... et aussi le simple plaisir d'écrire.

Qui êtes-vous ?

Ma photo
Un peintre qui crée essentiellement une peinture figurative qu'on peut appeler fantastique, onirique, surréaliste,... Comme on veut... Bien que je ne sois pas insensible à toute forme d'art pourvu qu'elle me paraisse sincère et qu'elle provoque quelque chose en moi... Depuis toujours, je tente de peindre l'individu et la multitude, la matière brute et la lumière intérieure, l'arbre de vie, la femme et les racines, l'enfant et le devenir, la foule errante en quête de valeurs à retrouver, les voies parallèles, les mystères des origines et de la fin dernière... Les “SEUILS”, les félures, les passages qui font de nous d’ éternels errants insatisfaits entre mondes réels et rêvés , entre soi et autrui, entre Vie et Mort, entre bonheur et malheur... Un acte de peindre, nécessaire, à l'origine de rencontres furtives mais intenses, et qui fait naître, quelquefois, au bout d'un pinceau fragile, une parcelle de soi... ...ou tout simplement le plaisir et la douleur de créer...

lundi 18 novembre 2013

Le mythe identitaire. Episode 9. Petites réflexions sur la situation actuelle...




Tentons quelques pistes de réflexion personnelle à partir du thème historique développé plus haut, quelques mises en parallèles… qui pourront prêter à discussion. Dès lors le débat est ouvert… On ne peut pas tout traiter. Je resterai donc dans l'optique du sujet de départ, l'identité...
Il me semble qu'aujourd'hui certains de ces idéaux collectifs sont en perte de vitesse. Et la confusion paraît s'installer: société en crise, chômage, isolement des individus, replis communautaristes, processus profonds qui se mettent lentement mais sûrement en place…
* Par exemple, en 40 ans (68 est passé par là), les rapports entre hommes et femmes ont évolué, même s'il y a encore du pain sur la planche. Pas celle à repasser: on sait bien maintenant que tout le monde s'y est mis, homme comme femme … Non ?...
Avec la chute du Gaullisme, c'est aussi tout un pan de l'ancienne société construite dans la douleur au fil des siècles, comme nous l'avons vu, qui s'écroule. Il semblerait qu'on admette mieux, hommes ou femmes, la part de l'autre en soi-même. On a échappé peu à peu au vieux modèle patriarcal et dualiste pour entrer dans une ère imprévisible où le moi individuel sort à la fois raffermi en gagnant son autonomie et plus faible en découvrant la responsabilité liée à toute liberté...… Je suis plus libre mais aussi beaucoup plus seul parce que plus autonome. Tout a un prix. On «ne peut pas avoir le beurre et l'argent du beurre» disait ma grand-mère dans sa grande sagesse.
Comme le prétend Elisabeth Badinter, je ne suis plus incomplet sans l'autre, figé dans mon identité d'homme ou de femme mais je suis de plus en plus l'un et l'autre. La personnalité de chacun s'enrichit et se complexifie par de multiples nuances. Une nouvelle donne où l'identité de chacun, au sein d'une identité collective, est revendiquée. Comment la vivre sereinement et comment l'assumer ?
* Quant aux jeunes, certains ne se reconnaissent plus dans certains modèles proposés par les adultes alors que le 3ème âge comme on l'appelle aujourd'hui (en attendant le 4ème) a perdu le rôle essentiel qu'il jouait dans la communauté aux siècles précédents. D'une certaine façon, le grand renfermement commencé au 17ème se prolonge ... dans les maisons dites de retraite.
Sans généraliser bien sûr, pour certains jeunes, on peut constater la perte des repères familiaux, des modèles, des rites de passages, l'absence de projets, la dilution des liens… Tout cela exaspéré par la vitrine clinquante (et frustrante) de notre société actuelle de consommation.
* On ressent aussi chez certains la nostalgie d'un passé bucolique paré faussement de tous les avantages, une sorte de paradis perdu. Qui peut s'exprimer par un retour à la terre (diverses tentatives de vie en communauté en autarcie plus ou moins réussies) ou par un engagement actif dans l'action altermondialiste. On en reparlera dans le dernier épisode.
Qui peut s'exprimer aussi par un rejet du policé et des bonnes mœurs sous la forme d'un retour au truculent, au sexuel, au contestataire, comme au bon vieux temps du Moyen Age. Et la télé s'en fait le vecteur privilégié. Mais cela devient alarmant quand, pour assurer ses fins de mois, on s'adresse exclusivement au bas ventre ou aux instincts primaires tels certains «humoristes» toujours très présents sur nos écrans en «prime time» comme on dit . Ou quand liberté sexuelle se confond avec une pornographie offerte à tous, même aux plus jeunes sur le net. Sauf que dans le passé, le licencieux était régulé, limité, cerné par des cadres bien établis qu'il n'était pas question de transgresser...
