... et aussi le simple plaisir d'écrire.

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Un peintre qui crée essentiellement une peinture figurative qu'on peut appeler fantastique, onirique, surréaliste,... Comme on veut... Bien que je ne sois pas insensible à toute forme d'art pourvu qu'elle me paraisse sincère et qu'elle provoque quelque chose en moi... Depuis toujours, je tente de peindre l'individu et la multitude, la matière brute et la lumière intérieure, l'arbre de vie, la femme et les racines, l'enfant et le devenir, la foule errante en quête de valeurs à retrouver, les voies parallèles, les mystères des origines et de la fin dernière... Les “SEUILS”, les félures, les passages qui font de nous d’ éternels errants insatisfaits entre mondes réels et rêvés , entre soi et autrui, entre Vie et Mort, entre bonheur et malheur... Un acte de peindre, nécessaire, à l'origine de rencontres furtives mais intenses, et qui fait naître, quelquefois, au bout d'un pinceau fragile, une parcelle de soi... ...ou tout simplement le plaisir et la douleur de créer...
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mercredi 3 août 2011

Rêveries matinales ...


Ne vous arrive-t-il pas quelquefois de louvoyer, souvent le matin, dans un demi-sommeil, aux portes de la conscience ?… Entre deux rives, là où le rêve n’est plus, là où l’état de veille n’est pas encore… Ce que Sartre appelait les images hypnagogiques, je crois… Alternance entre des bribes de réalité et des phases à peine rêvées, semi conscientes, comme une réalité à peine déguisée...
Ou devant un feu de bois qui nous joue un ralenti à la Lelouch, une flamme vacillante de bougie à la De La Tour, hypnotique… On semble alors, en quelques minutes, rejouer le long cheminement d’une humanité perdue entre ses longues errances où dominait jadis l’imaginaire d’une pensée magique, traversées de traits de clairvoyance, d’une humanité où la part de rêve s’incarnait dans les Dieux pour, peu à peu, s’éveiller péniblement de  la torpeur rassurante des croyances, hésiter encore et toujours, avant d’oser, pour une bonne part d’elle-même, se frotter des yeux encore lourds d’une somnolence millénaire et oser regarder, en face, le soleil matinal de la Raison...

Mais lorsque la fatigue pèse lourdement sur les épaules, lorsque le monde alentour nous déçoit, qu’il semblerait bon de retrouver le monde rêvé de l’enfance, les grandes illusions de la jeunesse en se  réfugiant, ne serait-ce qu’un temps, dans la douce inertie de l’irrationnel, en frappant à la porte des marchands de rêves… Retrouver, comme ce moment matinal savoureux où il n’est plus temps de dormir mais pas encore temps d ‘agir, un « entre deux mondes » où le réel serait présent à soi-même mais comme débarrassé de toute agressivité, de tout danger potentiel, un réel magnifié, un réel que l’on pourrait pétrir à sa façon, sur lequel on aurait prise. Le rêve, quoi !…

Mais chaque matin, il  faut bien se dire que le réel ne se limite pas à une couette en duvet d’oie argentée des Pyrénées triple confort et poser  un regard lucide, enfin presque,  sur notre environnement, sur nous-mêmes …

Mais même complètement éveillé, prêt à l’action, nourri au Ricoré et bardé de Nutella, force est de constater que, sûr de ma capacité en ma Raison, de ma maîtrise sur un réel désenchanté, je ne suis pas que raison… Les yeux grand ouverts, débarrassés des scories de l’enchantement religieux, il me faut bien admettre que je suis aussi  poésie, imaginaire, sensibilité irrationnelle, émotion, instinct, pensée refoulée, inconscient… Même ce que perçois dans l’immédiat est déjà transformé dans mon esprit: la sensation devient objet psychique soumis à divers traitements de la psyché.
Notre conscience raisonnée semble  se nourrir constamment d’impressions, de sensations passées au filtre de la Raison mais aussi de l’Imaginaire… Chaque filtre étant plus ou moins important selon la conformation mentale de chacun… Si l’on aime les étiquettes: les rationalistes, les positivistes, les rêveurs, les poètes...

Jung suggère même que nous naissons avec un inconscient chargé des expériences passées de l’espèce. Nous avons en nous de l’archaïsme, le fameux cerveau reptilien mais aussi un inconscient lourd déjà, à la naissance, du poids des millénaires (et qui se manifeste dans l’irruption de ce qu’il appelle les archétypes). Ainsi, nous sommes animés par des stimuli externes mais aussi par des forces internes, difficilement appréhendables mais présentes et actives et dont se nourrissent notre imaginaire, notre sensibilité, nos émotions,...nos névroses, nos complexes, nos peurs… Il reste toujours en nous une part du  primitif qui  agit selon des schémas dont la signification lui est inconnue.
Ne sommes-nous pas un  terrain de conflits entre le caché et le conscient, l’irrationnel et le rationnel, ce que nous nommons le bien et le mal, le subjectif et l’objectif, la joie et la peine. Dualité à laquelle il faut sans cesse échapper pour trouver le juste équilibre. Dualité peut-être nécessaire, propre à la vie elle-même et qui sans cesse se module, se transforme, se relativise … Les 2 faces du vivant entre lesquelles on louvoie en permanence et qu’il nous faudrait intégrer en une unité.
L’homme moderne veut dominer ses émotions mais la conscience ne se nourrit-elle pas aussi  de chocs émotionnels essentiels ? Lutter, dominer, combattre ce qu’on est au nom de codes sociaux dominants ou d’une idée peut-être erronée qu’on se fait de de soi-même semble un combat perdu d’avance…

Qu’il serait doux de faire de sa vie comme un reflet de ce moment fugitif de la rêverie matinale où l’esprit et le corps s’acceptent, où l’on baisse sa garde pour faire avec les différences, le réel et l’imaginaire, comme une imbrication idéale des contraires (à l’image du symbole du Yin et du Yang) !… Alors que, dès la journée commencée, la lutte interne, millénaire, se joue à nouveau dans notre petit théâtre intérieur...
Comme si nous avons perdu  une écoute particulière. … Une écoute  de nos rêves, de nos motivations profondes, de nos actes inconsidérés, de nos pensées fugaces, de notre volonté créatrice… Une écoute vers l’autre et l’ailleurs: l’homme, l’animal, la nature, le mystère… On a beaucoup écrit sur le « désenchantement du monde », inutile d’épiloguer...

Pour terminer: je ne peux m’empêcher de citer quelques passages de  Jung extraits de son livre « L’homme et ses symboles »

« Ce que nous appelons "la conscience de l'homme civilisé" n'a cessé de se séparer des instincts fondamentaux. Mais ces instincts n'ont pas disparu pour autant. Ils ont simplement perdu contact avec notre conscience et sont donc forcés de s'affirmer d'une manière indirecte.  » 

L'homme aime se croire maître de son âme. Ses dieux et ses démons n'ont pas du tout disparu. Ils ont simplement changé de nom. Ils le tiennent en haleine par de l'inquiétude, des appréhensions vagues, des complications psychologiques, un besoin insatiable de pilules, d'alcool, de tabac, de nourriture, et surtout par un déploiement impressionnant de névroses. 
L'homme moderne ne comprend pas à quel point son "rationalisme" (qui a détruit sa faculté de réagir à des symboles et à des idées numineux l'a mis à la merci de ce monde psychique souterrain. Il s'est libéré de la "superstition" (du moins il le croit) mais ce faisant, il a perdu ses valeurs spirituelles à un degré alarmant. Ses traditions morales et spirituelles se sont désintégrées, et il paie cet effondrement d'un désarroi et d'une dissociation qui sévissent dans le monde entier. »

samedi 30 juillet 2011

Etats d'âme. 3ème partie.






Pré-Préambule
C'est un peu long... Je m'excuse dès maintenant mais sachez que vous avez le droit à toute décharge émotionnelle devant vos écrans. Tout manifestation d'un état de l'âme est autorisée et même conseillée comme pousser des râles, m'insulter en Javanais, pester, fulminer, me maudire... Mais aussi prendre une tisane calmante, une pose-détente en fumant ce que vous voulez, prier (si c'est votre trip) pour que le temps passe plus vite, se montrer stoïque et aller jusqu'au bout ou m'envoyer aux oubliettes du Web en passant à autre chose...

