... et aussi le simple plaisir d'écrire.

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Un peintre qui crée essentiellement une peinture figurative qu'on peut appeler fantastique, onirique, surréaliste,... Comme on veut... Bien que je ne sois pas insensible à toute forme d'art pourvu qu'elle me paraisse sincère et qu'elle provoque quelque chose en moi... Depuis toujours, je tente de peindre l'individu et la multitude, la matière brute et la lumière intérieure, l'arbre de vie, la femme et les racines, l'enfant et le devenir, la foule errante en quête de valeurs à retrouver, les voies parallèles, les mystères des origines et de la fin dernière... Les “SEUILS”, les félures, les passages qui font de nous d’ éternels errants insatisfaits entre mondes réels et rêvés , entre soi et autrui, entre Vie et Mort, entre bonheur et malheur... Un acte de peindre, nécessaire, à l'origine de rencontres furtives mais intenses, et qui fait naître, quelquefois, au bout d'un pinceau fragile, une parcelle de soi... ...ou tout simplement le plaisir et la douleur de créer...
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mardi 19 novembre 2013

Le mythe identitaire. Episode 10. Réflexions personnelles, suite et conclusion.



 Toile de David Bowers
 
On va continuer dans la bonne humeur…
L'espérance semble s'épuiser dans un monde qui ne semble plus porteur de sens. Les questions existentielles refont donc surface plus que jamais: qui suis-je ? Quel sens donner à tout cela ?
Sur quel modèle construire une vie sans lien social évident, sans identité affirmée ?
Certains serrent alors les rangs autour d'idées simples et rassurantes, l'identité nationale par exemple, perçue comme un ordre naturel, éternel, enraciné, comme si elle avait toujours existé. Alors que nous venons de voir sa lente et laborieuse élaboration et sa complexité. Les nations, à la fois avides et malades de l'Europe, tendent vers le réflexe traditionnel des crises identitaires : crispation autour de l'idée de souveraineté nationale et nostalgie du paradis perdu. Ou plus encore, repli sur l'identité régionale ou le groupe communautaire. Idée simple et rassurante qui fera le terreau privilégié, le fondement de tous les partis ou groupuscules nationalistes. Perversion insidieuse où l'on voit la conscience nationale, forme élevée de la conscience collective, (même si l'accouchement se fit dans la douleur) s'incarner dans les expressions les plus outrancières et les plus sordides du nationalisme... Il y a bien un danger, faute de pouvoir construire sa propre identité, de se forger une identité négative, adopter un contre-modèle comme les jeunes néo nazis (mieux vaut être haïs et reconnus que ne pas exister).
Risque aussi de fuir la réalité dans les paradis artificiels ou de rejoindre la secte ou les intégrismes de tout bord, c'est-à-dire un groupe, une communauté pour chasser l'angoisse, se reconnaître dans l'autre et se rassurer au risque de succomber à la manipulation mentale.
Comment ne pas voir en effet que des réflexes communautaires se manifestent !
Les groupes de jeunes se reforment autour de modèles culturels (culture rap, techno, gothique, etc…), développant des comportements réflexes, refusant les auto-contraintes. S'individualisant en se regroupant par affinités identitaires.
Et paradoxe des paradoxes: l'individualiste par excellence, le toxicomane, entièrement replié sur lui-même et son produit, retrouve des pratiques communautaires, une vie de groupes, sécurisante, centrée uniquement sur la recherche du produit. Ainsi l'individualisme exacerbé a-t-il un point de rupture, de non retour, la solitude et la désespérance, qui peut conduire à des replis communautaires sous forme d'impasse.
On a donc l'impression, d'une manière générale, que le rituel social collectif, le ciment national, même s'il n'est qu'un mythe, a perdu ses vertus rassurantes, tranquillisantes. La confiance en un destin collectif guidé par des valeurs claires et reconnues de tous semble être battue en brèche. Vous pourriez me dire que les valeurs claires et affirmées qui ont mené la population d'avant 14 à la boucherie que l'on connaît, on s'en serait bien passées... Et c'est exact. Toute mythification exacerbée de valeurs collectives ne peut être que néfaste, autant qu'un individualisme forcené...
L'individu d'aujourd'hui justement devient peut-être plus performant d'un point de vue technologique mais s'isole de plus en plus au sein d'un monde où le sens semble absent. La réussite personnelle se fait bien souvent au détriment du lien social. Les rites collectifs se sont affadis, même s'il nous reste toujours les grandes messes sportives ou les jeux télévisés ! Le sentiment national n'a-t-il pas été aussi fortement ressenti qu'en 1998 lors de la victoire des Bleus ?….
Un monde qui tourne peu à peu au rythme de la roue de la fortune, des rêves dorés, … et des frustrations profondes. Un monde dont l'Art moderne s'est fait l'écho, en le cassant, en le fragmentant, en le déstructurant pour y chercher vainement l'âme des choses et le réduire au vide et au néant…
Autrefois, le paysan était lié au groupe par des liens très forts. Aujourd'hui, c'est dans les campagnes que le taux de suicide est le plus élevé… Notre paysan du moyen Age affrontait tous les jours la maladie et la mort mais ne se suicidait pas…
Il semblerait donc, qu'au cours des siècles, aidé certainement par la science et la chute des dogmes, l'individu se soit perçu de plus en plus comme unique, dominant un monde analysé, compris, asservi. Certes, il s'est libéré des traditions souvent pesantes, des soumissions dogmatiques, de ses peurs et superstitions mais peut-être finalement pour se replier d'abord sur la cellule familiale puis se retrouver seul face à lui-même, au siècle de Sartre et de Camus…
Ainsi, paradoxalement, c'est le contraire de ce qui était attendu qui s'est manifesté: atomisation de la société, individualisme croissant, diversification de la palette des individualités, et, quelquefois, l'angoisse au bout du chemin…
Et une nouvelle donne dont on ne peut encore mesurer les effets: les communautés qui se reforment dans la galaxie Internet….
Et pourtant chaque individu isolé semble se fondre dans une identité collective floue, contre laquelle certains se rebellent vainement, créée par le conditionnement médiatique, la culture de masse, la mode, la publicité, le politiquement correct, une sorte de nivellement général insidieux dont il n'est pas toujours facile de sortir…. Une fausse identité collective qui relève plus de la propagande sournoise et du bourrage de crâne pernicieux. La culture des élites semblerait, en voulant anéantir la culture populaire, avoir accouché finalement d'une culture de masse à l'élan irrésistible... La culture de masse, inhérente à notre société actuelle, est donc un mouvement vers des connaissances artistiques, culturelles, vers un système d'éducation, un mode de vie sociale et de pensée, un style de comportement, des actes de consommation, des codes de reconnaissance sociale. Ce mouvement induit une uniformisation de la perception de la réalité. L'impression paradoxale d'être tous des individus libres et différents au sein d'un modèle unique de société, la société libérale de consommation.
Le développement et la démocratisation de la technologie aidant, il semblerait bien que les valeurs bourgeoises se soient popularisées et non le contraire ! Louis XIV doit se retourner dans sa tombe… Le danger est que la culture de masse donne l'illusion du choix, qu'elle automatise la consommation et l'identification, que le consommateur est réduit à l'état d'objet et qu'elle substitue le conformisme à l'autonomie. Ne sommes nous pas tiraillés constamment entre nos désirs de libertés et d'autonomie et tout ce qui nous conditionne subtilement au point de nous donner l'illusion d'être libres ?
N'y a-t-il pas d'autres valeurs à placer au-dessus de nos différences ? Ne faut-il pas réaffirmer sans cesse que toute société, surtout laïque, est un creuset, un organisme vivant, complexe et évolutif où chacun s'efforce de se connaître d'abord et de reconnaître en l'autre cette part justement qui fait qu'il est autre ? A condition d'aller chercher au-delà des différences ce qui nous réunit, de placer au-dessus de ces différences les valeurs républicaines et laïques en ce qui nous concerne. C'est là peut-être que peut se poser le problème des musulmans pratiquants et appliquant la charia dans un état qui a déjà ses propres lois démocratiques...
