Attention
! C'est l'épisode qui entame la série de toutes les frayeurs…
Vous n'êtes pas obligés de le lire. Il est encore temps de faire
marche arrière mais, bon !, ça manquerait un peu de panache….
C'est
le 17ème siècle, le siècle de ce cher Louis dit le 14ème qui va
mettre en place les mécanismes à civiliser les mœurs... sous la
contrainte, les outils à unifier par la force et la terreur.
Ce
qui était permis ou toléré se criminalise peu à peu (un peu comme
la cigarette de nos jours et bien d'autres choses... :) )
Main
dans la main, Etat et Eglise instaurent l'ordre moral. Instaurer la
Cité de Dieu sur terre et dans tous les actes de la vie quotidienne,
n'est-ce pas un beau rêve ? Qui pourrait ne pas être d'accord ?
Seuls les rustres et vilains, n'est-il pas ?
Un
roi, une loi, une foi… Belle devise. C'est propre, c'est net, c'est
loin de faire désordre. Un modèle pyramidal s'installe peu à peu:
le roi représente Dieu sur terre et chaque père de famille possède
une autorité quasi royale sur la sienne. N'en déplaise à ces
dames..
Un
roi, une loi, une foi… Attenter à l'un, c'est attenter aux deux
autres principes. Une société très chrétienne, misogyne et
patriarcale… Mais cela ne va pas de soi. Il faut des outils. La
procédure inquisitoriale est adoptée définitivement et l'usage de
la torture est réglementé. Tout est prêt…
Parallèlement
à cela, le siècle est agité par de grandes crises économiques,
sociales, politiques, ce qui fait se disjoindre encore plus les
groupes sociaux. L'exode rural s'intensifie. Et vient le temps où
les pauvres, les fous, les hérétiques, les «sorcières» vont
envahir l'imaginaire des gouvernants et des possédants de plus en
plus inquiets. Il faut bien fixer ses peurs et ses hantises sur
quelque chose. Les Juifs, ça devient d'un banal...
Alerte
rouge ! Il est temps de prendre son xanax…
Justice
et police vont se mettre à l'œuvre. C'est l'époque du
«renfermement» des pauvres et des fous décrit par Foucault dans
son «Histoire de la folie». On va briser les corps pour mieux
briser les esprits. En mutilant les corps, on précise ainsi en place
publique les limites du permis. On réprime ainsi les passions et les
corps contraints feront des corps soumis et productifs. Le supplice
public est ainsi exemplaire, permettant au pouvoir d'afficher sa
force et d'éliminer tout danger de contamination. Rien de tel que
quelques membres brisés, ligaments distendus, peau écorchée, etc…
pour faire rentrer dans le moule de la Loi les plus récalcitrants.
Il faut dire aussi qu'un supplice bien mené par un bourreau/artiste
enchantait les foules autant qu'il les terrorisait… Ah! Ces humains
et leur curiosité malsaine, esclaves du couple attirance/répulsion.
Mais c'était d'un autre âge, bien sûr… On a quand même évolué..
La télévision nous le prouve tous les jours ...
Le
marginal est en effet littéralement contagieux d'où l'enfermement
des pauvres dans les Hôpitaux généraux, loin de la Cité de Dieu
sur terre… Sinon, ça fait désordre. C'est donc surtout et d'abord
la ville qui servira de champ d'expérimentation à l'invention de ce
qu'on appellera «l'homme moderne»… C'est-à-dire nous ...
Au
village, tout se concentre plutôt sur le personnage de la
«sorcière», processus très révélateur des mentalités de
l'époque.
Les
sources: les traités de
démonologie, rapports de témoins, compte-rendu de procès, sommes
payées aux témoins, bourreaux, prix du banquet offert aux juges,
etc…
Rappel:
le paysan vit en vase clos,
dominé par un temps cyclique, au rythme des saisons, animé de peurs
réelles (épidémies, froid, guerres, mauvaises récoltes…) et de
peurs imaginaires (la nuit, le diable, le corps cet inconnu…). D'où
une grande instabilité psychologique et une agressivité à fleur de
peau. Une vision du monde qui reste essentiellement magique, un monde
plein de vie, de forces fastes ou néfastes. Et c'est le «sorcier»
ou la «sorcière» qui agira sur ce monde, à la fois admiré et
redouté. Quand on cessera de croire en lui, il ne sera plus qu'un
bouc émissaire tout désigné et sera persécuté.
Bien
sûr, on est chrétien mais à sa façon, un christianisme intégré
dans une vision encore très animiste. Faut pas mettre tous ses œufs
dans le même panier quand même!. Les fêtes religieuses sont aussi
des fêtes profanes: danses et jeux de la Toussaint pour apaiser les
morts, feux de la St Jean, véritable explosion sexuelle à Noël
(une honte !) avec la fête des ânes et des fous où les rôles
sociaux sont inversés (un comble!), hystérie collective des
carnavals et charivaris. Jeux et fêtes redéfinissent sans cesse
l'appartenance au groupe et perpétuent l'état existant en
triomphant de la mort.
Inévitablement,
une telle culture transmise essentiellement par les femmes, va se
heurter à la volonté unificatrice du pouvoir et de l'église. La
répression sera systématique.
Il
faut battre en brèche la fête des corps, anéantir la vision
horizontale et ambivalente du monde populaire pour projeter l'homme
vers le ciel dans une vision verticale et dualiste. Après la
soumission des corps par l'Etat, la soumission des âmes par
l'Eglise…
Mais
comment faire ? Vous le saurez dans le 5ème épisode si vous êtes
encore de ce monde ou plutôt du monde que je vous ai proposé depuis
quelque temps...
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