Préambule
Ainsi, d'après Bergson, seul l'artiste, par on ne sait quel acte de générosité de la nature, aurait cette faculté de jouer ce rôle de montreur d'état d'âme ou de révélateur d'état d'âme, de capacité à dévoiler la réalité cachée.
Si aujourd'hui l'artiste a su redorer (en dollars aussi pour les plus chanceux ou les plus talentueux) son blason, il n'en a pas toujours été ainsi. Jadis l'artiste pouvait être « maudit » s'il osait aller au-delà du permis de son époque ou tout simplement être considéré comme un artisan comme les autres s'il travaillait à la commande.
Cela est très révélateur. Bergson attribue notre infirmité à ne pas percevoir le monde tel qu'il est à la nécessité qu'il faille agir sur lui. Le monde n'est pas fait pour être admiré, contemplé mais utilisé selon nos besoins. La nature aurait bien fait les choses. Imaginez un monde d'artistes ou de contemplatifs, un paradis mais comme tout paradis, un monde utopique… auquel il ne fallait même pas songer. Les patrons d'industrie l'ont compris très tôt et états d'âme et productivité n'ont jamais fait bon ménage… N'oublions pas que la civilisation grecque par exemple s'est épanouie dans une société esclavagiste. Philosophes et artistes avaient tout le temps de créer et de penser pendant que d'autres assuraient les besoins vitaux...

Pas d'état d'âme !
Si l'on revient un peu en arrière, on peut dire un grand merci, en ce qui concerne l'Occident, à Platon pour qui l'esprit rationnel se distinguait nettement des émotions. Et même les émotions pouvaient faire obstacle au bon développement de la pensée rationnelle. On en subit les conséquences depuis plus de 2000 ans, avec au passage un bon point pour Descartes au 17ème qui en rajoute une couche en associant même tout ce qui est du domaine de la passion, de l'émotion, à notre côté animal. On peut donc dire aussi un grand merci à Descartes sur ce point, champion toute catégorie de la pensée dualiste…
La raison doit donc dominer l'émotion. Comme si seul un esprit froid, détaché pouvait raisonner correctement. Nos états d'âme, on se les garde pour soi, on les occulte, on les refoule… Et nous en subissons toujours les conséquences. En particulier, le garçon, le futur adulte, qui, dès l'enfance, pendant des millénaires, sera éduqué à bannir ses états d'âme au profit d'une force d'âme ou d'une force tout court… Avoir des états d'âmes prend un sens péjoratif.
Paradoxalement, montrer ses états d'âme en société est mal vu mais se montrer sans états d'âmes est tout aussi négatif (synonyme d'incapacité à s'émouvoir, à ressentir , absence de scrupules parfois). Bref, des états d'âmes, il faut en avoir, y faire appel au besoin dans l'action mais ne pas en parler, ne pas les évoquer… sauf à confesse (l'intimité du divin)… ou sur un divan (l'intimité de la relation patient/psy)…. ou le creux d'un oreiller (l'intimité relationnelle).
Je crois l'avoir évoqué dans un autre article sur la mort, nos comportements depuis quelques dizaines d'années face à la mort sont symptomatiques. La volonté de cacher la mort, de l'occulter de notre paysage techno-scientifique a rejoint ce vieux tabou qui veille au blocage de nos états d'âme. Aux enterrements, les larmes sont souvent retenues, si possible. Un comportement stoïque, courageux, digne en public est apprécié. On évoque le passé du défunt en une cérémonie bien ordonnée et si l'émotion vient submerger le discours, on s'excuse !.. La passion ne doit pas prendre le pas sur la raison, l'ordre, le bel ordonnancement des choses …
Mais il y a bien un domaine où les états d'âmes furent bannis, voire réprimés, c'est bien le monde du travail. Ce monde n'a que faire de l'émotif. Pendant des siècles et surtout depuis le 19ème, l'émotion fut considérée comme une dispersion de l 'énergie au détriment de la productivité, de la rentabilité. Au point que Jules Lafargue écrivit son « Eloge de la paresse » pour mieux dénoncer le système. Dès que le travailleur passait la porte de l'usine ou du bureau, il était prié de laisser ses émotions à la maison.
Je me souviens, qu'avant 68, dans les Ecoles Normales qui formaient les Hussards de la République, il était fermement conseillé aux futurs instituteurs ou institutrices de se marier dès que possible car la dispersion d'une énergie (émotionnelle et sexuelle, voire les travaux de Reich) pouvait nuire à la qualité du travail. Un bon instit' était donc censé avoir un rapport physique hebdomadaire, de préférence le samedi de façon à récupérer le dimanche, à connaître la vie stable d'un foyer familial uni… C'était avant 68…. C'est un exemple parmi d'autres de formatage des esprits, de conditionnement qui fit que certains cherchèrent désespérément un jour « sous les pavés la plage »…