Ne faut-il pas aussi relativiser ? Ce que nous vivons, rapporté à l'échelle du devenir historique, n'est qu'un épiphénomène, un hoquet de l'Histoire, une poussière dans le temps cosmique grossie par la loupe du Présent. Qui dit crise dit aussi mouvement, vie et vitalité, mutation et innovation.
Ne faut-il pas tenter, tout n'est pas à jeter chez nos ancêtres, de réinventer de nouveaux rapports humains qui passeraient par un nouveau rapport au monde, un humanisme laïc ouvert au spirituel et au Mystère… On a déjà beaucoup écrit sur le «réenchantement du monde». Inutile de se répéter... Mais cela me semble essentiel, Prendre ses distances vis à vis d'une vision mécaniste et cartésienne du monde qui nous a induit à penser que l'homme régnerait éternellement sur une nature-objet, corvéable à merci, et des animaux-machines utilisés et manipulés selon nos envies.
Peut-être aussi en essayant de ne pas confondre ordre et uniformisation, cohérence et nivellement aveugle, organisation et coercition, intégration et négation de l'être, ordre civil et ordre moral…. Préciser les concepts et réaffirmer les priorités auxquelles nous devons nous conformer.
Le rêve identitaire, l'utopie identitaire est tenace ! Le 19ème siècle a tout misé sur le colonialisme en imposant le modèle européen. On a appliqué aux peuples étrangers conquis les mêmes méthodes utilisées auparavant sur le territoire national. Il me vient toujours à l'esprit l'image finale d'un documentaire sur les Inuits, celle d 'un survivant jouissant du progrès apporté par les blancs, obèse, entouré de canettes de bière, l'oeil définitivement éteint, fixant le dernier horizon qu'il lui reste, la « neige » d'un écran de télé dont les programmes sont terminés depuis longtemps. Quant à notre 20ème siècle, il a payé un lourd tribut aux utopies totalitaires ... Mais aucun système, nazisme, stalinisme, maoïsme, n'a réussi, dans sa volonté forcenée à créer l'identité unique… Toutes ces tentatives ont fini par accoucher de leur contraire. Espérons qu'il en sera ainsi pour les Tibétains, les Kurdes, Les Tchétchènes. Sans tomber dans une frénésie indépendantiste...
Ainsi, dans un passé reculé, l'homme qui trouvait son identité au sein d'une variété infinie de processus collectifs, restait cependant victime de la toute puissance de la communauté. Paradoxalement, la technique de contraintes des corps et des esprits opérée dès le 17ème siècle lui ont permis en fait de s'affranchir, de s'autonomiser. Nous avons gagné en liberté mais nous le payons en responsabilité, en fragilité. Rien n'est plus difficile que d'être libre. A nous de savoir gérer cette nouvelle donne, à mi-chemin entre un individualisme égoïste, une excessive confiance en soi et le fonctionnement dogmatique et communautaire, l'abandon total de soi…
Quand il m'arrive d'être optimiste (si, si !..), je vois un monde comme une mosaïque où chaque identité, chaque vision du monde s'enrichirait l'une de l'autre avec comme point commun une supra-conscience, celle d'être avant tout un citoyen de ce monde, ce qui signifie responsabilité collective et consensus autour de grands valeurs admises par tous. Nous sommes des êtres de culture ce qui nous faits tous différents. Reconnaissons au moins, au-delà des faits culturels, notre appartenance à ce qui nous rend tous identique, l'espèce humaine, l'Homme, et reconnaissons lui des droits et des devoirs fondamentaux.
Pour ma part, j'ai essayé de me construire une identité à la fois par l'acte créatif (individualiste par essence) et par l'enseignement à travers lequel j'ai peut-être modestement contribué à éveiller quelques consciences, construire des identités, ouvrir des horizons.
Par une modeste participation à des associations venant en aide aux toxicomanes dont j'ai parlé plus haut…. La reconstruction d' identités anéanties.
Par la peinture, la création dont on accouche, seul, dans la joie ou dans la douleur, on est en phase avec ce qu'il y a au plus profond de soi et que l'on tente de communiquer aux autres. Quelquefois, on croit même aller au-delà de soi, présomptueux, croyant toucher, effleurer des vérités dissimulées, des Mystères à découvrir et à coucher sur la toile. Une quête où l'on peut se perdre... Quelquefois des rencontres étonnantes se font, des observateurs se reconnaissent littéralement dans l'objet créé, des identités se rejoignent, se reconnaissent. Pas besoin de mots, d'explications, c'est au-delà des formes et des couleurs, des représentations. Il y a comme une arche invisible, indicible qui s'est formée entre le créateur et l'observateur. Vous êtes alors récompensé de tous les moments de doutes, d'errements, de désillusions, d'efforts constants tant physiques que psychologiques. L'art est lumière et ténèbres, exaltation et découragement, tantôt le phare qui nous guide, le pain qui nourrit, tantôt la croix à porter, les chaînes qui nous empêchent d'aller vivre ailleurs ou autrement. Ce n'est pas un choix, c'est ainsi... Mais tant qu'on se bat, dans la joie ou dans la douleur, avec ou sans ses démons personnels, on vit, on se construit, on propose une identité à partager, à échanger!. On ne peut être utile aux autres si l'on s'enferme dans sa bulle mais on ne peut être aussi utile aux autres si l'on n'a pas d'abord gagné l'estime de soi, assis sa propre identité sur une base qu'on espère vraie et sincère...
Mais quand la lucidité reprend le dessus, (eh oui !) quand le désir disparaît (c'est d'ailleurs vrai pour la vie en général) que l'on se retrouve véritablement face au vide de soi et au trop plein du monde extérieur, je vois un monde où les puissants protègent à n'importe quel prix leurs acquis, où les pays émergents convoitent et font tout pour obtenir à n'importe quel prix ces acquis, un monde où dans certains pays on peut mourir d'obésité alors que la plus grande partie de la population de la planète n'a plus à s'inquiéter d'identité puisqu'elle n'en a plus: il ne lui reste que le problème de la survie au jour le jour.
Pour combien de temps encore ? Au moyen Age, le pauvre acceptait son sort (volonté divine…), on ne savait pas ce qui se passait à l'autre bout de la planète…. Mais la donne a changé et elle change chaque jour de plus en plus vite. Tout devient inextricable, tout s'interpénètre. Le sort de tous sera inévitablement lié au sort de chacun: nous ne pourrons plus longtemps cultiver «notre jardin» en ignorant l'horreur qui s'étend de plus en plus à nos portes… Les naufragés du désespoir nous le rappellent chaque jour, Une situation que nous avons contribué à créer en voulant imposer notre modèle identitaire à la belle époque de la colonisation puis en exploitant jusqu'à plus soif, pardonnez moi l'expression, ces pays par le biais des multinationales. L'Europe et ses certitudes vacille, son identité se fragilise sous les coups de boutoir des diversités qui réclament leur dû.
Mais que faire ? Quand tout semble hors de portée, aux mains d'un marché mondial qui semble presque incontrôlable même par les spécialistes eux-mêmes! Ecrire, penser, réfléchir, s'intéresser au spirituel, agir dans sa petite sphère sociale, certes, mais cela semble bien dérisoire face à une mondialisation mue que par l'intérêt financier… Que restera-t-il de notre vision du monde, de l'identité de chacun dans un monde du futur dominé par les puissances économiques ?...
Peut-être qu'alors l'utopie identitaire se réalisera enfin… Comme ne cesse de le prôner notre cher Attali. Un monde uniformisé à l'échelle de la planète, des citoyens du monde vivant de la même façon, absorbant la même culture, revêtant les mêmes vêtements, pensant de la même façon.... Le «meilleur des mondes possibles», quoi !...
Allez, je rigole, c'est de la S.F….. Non ?
Mais je ne serai plus là pour le constater, J'aurai rejoint, comme tant d'autres, la forme identitaire suprême, imparable, parfaite, commune à tous et à toutes. Non mythique, non élaborée par un projet humain par essence imparfait. Incontestable. Atomisé, volatilisé, parfaitement soluble dans le creuset identitaire par excellence, le Tout de la Nature ... J'aurai rejoint la Mort, le mythe identitaire enfin réalisé ...
Sources:
Johan Huizinga
L'Automne du Moyen Âge
Robert Muchembled
-Culture populaire et culture des élites dans la France moderne (XVe-XVIIIe siècle)
-La sorcière au village (XVe-XVIIIe siècle)
-L'invention de l'homme moderne. Sensibilités, mœurs et comportements collectifs sous l'Ancien Régime
François Lebrun
Croyances et cultures dans la France d'Ancien Régime
Norber Elias
La civilisation des mœurs
Louis Dollot
Culture individuelle et Culture de masse
Pierre Bourdieu
La distinction sociale
Michel Foucault
Histoire de la folie
Elisabeth Badinter
L'un est l'autre