* Le politique lui-même est en pleine crise comme si l'on voulait s'affranchir de cette primauté qui pesait sur la société française depuis Louis XIV à De Gaulle. Il y a un paradoxe chez l'homme (en particulier le Français) à vouloir s'identifier à une grande figure politique qui cristallise tous les espoirs, les fiertés nationales et à la rejeter tout aussi vite au nom de la liberté, des idéaux démocratiques… Aujourd'hui, on la cherche en vain... Si Bling bling n'a pas été le modèle auquel une majorité aurait pu s'identifier au point de cristalliser sur sa personne la fierté nationale, je doute que le pari sur la normalité du président normal ait plus de succès...
Actuellement donc, l'utopie identitaire semble éclater sous les coups de boutoir de la revendication à la diversité: le droit à la différence est de plus en plus revendiqué. Nisette, la «sorcière», semble renaître de ses cendres…
* Et cela se complique avec l'afflux des populations issues de l'immigration. Comment faire face à l'irruption des enfants d'immigrés et d'exclus dans les classes et assumer le problème de l'intégration ? Que peut faire l'école à volonté identitaire et égalitaire voulue par Jules Ferry face à la diversité de ses nouveaux publics ? Comment résoudre le conflit entre la culture légitime, officielle, celle des programmes et des concours ou examens, souvent celle des élites, et les cultures ou modes de comportements de plus en plus diversifiés des élèves ?
D'une manière plus générale, comment reconnaître la différence de l'autre sans l'enfermer, l'isoler dans sa différence ? Danger toujours possible, en voulant bien faire, d'exclure et de figer l'autre dans son étrangeté…
Comment aussi combler un nouveau type de fracture bipolaire qui fait voler en éclats les clivages traditionnels, un nouveau type de fracture qui sépare tout simplement la société en deux: ceux qui sont exclus du système et ceux qui ne le sont pas ?. Cette fracture est une ligne de faille qui traverse les identités, les fait voler en éclats au point de ne plus voir en l'autre qu'un exclu du système. Le SDF, le chômeur, le déviant ou simplement le pauvre tendent à devenir les figures de notre mauvaise conscience qu'il n'est plus question d'enfermer comme au beau temps de Louis le 14ème...
Fracture qui se double depuis peu de celle que certains veulent ériger, en l'inventant de toute pièce, entre humains et sous ou non humains (notre Ministre de la Justice réduite au rang de singe). Idées nauséabondes mais décomplexées qui osent maintenant s'exprimer, retour du concept de race et pulvérisation de l'identité républicaine … Résurgence du racisme colonial de grand-papa ou épiphénomène, ces idées raciales ne doivent pas cependant masquer la véritable fracture, celle évoquée plus haut, sociale et culturelle, profonde et tenace, qui brise le sentiment identitaire collectif et favorise le repli communautaire ancré dans les traditions. Les bonnets rouges en sont un bel exemple. Je doute que le Français qui gagne 1000 euros par mois se sente français de la même façon que celui qui en touche 10000. Au delà du problème financier, c'est là que le phénomène de la distinction décrit par Bourdieu joue à plein. Et c'est sur cette fracture que mise le FN. Réduisez la et le vent fort favorable à Marine Le Pen deviendra brise légère et fugace ...
Et lorsqu'on qu'on regarde les infos, notre mauvaise conscience, nos certitudes, nos valeurs identitaires doivent faire face à ce qui se passe à l'échelle mondiale... Une nouvelle donne que nos ancêtres ne connaissaient pas. J'y reviendrai aussi dans le dernier épisode
La « belle » uniformité voulue par nos gouvernants des siècles passés s'effrite sous le règne du multi et du pluri (multilinguisme, pluriculturel, multiculturel, multinational). La crise que nous traversons n'est-elle pas aussi l'écho de cet ébranlement des certitudes, de cette angoisse face à l'éclatement des limites, la mondialisation des phénomènes ?
Epoque trouble où chacun, selon sa sensibilité, cherchera refuge là où il le peut:
-repli sur soi (individualisme),
-repli sur une communauté (coutumes, mœurs, religion, etc…)
-resserrement des troupes autour des bonnes vieilles valeurs colportées par l'identité nationale (le nationalisme et ses dérives).
-front républicain qui, vaille que vaille, mise sur une identité nationale et républicaine qui, même si elle n'est qu'un mythe, même si elle s'est construite dans les larmes et le sang, reste encore le seul socle sur lequel puisse s'appuyer la volonté de vivre ensemble.
A lire dans le 10 ème et dernier épisode….

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire