, d'un état, d'une religion, peut aussi avoir des objectifs moins innocents que de s'asseoir dans l'herbe devant un groupe de musiciens qui s'éclate… Les buts peuvent être aussi la violence, le fanatisme, la guerre, la domination… Le nombre communie alors dans la même ferveur, animé par ce qu'on appelle l'égo qui fait penser qu'on ne peut avoir tort ou qu'on ne peut qu'être des victimes en droit de se venger…
Domination ou victimisation à l'échelle d'un groupe sont les deux faces de la même médaille: une surévaluation de son « moi » collectif érigé par un mental qui oublie tout simplement d'être en soi…
Ce qui ne veut pas dire qu'il ne faut pas réagir, se défendre, lutter mais en essayant d'avoir une conscience plus éclairée de ses actes, en essayant de ne pas tomber dans les pièges de la surévaluation de soi au point de devoir s'inventer ses propres justifications… N'est-ce pas Mr Bush ?
Nous savons tous comment une foule peut se comporter comme aucun de ses composants pris séparément ne se comporterait. Une foule peut s'exalter, perdre le contrôle, comme une sorte d'entité monstrueuse animée d'une énergie propre…. Et se retourner contre une minorité désignée coupable parce que différente. A plus grande échelle, une nation peut se comporter d'une manière qui serait jugée quasi psychotique chez un individu.
J'y reviendrai plus tard mais citons simplement René Girard et ses recherches sur le thème du bouc émissaire (« La violence et la sacré », « Le bouc émissaire »). Il explique que l'ordre social est fondé sur la différence, à chacun sa place, sa fonction. Le désir mimétique (vouloir avoir ce que l'autre possède, pas forcément des biens matériels, faute de pouvoir être lui) met à mal cet ordre social : lorsqu'un certain seuil d'indifférenciation est atteint, il conduit à la violence et menace de détruire la société. Pour René Girard, la société moderne vit une crise d'indifférenciation généralisée : fin de la différence entre les peuples, les classes, les rôles, les sexes... Le bouc émissaire (l'étranger, l'immigré…) servira à canaliser le désir mimétique et la violence qu'il entraîne. Il va permettre de transformer cette violence interne en une violence de « tous contre un » fondatrice d'une nouvelle paix sociale. Le sacrifice du bouc émissaire va arrêter la crise, temporairement….
Jadis, devant la peste noire, l'indifférenciation régnait en maître. Tout le monde était égal devant la mort. Les juifs en payèrent le prix… Quand les « classes moyennes » de la fin du Moyen Age voulurent se singulariser, se différencier de la masse populaire, on commença à dénoncer les « sorçières »…
Idem dans la grande crise qui précède la montée du nazisme en Allemagne….
Dans un internat, l'indifférenciation est totale. Qui a été interne connaît très bien le processus du bouc émissaire… Idem dans les cours de nos écoles, où les identités encore floues se cherchent, se construisent au détriment des minoritaires différents de la masse, ayant souvent des caractères extrêmes, le plus faible ou le plus fort, le plus laid ou le plus beau, le plus gros ou le plus maigre, le plus pauvre ou le plus riche, etc...
Identification à un groupe (nation, parti, secte, supporters, etc…), perte ou exaltation du moi dans l'élan collectif, chacun cherche ses stratégies. Tout ce qu'on peut dire c'est qu'à partir du moment où l'on ne se constitue, au sein d'un groupe ou non, que par opposition à autrui, à un autre groupe, on risque l'impasse….
Emportés par la foule qui nous traîne
Nous entraîne
Écrasés l'un contre l'autre….