lundi 18 novembre 2013

Le mythe identitaire. Episode 9. Petites réflexions sur la situation actuelle...




Tentons quelques pistes de réflexion personnelle à partir du thème historique développé plus haut, quelques mises en parallèles… qui pourront prêter à discussion. Dès lors le débat est ouvert… On ne peut pas tout traiter. Je resterai donc dans l'optique du sujet de départ, l'identité...
Il me semble qu'aujourd'hui certains de ces idéaux collectifs sont en perte de vitesse. Et la confusion paraît s'installer: société en crise, chômage, isolement des individus, replis communautaristes, processus profonds qui se mettent lentement mais sûrement en place…
* Par exemple, en 40 ans (68 est passé par là), les rapports entre hommes et femmes ont évolué, même s'il y a encore du pain sur la planche. Pas celle à repasser: on sait bien maintenant que tout le monde s'y est mis, homme comme femme … Non ?...
Avec la chute du Gaullisme, c'est aussi tout un pan de l'ancienne société construite dans la douleur au fil des siècles, comme nous l'avons vu, qui s'écroule. Il semblerait qu'on admette mieux, hommes ou femmes, la part de l'autre en soi-même. On a échappé peu à peu au vieux modèle patriarcal et dualiste pour entrer dans une ère imprévisible où le moi individuel sort à la fois raffermi en gagnant son autonomie et plus faible en découvrant la responsabilité liée à toute liberté...… Je suis plus libre mais aussi beaucoup plus seul parce que plus autonome. Tout a un prix. On «ne peut pas avoir le beurre et l'argent du beurre» disait ma grand-mère dans sa grande sagesse.
Comme le prétend Elisabeth Badinter, je ne suis plus incomplet sans l'autre, figé dans mon identité d'homme ou de femme mais je suis de plus en plus l'un et l'autre. La personnalité de chacun s'enrichit et se complexifie par de multiples nuances. Une nouvelle donne où l'identité de chacun, au sein d'une identité collective, est revendiquée. Comment la vivre sereinement et comment l'assumer ?
* Quant aux jeunes, certains ne se reconnaissent plus dans certains modèles proposés par les adultes alors que le 3ème âge comme on l'appelle aujourd'hui (en attendant le 4ème) a perdu le rôle essentiel qu'il jouait dans la communauté aux siècles précédents. D'une certaine façon, le grand renfermement commencé au 17ème se prolonge ... dans les maisons dites de retraite.
Sans généraliser bien sûr, pour certains jeunes, on peut constater la perte des repères familiaux, des modèles, des rites de passages, l'absence de projets, la dilution des liens… Tout cela exaspéré par la vitrine clinquante (et frustrante) de notre société actuelle de consommation.
* On ressent aussi chez certains la nostalgie d'un passé bucolique paré faussement de tous les avantages, une sorte de paradis perdu. Qui peut s'exprimer par un retour à la terre (diverses tentatives de vie en communauté en autarcie plus ou moins réussies) ou par un engagement actif dans l'action altermondialiste. On en reparlera dans le dernier épisode.
Qui peut s'exprimer aussi par un rejet du policé et des bonnes mœurs sous la forme d'un retour au truculent, au sexuel, au contestataire, comme au bon vieux temps du Moyen Age. Et la télé s'en fait le vecteur privilégié. Mais cela devient alarmant quand, pour assurer ses fins de mois, on s'adresse exclusivement au bas ventre ou aux instincts primaires tels certains «humoristes» toujours très présents sur nos écrans en «prime time» comme on dit . Ou quand liberté sexuelle se confond avec une pornographie offerte à tous, même aux plus jeunes sur le net. Sauf que dans le passé, le licencieux était régulé, limité, cerné par des cadres bien établis qu'il n'était pas question de transgresser...
* Le politique lui-même est en pleine crise comme si l'on voulait s'affranchir de cette primauté qui pesait sur la société française depuis Louis XIV à De Gaulle. Il y a un paradoxe chez l'homme (en particulier le Français) à vouloir s'identifier à une grande figure politique qui cristallise tous les espoirs, les fiertés nationales et à la rejeter tout aussi vite au nom de la liberté, des idéaux démocratiques… Aujourd'hui, on la cherche en vain... Si Bling bling n'a pas été le modèle auquel une majorité aurait pu s'identifier au point de cristalliser sur sa personne la fierté nationale, je doute que le pari sur la normalité du président normal ait plus de succès...
Actuellement donc, l'utopie identitaire semble éclater sous les coups de boutoir de la revendication à la diversité: le droit à la différence est de plus en plus revendiqué. Nisette, la «sorcière», semble renaître de ses cendres…
* Et cela se complique avec l'afflux des populations issues de l'immigration. Comment faire face à l'irruption des enfants d'immigrés et d'exclus dans les classes et assumer le problème de l'intégration ? Que peut faire l'école à volonté identitaire et égalitaire voulue par Jules Ferry face à la diversité de ses nouveaux publics ? Comment résoudre le conflit entre la culture légitime, officielle, celle des programmes et des concours ou examens, souvent celle des élites, et les cultures ou modes de comportements de plus en plus diversifiés des élèves ?
D'une manière plus générale, comment reconnaître la différence de l'autre sans l'enfermer, l'isoler dans sa différence ? Danger toujours possible, en voulant bien faire, d'exclure et de figer l'autre dans son étrangeté…
Comment aussi combler un nouveau type de fracture bipolaire qui fait voler en éclats les clivages traditionnels, un nouveau type de fracture qui sépare tout simplement la société en deux: ceux qui sont exclus du système et ceux qui ne le sont pas ?. Cette fracture est une ligne de faille qui traverse les identités, les fait voler en éclats au point de ne plus voir en l'autre qu'un exclu du système. Le SDF, le chômeur, le déviant ou simplement le pauvre tendent à devenir les figures de notre mauvaise conscience qu'il n'est plus question d'enfermer comme au beau temps de Louis le 14ème...
Fracture qui se double depuis peu de celle que certains veulent ériger, en l'inventant de toute pièce, entre humains et sous ou non humains (notre Ministre de la Justice réduite au rang de singe). Idées nauséabondes mais décomplexées qui osent maintenant s'exprimer, retour du concept de race et pulvérisation de l'identité républicaine … Résurgence du racisme colonial de grand-papa ou épiphénomène, ces idées raciales ne doivent pas cependant masquer la véritable fracture, celle évoquée plus haut, sociale et culturelle, profonde et tenace, qui brise le sentiment identitaire collectif et favorise le repli communautaire ancré dans les traditions. Les bonnets rouges en sont un bel exemple. Je doute que le Français qui gagne 1000 euros par mois se sente français de la même façon que celui qui en touche 10000. Au delà du problème financier, c'est là que le phénomène de la distinction décrit par Bourdieu joue à plein. Et c'est sur cette fracture que mise le FN. Réduisez la et le vent fort favorable à Marine Le Pen deviendra brise légère et fugace ...
Et lorsqu'on qu'on regarde les infos, notre mauvaise conscience, nos certitudes, nos valeurs identitaires doivent faire face à ce qui se passe à l'échelle mondiale... Une nouvelle donne que nos ancêtres ne connaissaient pas. J'y reviendrai aussi dans le dernier épisode
La « belle » uniformité voulue par nos gouvernants des siècles passés s'effrite sous le règne du multi et du pluri (multilinguisme, pluriculturel, multiculturel, multinational). La crise que nous traversons n'est-elle pas aussi l'écho de cet ébranlement des certitudes, de cette angoisse face à l'éclatement des limites, la mondialisation des phénomènes ?
Epoque trouble où chacun, selon sa sensibilité, cherchera refuge là où il le peut:
-repli sur soi (individualisme),
-repli sur une communauté (coutumes, mœurs, religion, etc…)
-resserrement des troupes autour des bonnes vieilles valeurs colportées par l'identité nationale (le nationalisme et ses dérives).
-front républicain qui, vaille que vaille, mise sur une identité nationale et républicaine qui, même si elle n'est qu'un mythe, même si elle s'est construite dans les larmes et le sang, reste encore le seul socle sur lequel puisse s'appuyer la volonté de vivre ensemble.
A lire dans le 10 ème et dernier épisode….

dimanche 17 novembre 2013

Le mythe identitaire. Episode 8. Une identité fragile...


Comme il faut de tout pour faire un monde, la société villageoise va cependant résister aux mutations. Les pratiques de guérison et les bandes de jeunes à marier subsistent, affaiblies mais toujours présentes. En perte de vitesse, le monde rural est méprisé, occulté, manipulé ou voire idéalisé (une pensée émue pour Marie-Antoinette en bergère de luxe…), mais la monarchie absolue n'a pas réussi à mater totalement le monde paysan malgré les ciments de la communauté nationale: impôts, lois, langue, religion… symboles unificateurs avec nos vaillants Gaulois et notre chère Jeanne d'Arc (que tout le monde veut s'approprier aujourd'hui et pas toujours les meilleurs d'entre nous…).
Mais à la veille de la révolution, au-delà de l'appartenance nobiliaire ou de la richesse bourgeoise, s'est installé un jeu subtil des apparences fondé sur l'accumulation des biens et les mouvements de mode. L'écart se creuse de plus en plus, les dominants laissant de côté les masses de perdants (les losers dirait-on maintenant), incapables de grimper les échelons de la respectabilité… Etrange comme on se croirait à l'époque bling bling ou caviar… Non ?...
Résistances passives des villageois, frustrations croissantes des sociétés urbaines remettent plutôt en cause l'image d'Epinal de la marche triomphale du Progrès au siècle des Lumières. Si Lumières il y eut, elles ne concernèrent que quelques minorités à juste titre qualifiées d'éclairées…

Tout est en place pour 89. Et la révolution aura fort à faire pour recoller les morceaux. Mais, malgré tout, au final, là aussi dans le sang et les larmes, les Français revendiqueront en elle, au-delà des particularismes locaux, régionaux, religieux, une appartenance à une instance commune appelée République. Là non plus ce ne fut pas sans mal dans certaines régions comme la Bretagne, la Vendée, la région lyonnaise et j'en passe… Mais nous étions plus ici dans une dimension politique et religieuse…
Des notions fédératrices apparaissent: liberté, égalité, fraternité, la Déclaration des droits de l'homme, le drapeau, etc…. Nous sommes à la fois dans l'idéal et le concret, le symbolique aussi, indispensable aux humains.
Mais cela n'empêchera pas la fracture de s'élargir d'une manière terrible au 19ème siècle, entre la bourgeoisie triomphante et le monde des sous-hommes, anciens paysans déracinés, la masse ouvrière inculte et surexploitée des mines et des usines.


Cependant des éléments fédérateurs joueront pleinement leur rôle:
-L'école de Jules ferry à volonté égalitaire qui par l'apprentissage du français développera un attachement quasi mythifié à la patrie, avec un point culminant en 1914. On connaît le résultat…
-L'héritage républicain qui reconnaît à tous la liberté de pensée, de conscience, d'expression. Tout en maintenant la subordination de la femme. Fallait pas en demander trop quand même !…
-Le pacte social qu'est la laïcité qui garantit la liberté de religion et de de culte. Il est bon de le rappeler aujourd'hui…
AUJOURD'HUI… Nous y venons…
A travers les épreuves du 19ème et du 20ème siècles que je ne vais pas rappeler ici, les forces de rupture semblent toujours présentes. Vaille que vaille, il semble y avoir une identité nationale mais qui reçoit sans cesse les coups de boutoir des inégalités sociales de plus en plus flagrantes et des apports nouveaux de l'immigration. Est-ce un hasard s'il faut réaffirmer sans cesse les valeurs collectives et «sacrées», nation, patrie, s'il faut exhumer les lieux de mémoire, multiplier les commémorations...alors que des manifestations identitaires s'expriment de plus en plus, que des fêlures se creusent de plus en plus au sein du corps social ?
En fait, la volonté d'uniformisation a favorisé l'éclosion et la multiplicité des différences. On a voulu «moderne», et l'idéal d'unité a accouché de la diversité !...L'identité nationale pour l'instant est donc bien restée à l'état d'idéal, de mythe au sens de représentation amplifiée, déformée par un imaginaire collectif…. Elle s'appuie sur des éléments symboliques, fédérateurs. Certes, nous nous sentons français avant tout mais l'arbre de l'unité ne cache-t-il pas aussi la forêt des disparités ?...
Je vous propose dans les 2 derniers épisodes qui suivront, à partir du thème historique développé auparavant, de vous livrer quelques réflexions plus personnelles sur la situation actuelle.
Réflexions qui n'engagent que moi bien sûr…. Si cela était compris autrement, ce serait «à l'insu de mon plein gré» comme dirait l'autre...

samedi 16 novembre 2013

Le mythe identitaire. Episode 7. Nouvelle famille et propagande.


