... et aussi le simple plaisir d'écrire.

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Un peintre qui crée essentiellement une peinture figurative qu'on peut appeler fantastique, onirique, surréaliste,... Comme on veut... Bien que je ne sois pas insensible à toute forme d'art pourvu qu'elle me paraisse sincère et qu'elle provoque quelque chose en moi... Depuis toujours, je tente de peindre l'individu et la multitude, la matière brute et la lumière intérieure, l'arbre de vie, la femme et les racines, l'enfant et le devenir, la foule errante en quête de valeurs à retrouver, les voies parallèles, les mystères des origines et de la fin dernière... Les “SEUILS”, les félures, les passages qui font de nous d’ éternels errants insatisfaits entre mondes réels et rêvés , entre soi et autrui, entre Vie et Mort, entre bonheur et malheur... Un acte de peindre, nécessaire, à l'origine de rencontres furtives mais intenses, et qui fait naître, quelquefois, au bout d'un pinceau fragile, une parcelle de soi... ...ou tout simplement le plaisir et la douleur de créer...
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mardi 26 juillet 2011

Utopies.


Dans le langage courant actuel, " utopique " veut dire impossible ; une utopie est une chimère, une construction purement imaginaire dont la réalisation est, a priori, hors de notre portée. L'Utopie de l'Unité est donc impossible car la particularité fait partie de la vie. C'est justement ce qui en fait une utopie. Ce qui ne veut pas dire qu'on ne peut pas tendre vers..., essayer de dépasser les contraires tout en les acceptant. L'utopie est donc, à mon avis, essentielle, c'est la capacité pour l'homme de se projeter autrement dans un ailleurs. elle est un espoir si elle reste ouverte, active, en évolution. C'est un peu comme un moule de la pensée qui nous permettrait de concevoir, de progresser... Un canevas, une grille de lecture pour l'avenir.

Une des utopies les plus anciennes est celle du retour à
l'âge d'or, le paradis perdu... Toute l'antiquité a fonctionné sur ce mode, le rêve de l'unité perdue... Les Anciens, en effet, avaient projeté leur cité idéale dans un passé mythique où l'humanité était près des dieux et de la nature. Leurs utopies recoupaient ainsi le mythe de l'âge d'or tout en y incluant les problèmes posés par la formation des sociétés humaines: la "cité idéale" de Platon essaie ainsi de faire le grand écart entre le temps mythique et la nécessité d'organiser, d'ordonner la division par la loi. Mais les temps bénis où les " alliances " naturelles suffisaient à imposer la sagesse et la justice sont bien finis. Unité, perfection à tout jamais disparue... Pas tout à fait quand même: il suffisait d'attendre que le temps recommence, l'éternel retour... Une marche en avant en regardant toujours vers l'arrière, vers le bonheur originel. Le progrès, chez les Anciens, n'a pas de sens, il est dans le retour aux origines.

La rupture s'est faite avec le
Christianisme. Le temps devient linéaire, orienté vers une fin. Le péché originel a introduit la division, en un mot le foutoir !...
La fuite du temps n'est plus néfaste, il faut au contraire aller de l'avant dans l'attente de la fin heureuse, le retour du Christ. En un sens, le Christ est aussi une réponse à la division introduite par Adam, le grain de sable dans
la belle mécanique céleste et terrestre....

Dans le Christianisme, il y a aussi un paradis perdu mais, en échange, il y a la marche eschatologique vers la Jerusalem céleste... Et maintenant encore, nous sommes profondément marqués par cette culture du progrès linéaire. Beaucoup ont tenté d'instaurer une Jerusalem utopique et terrestre, une cité idéale dont le rêve s'est terminé dans le sang et les massacres, telles les grandes utopies du 20 ème siècle. Alors que curieusement, Thomas More, l'inventeur de l'Utopie au 16ème avait pris en compte la division en essayant d'inventer un possible, une société idéale mais humaine, avec ses forces et ses faiblesses, ses contradictions.
En cela, il fondait l'espoir, en toute connaissance de cause, en la perfectibilité de l'homme, notion qui triomphera au siècle des Lumières...

Là où ça va déraper, c'est quand on confondra perfectibilité avec perfection, mirage des systèmes totalitaires de tout bord qui refusent la division et qui, au lieu de transcender les contraires, les figent dans une unité artificielle et contraignante. Les rêves d'égalité sociale ont parcouru l'Histoire depuis l'antiquité. Les penseurs socialistes du 19 ème siècle ont dû se retourner dans leur tombe en constatant comment leurs idées furent perverties par leur mise en application...