L'émergence de l'état d'âme.
Après 68, et surtout après l'avancée des sciences psycho-cognitives (travaux des Canadiens en particulier), les choses ont évolué.
Ici une citation de Donald Hebb, Canadien, fondateur de la psychobiologie cognitive: « L'être humain est l'animal le plus émotif qui soit. ». Ainsi peu à peu, le monde des émotions, grâce aussi aux apports précieux de la psychanalyse, va trouver ses lettres de noblesse, n'en déplaise à Platon, Descartes et d'autres qui en perdraient la raison s'ils pouvaient nous voir… L'émotion, jusqu'ici écartée, méprisée, devient objet d'étude. De nouveaux concepts apparaissent: on parlait de santé physique, de santé mentale. On parle désormais de santé émotionnelle. On retrouve notre trilogie corps/tête/cœur ou corps/esprit/âme.
On assiste à une véritable renversement de paradigme. L'employé idéal, au sein des organisations qui veulent relever les nouveaux défis contemporains (mondialisation, compétitivité, innovation, etc.), est celui qui est recruté non seulement pour son corps et sa tête mais également pour ses qualités d'âme, sa charge émotionnelle. On s'est aperçu par exemple, qu'on pouvait être présent au travail physiquement mais avoir une rentabilité faible car la tête et le « cœur » sont ailleurs… Il en a fallu du temps !… D'où la place accordée maintenant au management des ressources humaines. Est-ce une bonne chose ? C'est à voir… Le but n'a rien d'altruiste, il s'agit toujours de productivité… Quelle sera la part de la manipulation émotionnelle ?
Un autre aspect de l'après 68 est la libération progressive mais incomplète de l'enfermement de chacun dans les normes de chaque genre, féminin et masculin. Peu à peu, la femme se libère du carcan de l'émotivité, de l 'intuitif, du sensitif dans lequel on la contenait et l'homme échappe au rôle préparé pour lui dès la naissance du « macho » non dépourvu d'états d'âme mais contraint absolument de les contenir… Les digues se brisent . Chacun se reconnaît un peu mieux dans l'autre, la part du féminin en l'homme, la part du masculin en la femme. Et surtout, on ose le dire et l'exprimer même s'il y a encore du chemin à parcourir…
Depuis longtemps le théâtre puis le cinéma, (le roman aussi d'une certaine façon), véritables vecteurs catharsiques, nous ont permis de nous identifier, de vivre par procuration de multiples vies aux milles ressentis. Nous sommes autorisés le temps d'une pièce ou d'un film à décharger notre émotivité dans l'obscurité de la salle. Et quand nous sortons de la salle, nous faisons bonne figure en pestant contre ce pathos si facile. Il ne s'agissait pas de nous bien sûr !... Nous n'avons rien à voir avec cela. Mais pourquoi avais-je la gorge serrée ? Sur qui étais-je en train de verser une larme, le héros du film ou l'écho de moi-même qu'il me renvoyait ? Ici nous étions spectateurs priés de nous identifier aux acteurs.
Mais un nouveau vecteur de communication, Le Net, a changé complètement la donne. Il nous permet désormais d'être notre propre acteur. A charge pour moi d'être sincère: être moi-même devant mon clavier ou jouer un rôle et redevenir le spectateur de mon propre personnage fictif recréé pour les internautes… Qui m'en empêche ? Rien sauf la satisfaction de pouvoir encore me regarder en face dans une glace.
Ce nouveau vecteur bouleverse véritablement notre rapport à l'autre et à nous-même sur le plan des états d'âme avec toutes les possibilités qu'il offre de se raconter, de s'épancher, de s'exprimer …. La parole semble se libérer enfin même si les excès existent bien sûr. Nous en resterons seulement sur le plan qui nous intéresse ici. Le journal intime de jadis est devenu journal public à l'échelle mondiale, la lettre que l'on adressait à un être proche est devenu un texte offert à une multitude d'inconnus.
Dans la vie de tous les jours, on notait déjà une certaine inégalité dans la faculté de livrer ses états d'âme. Il y a souvent les émetteurs, les prolixes, qui ont cette faculté de se raconter à n'en plus finir et les récepteurs qui écoutent, absorbent comme des éponges...au risque de se perdre, de se noyer dans le flot des états d'âme d'autrui. Je crois que c'est Meta qui évoque cela dans un de ses beaux poèmes.
Avec la Net, les émetteurs n'ont plus le soucis de la quête d'une oreille compatissante, le monde s'offre à eux, à tous… Incroyable libération des états d'âme, véritable déversoir, le Net permet à chacun de surfer sur la vague (à l'âme) de ses émotions. Nous sommes en pleine expérimentation. Qu'en sortira-t-il ? That is the question…
Rappelons qu'avec la télévision, on n'a pas attendu le Web pour faire état de son âme. Les plus anciens se souviendront du « Divan » d'Henri Chapier où les invités célèbres se faisaient « psychanalyser » en tout bien tout honneur. Suivirent les premières émissions de Mireille Dumas (plus psy que celles d'aujourd'hui)  puis toute une série d'émissions axées sur le « spy » de plus en plus racoleuses. Etalages d'états d'âme pour un public friand, un peu voyeur ( c'est comme au ciné mais c'est pour de vrai) comme dans l'émission « Ca se discute ! » où le divan intime est devenu arène (le grand anima circus), avec des cas toujours un peu à la limite de l'exceptionnel. Le striptease de l'âme devient (grand) public… Le marché de l'âme rapporte dans un monde où chacun cherche la sienne, quitte à la déceler dans le spectacle des âmes d'autrui...
Mais nous restons à la surface, au niveau de l'écume… Exprimer ce qu'on ressent, dire sa peine, ses difficultés, sa mélancolie, son malaise, son désarroi, soulage. Les mots sont des exutoires, j'en sais quelque chose. Nous en savons tous quelque chose. Une sorte de catharsis par la mise en scène publique de nos états d'âme. Mais ne restons-nous pas à la surface des choses même si les mots soulagent les maux, comme on dit ?…
Citons un passage de Bergson publié précédemment: « Mais le plus souvent, nous n'apercevons de notre état d'âme que son déploiement extérieur. Nous ne saisissons de nos sentiments que leur aspect impersonnel, celui que le langage a pu noter une fois pour toutes parce qu'il est à peu près le même, dans les mêmes conditions, pour tous les hommes. Ainsi, jusque dans notre propre individu, l'individualité nous échappe. » Un langage à décoder donc ou, faute de mieux, avec lequel il faudra composer…