Père de famille expliquant la bible à ses enfants (Greuze)

D'abord un petit flash back en ce qui concerne la famille et les rapports entre générations
Les garçons, au Moyen Age, quittaient très vite le monde féminin. L'époque de Tanguy était encore lointaine. La vraie vie, faite de sociabilité, de solidarité s'exprimait à l'extérieur. L'adolescence était alors un stade d'apprentissage et d'intégration au sein de groupes de jeunesse appelés Royaume, Fraternités, Bachelleries… Cette appartenance constituait un rite de passage entre l'enfance et la vie adulte. Un moyen d'échapper à la tutelle étroite des adultes, d'attendre aussi le mariage (car la concurrence est rude), de compenser en affirmant sa virilité: bagarres avec les bandes des villages voisins, relations avec les prostituées (eh oui, la chair est faible. 3 pater en échange…), dénonciation des adultères ou des maris cocus ou même des maris battus par leur femmes au cours de virées nocturnes tapageuses sous les fenêtres des concernés (ce qui n'était pas du goût de l'intéressé, on s'en doute), somme d'argent réclamée aux veufs remariés ou aux conjoints venus d'ailleurs, les bougres !... Rôle essentiel des jeunes dans les fêtes de Mai ou de la Saint Jean. Vous pouvez remarquer que rien n'était prévu si le mari battait sa femme… puisque c'était conforme à la coutume. Damned ! Fallait pas en demander trop quand même…
Ainsi le rural n'est pas torturé par sa propre conscience, l'essentiel est d'adhérer aux normes collectives. La vraie peur vient d'un mépris possible de la collectivité envers soi, pas du péché individuel… Le curé du village n'a pas toujours la partie belle. Les jeunes célibataires jouent ainsi à se conformer à ce que l'on espère d'eux en tant que futurs hommes mariés. Ils apprennent les règles du patriarcat. Ils jouent en fait le rôle de régulateur (rien de plus conformiste en fait !).
C'est aussi un moyen d'éviter les conflits de génération et de détourner les frustrations imposées par les pères vers leurs alter ego étrangers, les autres jeunes. Une violence des jeunes gens à marier est donc permise, canalisée, régulée dans un système traditionnel qui sera déséquilibré par l'irruption de la justice et de la pénalisation.
Il n'y a donc pas de culpabilité intégrée dès l'enfance : en dehors du cadre du travail où là ça ne rigole pas, le père s'efface et la formation de la personnalité se fait hors de la famille.
Avec l'irruption du moralisme, les valeurs du couple conjugal, de la famille au sens strict vont peu à peu remplacer les solidarités rurales qui ne peuvent plus fonctionner, d'abord à la ville, puis dans les villages à fortes tensions où l'on brûle les sorcières. Désormais, la famille sous la tutelle totale du père/mari, va condenser, bon gré mal gré, amours et passions potentiellement destructrices qui, auparavant, pouvaient s'extérioriser dans les solidarités de jeunesse. On va commencer à «laver son linge sale en famille»...
Par ailleurs, est-il étonnant de voir s'intensifier la chasse aux «sorcières» au moment où la position de la femme dans la société se dégrade et que celle des pères s'affirme ?… Evidemment, tout cela est variable et se fait inégalement dans le temps et dans l'espace.
Les super-pères apparaissent sous l'égide d'un super-roi, le père à tous par excellence. Le tout couronné par un super-Dieu le Père punissant sans pitié les déviants… Le temps de la culpabilisation et le sens de la faute sont venus. La voie est libre, une voie royale si j'ose dire…
Rappelons nous le Chevalier de la Barre exécuté en 1776 en place publique ( le poing coupé, la langue arrachée avant de se faire décapiter et d'être jeté au bûcher) et que Voltaire tenta de réhabiliter. C'est le cas typique. Geste d'un libertin contre l'autorité religieuse (blasphème), révolte d'un noble contre l'autorité royale et révolte d'un jeune (il a 19 ans) contre l'autorité du père… Les rebelles contre le roi étaient d'ailleurs accusés «de crime contre leur père» !
Evidemment, cette tutelle des pères deviendra insupportable lorsqu'elle ne conduira plus à l'insertion sociale promise. On en sait quelque chose aujourd'hui… Il faudra attendre quand même le 20ème siècle pour que la femme conquiert ses droits et que volent en éclat certaines pesanteurs. Mai 68 n'est pas encore pour demain ...
On a ainsi mis en place des forces convergentes permettant de créer une conscience nationale en uniformisant la société autour de figures simples, proches de l'archétype, au détriment des particularismes. Chaque père devient l'agent inconscient de l'autorité à laquelle il peut faire d'ailleurs appel en demandant une lettre de cachet de sinistre réputation. Ainsi au 18ème siècle, le cadre institutionnel est en place, prêt à fonctionner. La propagande s'en donnera à cœur joie: coercition par les intendants, juges, officiers, autorité des chefs de famille, pression du clergé…
Un rôle important sera joué par une littérature de colportage éditée par la Bibliothèque bleue de Troyes Une littérature populaire, une imagerie populaire vendue dans les villages, véritable prémisse d'une culture de masse qui vulgarise l'idéologie dominante (obéissance, humilité, peur de la mort, contes et fééries pour faire oublier la dure réalité, absence de passion, de plainte et de révolte, modèle de l'homme humble et vertueux et... de la femme soumise). Comme quoi le formatage des esprits n'a pas attendu la télévision !… On propage par l'alphabétisation l'image d'un meilleur des mondes possibles, moral, hiérarchique, immobile… A l'inverse du rôle qu'il jouera au 19ème siècle avec Jules Ferry, l'écrit agit comme un levier pour casser la cohésion de l'ancien monde oral et communautaire dont on ne veut plus …
Les villageois qui savent lire les oeuvres impérissables de la Bibliothèque bleue de Troyes se sentent aspirés vers la haut et la fracture ne fait que s'agrandir.
Mais il y a aussi des poches de résistances. La révolution de 89 et le 19ème siècle positiviste vont aussi imprimer leur marque. Nous découvrirons cela dans l'épisode suivant, l'épisode 8…
L'épisode 9 et 10 (le dernier, enfin !) ne seront plus historiques mais contemporains et émaillés de réflexions plus personnelles sur les problèmes posés par la confrontation identité nationale/identité particulière.
Par honnêteté intellectuelle, je citerai, pour la partie historique, les sources qui m'ont été bien utiles à la fin du dernier épisode.
A demain si vous le voulez bien !

vendredi 15 novembre 2013

Le "mythe identitaire". Episode 6. Emergence des nouvelles mentalités.