Aujourd'hui, avec la prise de conscience chez certains des risques que l'homme fait encourir à son propre environnement, on voit apparaître aussi les nostalgiques de l'âge d'or, qui voudraient figer le monde dans sa course et si possible, revenir en arrière. A l'opposé, les tenants du progrès comme solution ultime à tous les problèmes, rêvent de hâter la création de la société idéale fondée sur la toute puissance de l'homme... La vérité est peut-être entre les deux, sur le fil du rasoir...



Le danger réside ainsi dans 2 types de dérives utopistes:

*lorsque l'homme veut la
figer et la faire rentrer dans le carcan d'une réalité qu'on croit parfaite. Comme les dérives du communisme soviétique.

*lorsque l'homme veut retrouver et
recréer artificiellement les utopies anciennes.
Les conquistadors cherchaient l'âge d'or dans les civilisations précolombiennes, l'Eldorado... Nos concepteurs de vacances modernes nous ont même recréé des "paradis perdus" (club med) qui recréent les joies de la vie primitive: pas de contraintes, pas de travail, nourriture à gogo, nature généreuse et bienveillante, liberté, besoins satisfaits immédiatement, stages artisanaux ou new age !, ... De vrais petites enclaves utopiques artificielles... qui se payent cher, isolées (et protégées) au milieu de la misère locale.


Ici, un extrait d'une
enquête de Catherine Bertho Lavenir (journaliste, professeur et paléographe) sur le club Med à ses débuts sera plus parlant:

"Le Club Méditerranée, dans les premières années de son fonctionnement, s'est ouvertement inspiré d'un coin de nature idyllique, à l'écart de la " civilisation " européenne, à savoir l'archipel polynésien. Les chants et les danses du Pacifique, le collier de fleurs passé au cou des nouveaux arrivants, le paréo - que les boutiques du Club vendent -, voire les paillotes qui forment longtemps l'architecture des villages, sont autant de références à une Polynésie de rêve, où règnent le soleil et la mer, où les relations humaines sont harmonieuses, les inhibitions sociales et sexuelles levées. Le règne de l'âge d'or est artificiellement restauré dans son intégralité par les promoteurs du Club, puisque les échanges commerciaux y sont interdits - l'argent est remplacé par les boules d'un collier -, la hiérarchie sociale et professionnelle, niée - le tutoiement est de rigueur -, et l'exotisme présenté sous une forme aseptisée - les résidents sortant de leurs enclaves préservées pour visiter en groupe des lieux soigneusement choisis (de préférence des marchés colorés). Ainsi a été mise au point une technique rentable de transformation du temps du loisir et de l'espace vierge des horizons lointains en marchandise, une technique qui a évolué avec le temps, avec des résultats de plus en plus éclatants".

Un bel exemple de la récupération par le capitalisme d'un des plus vieux mythes de l'humanité et qui mise sur les besoins de l'homme moderne d'un retour à la nature. De l'Utopie clé en main... Mais qu'est-ce qui n'est pas récupéré d'une façon ou d'une autre à notre époque ?...
Mais gardons espoir !...

mardi 12 juillet 2011

Passé, présent, futur ...