Au-delà de l'état d'âme.
Chacun, je crois, est libre de ses petits arrangements avec la vie, sa vie, le soulagement par les mots publics, l'expression artistique (que le Net a complètement libérée), la psychanalyse, le religieux, l'engagement dans une cause, le relationnel, la vie familiale, la maternité et la paternité, etc… tout ce qui finalement est à forte charge émotionnelle. Ou le renfermement et l'occultation (je ne veux pas voir ou dire ce qui ne va pas et je fais avec).
Il me semble qu'on n'a pas à choisir, il faut bien faire avec la trilogie, nous sommes faits de chair, de pensée, d' émotions. Comme dans tout système, lorsque l'une des parties domine au détriment des autres, le déséquilibre s'installe. Une émotion (ne pas confondre avec la pulsion) qui peut se traduire de multiples façons peut être l'expression résultant d'un évènement connu, extérieur à nous mais aussi un symptôme de quelque chose de plus profond qui se passe en soi. Elle n'est pas à réprimer, peut-être à canaliser. En terme de management, on dira gérer … pour faire moderne. Ou mieux, si on le peut, à interpréter, à analyser, c'est-à-dire remonter à la source de sentiments qui peuvent nous submerger si le flot grossit.
C'est peut-être ce qui semble le plus difficile et contradictoire, raisonner sur un ressenti, analyser de l'émotionnel… Il est difficile de le faire seul mais pas impossible, il est risqué et peu rentable de le faire avec son entourage proche, trop impliqué dans la relation. La psychanalyse est une approche possible mais longue et incertaine. La quête des profondeurs n'est pas sans risque, un peu comme dans « Le grand bleu » … à l'âme.
Pour ma part, on va jouer le jeu, j'ai toujours été partagé entre une tendance au contemplatif, à la mélancolie, un certain pessimisme, une certaine difficulté à apprécier les choses simples et une « force » qui me poussait toujours à réagir, ne pas baisser les bras, à entrer dans l'action… Les outils, les bases de cette énergie, même si elle a tendance à s'épuiser un peu avec l'âge, sont la famille, l'Art (mais là on pourrait discuter longuement des véritables motivations), et une certaine façon de prendre la vie, d'une manière un peu détachée, avec une dose d'humour, sans tomber dans le cynisme… Piège que nous tend souvent la Mélancolie quand elle réclame son dû... Et quelle est la part du surmoi, du devoir assimilé et intégré, dans cette capacité à faire ce qu'il y a à faire ?…
Avec l'âge aussi, on s'attache plus aux valeurs véritables, on cerne mieux les fausses motivations qui cachent souvent un trait de vanité, on se tourne plus facilement vers l'essentiel, vivre, ne pas être seul, être avec ses proches, relativiser tout en ne renonçant pas… A chacun sa « maladie » de la vie et son remède, je sais mieux maintenant pourquoi j'ai pu agir et ressentir ainsi à tel ou tel moment… Mais dans ce que je sais, quelle est la part de la véritable conscience des choses, des ruses de l'esprit, du conditionnement ? Rien de nouveau sous le soleil, l'enfance y est pour beaucoup. Mais je n'irai pas plus loin sur ce plan…
Ainsi, l'un des couples dualistes les plus rigides semble sauter, le couple privé/public sans qu'on en sache encore les conséquences (sauf Sarko, voir les sondages…), l'intime ose s'afficher de plus en plus. Pour quelles raisons ?
On peut émettre quelques hypothèses. Une époque où l'individualisme n'a jamais été aussi prononcé, un malaise social certain et une crise des valeurs augmentée par la sensation qu'on « marche » au jugé vers l'inconnu… Un conditionnement médiatique qui fait croire à tous que la réussite (la gloire) facile et rapide est possible, il suffit d'oser, de s'exposer (émissions de TV réalité, etc…). Au nom de l'individualisme, le droit à chacun de se dire, de s'exprimer, de se raconter d'où l'explosion de tous les actes artistiques , l'art pour l'art… favorisée par le web. Mais regardez l'édition. On n'a jamais autant écrit sur soi, célébrités ou inconnus à qui il arrive quelque chose (même si c'est un « nègre » » qui rédige…).
Nous avons su, peu ou prou, faire sauter les verrous de la Censure, de l'Eglise, libérer la pensée, libérer les corps, libérer nos émotions. Mais il reste la censure la plus prégnante, celle dont on ne débarrasse pas si facilement, l'auto-censure, le (auto) conditionnement… Mais sachons nous souvenir que la libération induit la responsabilité. Un monde sans inhibition, totalement libre, sans limites serait une sorte d'enfer sur terre… Ne faisons pas de l'individualisme une quête narcissique perdue d'avance.
Je crois que, malgré tous les débordements que nous connaissons actuellement, nous vivons une période charnière, les anciens repères ont volé en éclats, chacun se cherche (états, peuples, individus), période de transition qui peut accoucher d'un renouveau...ou d'un monstre.
Entre un monde gouverné par la raison purement économique, au nom de la seule rentabilité, et un monde livré aux passions incontrôlées (souvent ancrées dans le religieux) , il doit bien y avoir un équilibre à trouver, à mettre en place, qui ne soit ni utopie ni défaitisme, un monde qui prend en compte l'humain en son entier et dans son environnement, pour ce qu'il est, avec ses faiblesses et ses souffrances, ses contradictions et ses erreurs, mais aussi ses états d'âme surtout quand ils savent se muer, de temps à autre, en grandeur d'âme…
Faire état des états d'âme prend du temps. Merci aux bonnes âmes qui ont eu le courage d'aller jusqu'au bout...