"la gouvernante" de Chardin (17ème)

Tout ce qui précède a laissé des traces indélébiles chez les individus.
La civilisation des mœurs a produit des corps soumis, faisant ainsi évoluer les sensibilités collectives. Un sens plus individuel de la mort apparaît. Une perception du corps spécifique aux Occidentaux christianisés se met en place. L'individualisme émerge aux dépens d'une sociabilité populaire apprise à la taverne, lieu de convivialité et d'exutoire mais aussi d'apprentissage des comportements collectifs. Peu à peu la promiscuité devient plus difficile à supporter. Le corps découvre la pudeur et le besoin d'intimité. Finis les joyeux bains publics où se mêlaient hommes et femmes dans la plus parfaite innocence (pas si sûr :)... )
On assiste à un dressage des corps: acceptation du principe de la culpabilisation de la chair, progression des auto-contraintes dans les manières de boire, de manger, de s'habiller, de se comporter en public. Au fur et à mesure que cela progresse à la ville, le modèle paysan paraît de plus en plus grossier, animal… La notion de distinction chère à Bourdieu se met en place. Entendons nous bien, que les moeurs se soient afffinées est une bonne chose en soi mais quand, dans certains milieux, elles deviennent un carcan imposé au détriment de la spontanéité, un signe de distinction par rapport aux autres, cela devient dommageable... C'est tout le système des codes sociaux, et de la politesse si chère au 18ème siècle à venir qui se met en place, Contrainte assimilée de gré, imposée de force ou par la puissance du désir mimétique pour un mieux vivre ensemble au détriment de la liberté d'être ce qu'on veut. Contrainte et uniformisation ...
L'apparence et la manière d'être permettent d'afficher de plus en plus son appartenance au modèle idéal du 17ème siècle, celui de «l'honnête homme», impossible à atteindre pour la plupart…
Paradoxe: ces nouvelles valeurs se veulent universelles mais peinent à s'imposer, agissent en fait plus comme facteur de différenciation entre les gens que comme facteur d'assimilation. La perception du moi et du surmoi s'affine et les individus s'isolent de plus en plus par les gestes et les attitudes qui tissent des frontières de plus en plus nettes. On veut unifier et l'on sépare !...
Les lieux et les moments où les pulsions s'affichaient sans honte diminuent peu à peu: fêtes, carnavals et charivaris sont réprimés. Il y a de belles scènes dans le «Molière» d'Ariane Mnouchkine qui mettent en scène cette répression. Il faut refouler l'animalité ! De la même façon que les bûchers symbolisaient bien cette frontière nouvelle entre le bien et le mal, l'ordre et le désordre, au nom d'un nouveau savoir-vivre opposé à une conception magique de la nature...
Ce sont Claude Levy-Strauss et Frazer qui ont bien montré comment les bonnes manières et les ustensiles d'hygiène et de table dressent un barrage, une distanciation rassurante par rapport aux fonctions d'un corps diabolisé. Et tous ces critères de distinctions unissent ceux qui les partagent en les distinguant des autres. On se reconnaît d'autant mieux dans le groupe auquel on appartient qu'on se différencie de plus en plus des autres groupes, Bourdieu a très bien montré cela et la distinction sociale qu'il a mis à jour a ses racines dans ce 17ème siècle rigide. Malheureusement, rien n'a changé depuis. Ne le constate-t-on pas d'autant plus aujourd'hui en ces temps de crise ?
Dans la bonne société, le moi a tendance aussi à s'intérioriser et le corps se fait le miroir spectaculaire de la distinction. Les corps se guindent, se contraignent, se cachent, se fardent, se poudrent, se parent de vêtements ostentatoires. L'apparence devient une stratégie. Ce qui n'empêche pas certains aristocrates de recevoir leurs invités sur leur chaise percée. Ultime privilège des Grands. Quant à Versailles, il paraît que c'était une puanteur masquée sous la lourdeur musquée des parfums...
Mais le but essentiel est bien de masquer ou mieux de refouler l'animal qui est en nous, de discipliner les passions. L'enfer est en nous car la chair est faible mais il devient de plus en plus aussi les autres. Culpabilité personnelle et haine de l'autre, de celui qui affiche sans vergogne son animalité, font bon ménage.
Dès le 18ème siècle, on est intrigué par l'exotisme, le Noir, l'Indien mais on a finalement peur de l'homme des champs parce qu'il nous parle d'une partie de nous-mêmes qu'on veut oublier… N'est-ce pas la même chose aujourd'hui face au problème de la marginalité ? Le marginal, le déviant n'est-il pas un miroir déformant de nous-mêmes ? Toujours la même histoire de l'attraction/répulsion… Freud, s'il avait pu se projeter dans le passé, n'aurait pas fait recette au 15ème mais aurait eu déjà de quoi faire à partir du 17ème …
Distinction sociale, intériorisation, individualisme… Voilà quelques schémas mentaux toujours bien présents à notre époque et qui ont pu se développer, pas uniquement (il y a aussi des facteurs économiques qui ont joué) mais pour beaucoup sous la férule d'une volonté unificatrice de l'Etat et de l'Eglise…
Dans l'épisode suivant nous nous attarderons un peu sur l'évolution de la famille et des relations entre générations durant le 18ème siècle pour atteindre le grand chambardement de 89... Mais dès maintenant, l'on sent bien que c'est déjà un peu de nous, hommes et femmes du 21ème siècle dont nous parlons...

jeudi 14 novembre 2013

Le "mythe identitaire" Episode 5. La "sorcière"... inventée.