Nous avons tous un passé,  nous ne vivons en fait réellement que l'instant présent puisque, par définition, le futur est encore à venir. Mais curieusement, facétie du Temps, notre présent se nourrit perpétuellement de notre passé, même si nous en sommes inconscients, et s'alimente constamment des projections que nous bâtissons dans notre avenir. Le présent, un infintiésimal instant, insaisissable, en sans cesse devenir, du passé actualisé et du futur actualisable à l'infini ... Pas facile de faire avec toutes ces données. Pas étonnant aussi  que le sablier, avec son passé au rez de chaussée et son infime goulot d'étranglement comme point de rencontre, soit le symbole privilégié du Temps qui s'écoule.A l'étage: le futur ? En perpétuelle décroissance, insaisissable, jusqu'à l'épuisement final ... Quand le sablier est rempli, il ne reste que le témoignage d'un Temps pétrifié à jamais, une vie éteinte ... Ah, s'il suffisait de le retourner pour que la vie reprenne comme une deuxième naissance ... Magique, non ? Mais épuisant. Imaginez la vie éternelle, éternellement recommencée ... Mais je m'égare ... Revenons au présent ... et à nos moutons si utiles pour compter le temps des nuits d'insomnie.
L'Homme semble avoir une propension à toujours vouloir aller plus vite et à se projeter, par le mental, constamment dans le futur alors que son corps occupe encore le présent. En effet, on dit souvent que "l'espoir fait vivre" et c'est notre capacité à anticiper, à nous projeter dans l'avenir qui nous motive et nous fait avancer, progresser. Mais cette faculté d'anticipation a son revers. Si elle devient trop envahissante, nous ne faisons alors que vivre par anticipation dans le futur, le présent nous laissant toujours insatisfaits. "Le bonheur est alors toujours pour demain"
Pascal a dit, en substance, que l'homme est ainsi fait qu'il se condamne non pas à "vivre mais à espérer vivre". Il vit essentiellement dans le passé, la nostalgie, les souvenirs, la mémoire (cette faculté est même si insidieuse qu'elle peut amener le souvenir traumatisant à agir sur nous, même refoulé dans notre inconscient, à notre insu...).
Il vit aussi essentiellement dans l'avenir. Essayons de temps en temps de prendre conscience, d'avoir du recul par rapport à nos pensées de l'instant présent et nous verrons qu'elles sont souvent occupées par le passé ou le futur, surtout lorsque l'action est répétitive (manger, conduire, actes répétitifs du travail...). Même si nous nous laissons aller à la "rêverie", très vite elle s'oriente vers le passé ou l'avenir.
C'est donc cette difficulté à vivre le présent pleinement qui peut nous rendre malheureux et éternellement insatisfaits...
surtout si nos projections vers l'avenir se sont montrées trop ambitieuses ou deviennent de véritables fixations de l'esprit sur un but improbable. Cela est si vrai qu'on met souvent en exergue la fameuse maxime, le "carpe diem", profite du temps présent, qui met en évidence l'extrême difficulté de l'homme à se défaire des oripeaux du passé et à s'affranchir des mirages de l'avenir.
Toutes les techniques de méditation, les pratiques bouddhistes consistent à se libérer du désir... Le désir, une projection attractive vers la satisfaction à venir, à la fois moteur de la vie et responsable de nos désillusions quotidiennes... On peut se demander alors si le sage ultime sera celui qui, une fois débarrassé du poids du passé et des illusions de l'avenir, saura s'affranchir du présent et devenir une pure entité ne vivant et ne ressentant plus rien... Bel avenir ! :=)
Il vaut peut-être mieux souffrir de temps en temps, garder mais gérer nos désirs, connaître les échecs et les déceptions pour mieux apprécier les moments positifs. Nous sommes ainsi faits, tout sauf des êtres linéaires et statiques.
Carpe Diem. Daniel




Un additif en rapport avec la Musique et ses interférences avec notre passé, présent et futur (mais on pourrait l'appliquer à bien des formes d'art différentes).
j'ai l'impression que la musique touche l'"âme" directement, va immédiatement au coeur du sentiment, du non formulé enfoui en nous ou encore à naître et pour le libérer d'une manière quasi instinctive.

*Par association à un évènement vécu (la musique et la mémoire, la musique et la nostalgie (une mine d'or pour les producteurs de maison de disque et d'émissions de variété...). On est plus ici dans le passé ressuscité.
Rien de plus terrible que d'assister à un enterrement où l'on passe des morceaux que la personne décédée aimait, surtout si on les a partagés avec elle...

*Par association à un désir inassouvi, un rêve non formulé (une musique aux accents lyriques peut se greffer sur des schémas inconscients de rêve de grandeur ou de désir de plénitude, d'accomplissement). On est plus ici dans un futur fantasmatique.

*Par association directe avec mon état d'esprit du moment. A certains moments, on appréciera une musique qu'on ne pourra pas écouter dans d'autres conditions. On est ici dans le présent, l'immédiateté, la correspondance.

Bien sûr, tout peut se mélanger et s'interpénêtrer. Sans compter notre besoin d'identification à tel ou tel artiste, à la charge émotionnelle de telle ou telle oeuvre. La musique nous représente, nos goûts musicaux (comme tous nos choix culturels d'ailleurs) sont les porte-étendards de notre personnalité, de notre Moi affirmé ainsi par un vecteur indirect. Pensez à toutes les conversations de salon ou de bistrot qui tournent autour des préférences de chacun...

La musique peut apporter un bonheur indicible, peut faire souffrir, peut calmer et rassurer, peut énerver, peut galvaniser (les meneurs d'hommes le savent bien) ... ou nous faire bailler et mourir d'ennui... :)

Quant au concert, à la musique en Live, c'est encore une autre affaire. Rien de comparable. L'instant présent est à tel point sublimé qu'on en oublie le temps... C'est peut-être cela l'indice le plus fiable de l'intérêt que l'on porte aux choses et aux gens: l'oubli du présent, le temps suspendu.