Etats d'âme. 2ème partie.






 
Voici un extrait d'un texte de Bergson que je vous livre tel quel et que je trouve intéressant à plus d'un titre. S'il pose la question classique de la perception forcément déformée que nous avons de la réalité (extérieure et intérieure), s'il aborde le statut de l'artiste et l'objet de l'Art dans nos sociétés, il revient aussi souvent sur cette idée de réalité intérieure, d'état d'âme… que la nature s'efforce de nous occulter au nom de l'action pratique, du besoin, bref de la rentabilité…
Je vous le laisse apprécier et je reviendrai dans un 3ème volet, d'une manière plus personnelle, sur ces notions d'état d'âme, de sensibilité, de sentiment, d'émotion et la place que notre société pragmatique et raisonnée a bien voulu leur accorder...

Si la réalité venait frapper directement nos sens et notre conscience, si nous pouvions entrer en communication immédiate avec les choses et avec nous-mêmes, je crois bien que l'art serait inutile, ou plutôt que nous serions tous artistes, car notre âme vibrerait alors continuellement à l'unisson de la nature. Nos yeux, aidés de notre mémoire, découperaient dans l'espace et fixeraient dans le temps des tableaux inimitables. Notre regard saisirait au passage, sculptés dans le marbre vivant du corps humain, des fragments de statue aussi beaux que ceux de la statuaire antique. Nous entendrions chanter au fond de nos âmes, comme une musique quelquefois gaie, plus souvent plaintive, toujours originale, la mélodie ininterrompue de notre vie intérieure. Tout cela est autour de nous, tout cela est en nous, et pourtant rien de tout cela n'est perçu par nous distinctement. Entre la nature et nous, que dis-je ? entre nous et notre propre conscience, un voile s'interpose, voile épais pour le commun des hommes, voile léger, presque transparent, pour l'artiste et le poète. Quelle fée a tissé ce voile ? Fut-ce par malice ou par amitié ?
Il fallait vivre, et la vie exige que nous appréhendions les choses dans le rapport qu'elles ont à nos besoins. Vivre consiste à agir. Vivre, c'est n'accepter des objets que l'impression utile pour y répondre par des réactions appropriées : les autres impressions doivent s'obscurcir ou ne nous arriver que confusément. [……] Mes sens et ma conscience ne me livrent donc de la réalité qu'une simplification pratique.
[……]
Enfin, pour tout dire, nous ne voyons pas les choses mêmes ; nous nous bornons, le plus souvent, à lire des étiquettes collées sur elles. Cette tendance, issue du besoin, s'est encore accentuée sous l'influence du langage. Le mot, qui ne note de la chose que sa fonction la plus commune et son aspect banal, s'insinue entre elle et nous, et en masquerait la forme à nos yeux si cette forme ne se dissimulait déjà derrière les besoins qui ont créé le mot lui-même. Et ce ne sont pas seulement les objets extérieurs, ce sont aussi nos propres états d'âme, qui se dérobent à nous dans ce qu'ils ont d'intime, de personnel, d'originalement vécu. Quand nous éprouvons de l'amour ou de la haine, quand nous nous sentons joyeux ou tristes, est-ce bien notre sentiment lui-même qui arrive à notre conscience avec les mille nuances fugitives et les mille résonances profondes qui en font quelque chose d'absolument nôtre ? Nous serions alors tous romanciers, tous poètes, tous musiciens. Mais le plus souvent, nous n'apercevons de notre état d'âme que son déploiement extérieur. Nous ne saisissons de nos sentiments que leur aspect impersonnel, celui que le langage a pu noter une fois pour toutes parce qu'il est à peu près le même, dans les mêmes conditions, pour tous les hommes.
Ainsi, jusque dans notre propre individu, l'individualité nous échappe.
Nous nous mouvons parmi des généralités et des symboles, comme en un champ clos où notre force se mesure utilement avec d'autres forces ; et fascinés par l'action, attirée par elle, pour notre plus grand bien, sur le terrain qu'elle s'est choisi, nous vivons dans une zone mitoyenne entre les choses et nous, extérieurement aux choses, extérieurement aussi à nous-mêmes.