Mais comment faire ?
On va donc inventer purement et simplement une anti-religion organisée, une religion satanique pour mieux cristalliser, par opposition, l'image de Dieu. Une pure invention des théologiens et des juges !... Des traités très sérieux de démonologie seront écrits pour théoriser et mettre en place des pratiques que nous trouverions aujourd'hui révoltantes ou incongrues. .
Quoique … Bush et l'Irak par exemple étaient encore bien loin mais la ficelle des fausses accusations construites de tout pièce pour justifier ses actes était donc déjà bien connue… Diaboliser l'ennemi … Quant à Satan justement, il a encore de beaux jours devant lui: ne distingue-t-on pas encore aujourd'hui l'Axe du Mal pour certains et le Grand Satan pour d'autres ?
Mais je m'égare ou plutôt j'anticipe sur les derniers épisodes... Revenons à nos moutons ou plutôt à nos démons.
Au cours des procès, les témoins ne font, en premier lieu, aucune allusion à des pratiques sataniques. Ils évoquent, au premier abord (avant qu'on leur chatouille les pieds ou mieux qu'on les expose au-dessus d'un lit de braises), seulement des rites, des maléfices, des sorts, attirail coutumier, ancestral du guérisseur de village. Mais, après un interrogatoire un peu plus musclé, (je vous passe les détails par respect pour les cœurs tendres qui me lisent peut-être) comme par enchantement, les allusions à Satan deviennent claires et nettes !… Des pratiques coutumières bien inoffensives, mais dans la bouche des juges et dans les compte-rendus de procès, irrémédiablement reliées à Satan… Ce cher Harry Potter n'aurait pas fait "long feu" à l'époque ainsi que son auteur.
La sorcellerie alliée du diable est une pure invention de l'accusation pour mieux vaincre la culture populaire à travers sa figure archétypale, la guérisseuse devenue «sorcière»… D'ailleurs, n'y voyait-on pas la marque du démon lorsque l'on trouvait sur la malheureuse une cicatrice ou un grain de beauté qui décidément «sentait trop le soufre» ? Et dans cette bonne cité d'Allemagne, lorsqu'on jetait à l'eau «l'âme damnée» ligotée et enfermée dans un sac, ne voyait-on pas que Dieu lui donnait tort ... puisqu'elle ne survivait pas !… Justice expéditive et imparable. Avec «God on our side» (disait Dylan), on n'a jamais tort…
Prenons un exemple type : le procès de Nisette, jugé à Vieil-les-Hesdin dans le Nord en 1573. La «sorcière» est souvent une vieille femme, pauvre et seule, illettrée, déviante sexuellement (3 époux !), déviante socialement (3 mariages dont 1 avec un étranger au village qui devait habiter au moins à 30 km ! La pire des choses...), marquée par le malheur (perte d'enfants) et guérisseuse (elle sait utiliser les plantes). Tout pour plaire...
Le stéréotype de la «sorcière» présente donc l'inverse des nouvelles valeurs sociales: elle propage la vieille culture. Il n'y a qu'un pas pour qu'elle devienne l'exutoire, le bouc émissaire désigné par les villageois les plus riches avides de correspondre aux nouvelles normes (pensez à notre cher "bourgeois gentilhomme") ou ceux qui culpabilisent de ne pas pouvoir adhérer pleinement au nouveau modèle imposé, faute d'un magot assez garni. René Girard a beaucoup écrit sur ce désir mimétique, le désir de désirer ce que l'autre désire, et le processus qu'il engendre pour apaiser les conflits, la mise à mort de la « victime émissaire »...
De plus, la «sorcière» est souvent une femme donc dangereuse par nature (Eve est passée par là) et elle est veuve donc doublement dangereuse car libre et réputée insatiable sexuellement (capable d'absorber l'énergie masculine de ces pauvres messieurs non consentants!).
En dénonçant la sorcière, on se démarque: elle focalise sur sa personne les peurs, les doutes, la mauvaise conscience. Un bon bûcher bien visible prouve aux autorités qu'on est bien dans la ligne espérée. On réchauffe aux flammes sa conscience frileuse, les braises encore fumantes des corps consumés sont la preuve que nous sommes du côté des «bons», les dénonciateurs, les conformistes, les "modernes"... On a l'impression d'avoir déjà entendu cela il n'y a pas si longtemps … sous Vichy par exemple.
Et n'oublions pas que la malheureuse, torturée par le « séculier» (le clergé se contente des procès), voit son âme ainsi sauvée au dépens bien sûr de son corps calciné. On ne peut pas tout avoir. Le bûcher est donc un acte exemplaire pour le peuple (voilà ce qu'il faut renier !) et un acte de piété et de salut (paix à son âme !)...
On a pu distinguer 3 types de situation:
-Dans les communautés en évolution, là où les riches laboureurs commencent à dominer, là où les laboureurs de condition moyenne diminuent, les tensions sociales sont fortes. Il y a persécution.
-Quand le processus de domination est accompli, les riches laboureurs règnent en maîtres. Pas de chasse aux «sorcières». Les boucs émissaires, les bûchers sont inutiles.
-Quand il n'y a pas de riches laboureurs, seulement des laboureurs moyens ou petits paysans, les tensions sont moins vives. Pas de dénonciations…
Il y a donc dénonciations tant que les reclassements sociaux et mentaux ne sont pas stabilisés.
Ainsi le monde rural a résisté longtemps à l'intrusion d'une vision du monde étrangère et coercitive. A la fin du 17ème siècle, la chasse aux sorcières s'arrête. Elle n'a plus de raison d'être. La paysannerie est soumise, du moins en apparence. Bien sûr, il y aura encore des révoltes paysannes, souvent contre l'impôt. Les fameux « bonnets rouges » fort en vogue en ce moment par exemple ...
Mais des processus mentaux irréversibles se sont imposés même si des poches de résistances subsistent. Nous les mettrons à jour bientôt dans notre prochain épisode si vous le voulez bien.

mardi 12 novembre 2013

Le mythe identitaire. Episode 3: la transition.





Cet épisode 3 est tranquille, sans grands rebondissements, mais indispensable. Une phase de transition , le temps de reprendre un peu son souffle avant les grandes "réjouissances". On peut le lire en dégustant un «tea». De préférence, évitez la tisane aux vertus dormitives, ce qui pourrait provoquer un surdosage avec la lecture du texte...

On va donc opérer un petit zoom puis un travelling pépère sur un siècle de transition, le 16ème siècle, qui va voir se mêler et s'influencer réciproquement culture des élites et culture populaire.
L'homme de la Renaissance est encore un être assez entier, quelle que soit la classe sociale. Il peut «piquer» des crises monumentales, faire preuve de violence extrême mais s'émouvoir fortement et laisser couler des larmes abondantes… Le vernis policé n'a pas encore fait son œuvre.

Les conteurs, source très révélatrice, se posent en véritables médiateurs en traduisant par écrit les traditions orales. Des peintres, tel Brueghel, portent un regard souvent indulgent sur une culture populaire qui s'éloigne de plus en plus de la culture de ceux à qui ces textes ou ces tableaux sont destinés. Toute une littérature va ainsi se développer, inspirée de l'oral, contant les aventures ordinaires des gens du peuple avec déjà le recul obligé pour une élite sur laquelle le vernis italien est déjà apparent. Comme «Les évangiles des quenouilles», recueil de sagesse populaire et de recettes énoncées par six vieilles femmes filant la quenouille la soir à la veillée… Le monde paysan est raconté, mis en scène mais déjà édulcoré, passé au crible du filtre du raffinement naissant. On ne veut déjà plus le voir tel qu'il est. On n'est pas dans Zola...

Et l'on y voit poindre aussi, quelquefois, une certaine nostalgie pour un monde déjà en voie de disparition, un monde où hobereaux et vilains vivaient de manière simple, en relative harmonie.
Un monde en mutation… Tiens, ça nous rappelle quelque chose qui nous concerne de près ! Un Chirac du 16ème (le siècle pas l'arrondissement) se serait exclamé: gare aux fractures sociales ! Un Vauquiez de l'époque s'apitoierait sur le sort funeste des classes moyennes. En effet, toute une frange de la population s'inquiète, commence à ne plus se sentir à l'aise dans ses chausses, citadins et nobles de province, face à la fois à un modèle de Cour qu'ils ne peuvent pas imiter et à un monde paysan qui s'éloigne de plus en plus… Une catégorie un peu floue apparaît (la classe moyenne déjà ? Mais évitons de pécher par anachronisme) qui a du mal à trouver ses marques.

Mais le grand critère de différenciation qui va tracer des limites nettes sera la langue française qui s'élabore, intermédiaire entre le langage de cour italianisant et latinisant et les dialectes populaires. Elle se fixe et s'impose en 1539 par l'Edit de Villers– Cotterest…
Fin 16ème, les choses ont évolué mais la fluidité socio-culturelle reste assez grande. Il y a peu de marginaux, les grands malades et les lépreux, les Juifs quand ça va mal (ça défoule et ça ne fait de mal à personne sauf aux Juifs évidemment), mais certainement pas les pauvres et les «fous» relativement intégrés dans les schémas de pensée de l'époque.

Mais à l'aube du 17ème siècle, le Grand Siècle pour les uns, le Siècle de fer pour d'autres, avec l'émergence du Classicisme et de l'Académisme, le désintérêt voire le dégoût est consommé. Le temps de Rabelais et des conteurs truculents est révolu. Le temps de la transition s'achève. Le monde paysan est devenu bien trop embarrassant, la France bien trop diversifiée. Nous allons passer aux choses sérieuses. La rigolade est finie. Le temps de la grande unification commence. Une identité nationale doit se forger… Et tous les moyens seront permis. La fin ne justifie-t-elle pas les moyens ?

Suite dans l'épisode 4. Cœurs sensibles s'abstenir…. Ou prenez un Xanax avant la lecture...

lundi 11 novembre 2013

Le mythe identitaire. Episode 2: l'ancienne société.


Dans l'espace, l'Etat français s'est construit progressivement sur un mode centralisateur, à coups de guerres, de stratégies matrimoniales, d'héritages, d'alliances. Et à partir du 15ème siècle, être français c'est choisir le roi de France. C'est du moins la thèse des manuels d'histoire… Mais cette politique s'est bâtie sur du vivant. C'est drôle comme les politiques semblent toujours l'oublier. En effet, qu'en était-il des individus disséminés dans ce beau royaume de France dont Voltaire dira « qu'il n'y a nul pays au monde où l'on trouve tant de contradictions ». Une identité ne se construit pas seulement à coups de traités, les frontières tracées sur les cartes sont aussi des peuples, des familles, séparées, écartelées, disséminées au nom de la volonté d'unification de ces messieurs …

Ainsi, peu à peu, l'idéologie des minorités dominantes va s'imposer lentement comme étant la référence obligée et nécessaire de tout un peuple. Une vaste opération de propagande où tous les coups seront permis !… L'élite va peu à peu se distinguer du vulgaire, s'affichant comme modèle, produisant un code de civilités issu des milieux de Cour qui s'ancrera ensuite progressivement dans les villes en extension, créant une identité peu à peu collective mais aussi … des résistances !...

Vous pourriez m'objecter: ce n'est pas nouveau !

En effet, les inégalités sociales existent depuis l'aube des civilisations mais chacun restait à sa place, les rôles étaient distribués ainsi et l'on faisait avec..., l'idéologie catholique aidant (le paysan pour trimer, le seigneur pour batailler, le clerc pour sauver les âmes des précédents). Et des constantes collectives traversaient les corps sociaux. Un monde relativement figé que Dieu, dans sa grande bonté, nous avait concocté. Ce qui apparaît ici comme novateur dès le 16ème siècle, c'est cette volonté de tout unifier sur un seul modèle vers lequel chacun s'efforcera (ou sera contraint) de tendre, avec plus ou moins de réussite…

Mais d'abord (effet de mise en scène): Flash back ! …

Vers la fin du Moyen Age, la société reste une société où, globalement, paysans ou nobliaux de province, petits bourgeois ou artisans, chacun se reconnaît encore plus ou moins l'un dans l'autre, au sein de pratiques collectives, de goûts communs qui traversent toutes les couches sociales. Violence, brutalité, grossièreté, relative licence sexuelle, manque d'hygiène et de pudeur, xénophobie aiguë sont le lot de chacun… Même si certaines nuances apparaissent ça et là : l'humanisme naissant et l'individualisme ne sont le fait que de minorités éclairées.

Le village, et même la ville, est un lieu clos auquel chacun est viscéralement attaché et la violence est souvent exacerbée entre groupes voisins, les jeunes de villages proches par exemple. On n'a pas de quoi s'ennuyer ! ...Les identités semblent se structurer en s'opposant agressivement aux autres. Mais à l'intérieur du village même, les tempéraments restent tout aussi extrêmement chatouilleux. Les combats à la taverne entre voisins sont légions. Ainsi les petites réjouissances musclées qui font la une de nos journaux télévisés ne datent pas d'hier mais elles étaient plus généralisables à toute une société, moins circonscrites. La justice intervient assez peu et les gens passent leur temps à s'apaiser mutuellement. Mieux vaut une bonne petite paix conclue entre parties autour d'une chopine qu'une intervention extérieure des gens de loi. On n'est jamais mieux servi que par soi-même...

Il en est de même pour les nobles, même si une petite frange de courtisans s'est raffinée au contact des Italiens. Leurs mœurs restent tout aussi rudes et violentes. Le petit noble joue avec les vilains sur la place du village, parle leur langue et partage leurs mœurs…


Si vous n'êtes pas encore atteint de narcolepsie galopante, je vous conseille de faire une pause et de déguster un café bien serré non décaféiné avant d'aborder la suite.


Chaque civilisation a aussi ses codes corporels qui sont tout à fait relatifs. En effet, si, par le biais de la machine d' H.G. Wells, nous nous retrouvions face à un individu du 15ème siècle, on éprouverait un malaise certain. Il nous paraîtra sale, un peu sauvage, indécent, et ceci vaut autant pour les masses que pour les élites. Le monde de l'époque devait être particulièrement odorant ! L'Oréal n'était pas encore passé par là et personne, à l'époque, ne le valait bien...

Mais c'est peut-être sur ce plan que la rupture sera consommée en premier, entre le paysan qui apparaît de plus en plus comme rustaud, sale et vulgaire et le noble ou le bourgeois qui se voudront de plus en plus policés. Les puanteurs sont dites sulfureuses, c'est l'œuvre du diable et les pestes et épidémies ne semblent pas avoir une relation directe avec l'hygiène mais semblent résulter d'une conjonction des astres et de la volonté divine !… Merci mon Dieu !… Quelques massacres opportuns de Juifs aidaient souvent à régler le problème... Paradoxalement, même si l'Eglise tente d'imposer l'image du corps nu honteux et qu'il faut cacher, scatologie, paillardise, blasphème, licence sexuelle sont monnaie courante… Quelques Ave et 3 Pater nous réconciliaient avec Celui d'en Haut… après avoir trop côtoyé Celui d'en bas.


Tout cela est donc ancré dans la mentalité collective jusqu'au moment où la justice et la morale religieuse décideront de criminaliser, punir et refouler ces manifestations de vitalité des corps un peu trop expansives au goût de certains…On commence, dans certaines couches sociales, à froncer les sourcils, se pincer le nez et arborer des moues dédaigneuses.

Le mélange des genres va pouvoir commencer… avec ses incertitudes, ses hésitations ainsi que ses affrontements. 

Suite dans l'épisode 3, si vous le voulez bien,  afin de voir comment notre beau pays va tenter de s'unifier dans la « paix et la concorde »...