Mais de loin en loin, par distraction, la nature suscite des âmes plus détachées de la vie. Je ne parle pas de ce détachement voulu, raisonné, systématique, qui est oeuvre de réflexion et de philosophie. Je parle d'un détachement naturel, inné à la structure du sens ou de la conscience, et qui se manifeste tout de suite par une manière virginale, en quelque sorte, de voir, d'entendre ou de penser. Si ce détachement était complet, si l'âme n'adhérait plus à l'action par aucune de ses perceptions, elle serait l'âme d'un artiste comme le monde n'en a point vu encore. Elle excellerait dans tous les arts à la fois, ou plutôt elle les fondrait tous en un seul. Elle apercevrait toutes choses dans leur pureté originelle, aussi bien les formes, les couleurs et les sons du monde matériel que les plus subtils mouvements de la vie intérieure. Mais c'est trop demander à la nature. Pour ceux mêmes d'entre nous qu'elle a faits artistes, c'est accidentellement, et d'un seul côté, qu'elle a soulevé le voile. C'est dans une direction seulement qu'elle a oublié d'attacher la perception au besoin. Et comme chaque direction correspond à ce que nous appelons un sens, c'est par un de ses sens, et par ce sens seulement, que l'artiste est ordinairement voué à l'art. De là, à l'origine, la diversité des arts. De là aussi la spécialité des prédispositions.
Celui-là s'attachera aux couleurs et aux formes, et comme il aime la couleur pour la couleur, la forme pour la forme, comme il les perçoit pour elles, et non pour lui, c'est la vie intérieure des choses qu'il verra transparaître à travers leurs formes et leurs couleurs. Il la fera entrer peu à peu dans notre perception d'abord déconcertée. Pour un moment au moins, il nous détachera des préjugés de forme et de couleur qui s'interposaient entre notre oeil et la réalité. Et il réalisera ainsi la plus haute ambition de l'art, qui est ici de nous révéler la nature.
D'autres se replieront plutôt sur eux-mêmes. Sous les mille actions naissantes qui dessinent du dehors un sentiment, derrière le mot banal et social qui exprime et recouvre un état d'âme individuel, c'est le sentiment, c'est l'état d'âme qu'ils iront chercher simple et pur. Et pour nous induire à tenter le même effort sur nous-mêmes, ils s'ingénieront à nous faire voir quelque chose de ce qu'ils auront vu : par des arrangements rythmés de mots, qui arrivent ainsi à s'organiser ensemble et à s'animer d'une vie originale, ils nous disent, ou plutôt ils nous suggèrent, des choses que le langage n'était pas fait pour exprimer.
D'autres creuseront plus profondément encore. Sous ces joies et ces tristesses qui peuvent à la rigueur se traduire en paroles, ils saisiront quelque chose qui n'a plus rien de commun avec la parole, certains rythmes de vie et de respiration qui sont plus intérieurs à l'homme que ses sentiments les plus intérieurs, étant la loi vivante, variable avec chaque personne, de sa dépression et de son exaltation, de ses regrets et de ses espérances. En dégageant, en accentuant cette musique, ils l'imposeront à notre attention ; ils feront que nous nous y insérerons involontairement nous-mêmes, comme des passants qui entrent dans une danse. Et par là ils nous amèneront à ébranler aussi, tout au fond de nous, quelque chose qui attendait le moment de vibrer.
Ainsi, qu'il soit peinture, sculpture, poésie ou musique, l'art n'a d'autre objet que d'écarter les symboles pratiquement utiles, les généralités conventionnellement et socialement acceptées, enfin tout ce qui nous masque la réalité, pour nous mettre face à face avec la réalité même. C'est d'un malentendu sur ce point qu'est né le débat entre le réalisme et l'idéalisme de l'art. L'art n'est sûrement qu'une vision plus directe de la réalité. Mais cette pureté de perception implique une rupture avec la convention utile, un désintéressement inné et spécialement localisé du sens ou de la conscience, enfin une certaine immatérialité de vie, qui est ce qu'on a toujours appelé de l'idéalisme. De sorte qu'on pourrait dire, sans jouer aucunement sur le sens des mots, que le réalisme est dans l'œuvre quand l'idéalisme est dans l'âme, et que c'est à force d'idéalité seulement qu'on reprend contact avec la réalité .
Bergson, « Le rire »

Etats d'âme. 1ère partie.






"Objets inanimés , avez-vous donc une âme…. ?", disait le poète. On peut avec lui avoir du vague à l'âme ou pleurer à fendre l'âme. Juger en son âme et conscience ou agir sans état d'âme… ou bien la mort dans l'âme. Chercher l'âme sœur pour ne plus avoir l'âme en peine… On consomme de l'âme à toute les sauces, douces, légères ou fortes et piquantes… Mais le nec plus ultra est de se donner corps et âme (au risque de se damner ?) .
Si le mot âme a tant de succès au box office des expressions (et je passe les citations, on peut les compter par milliers), c'est bien parce qu'il désigne le principe vital de toute vie qui permet à un être vivant de « s'animer », de se mouvoir. Pris de ce sens très large, tout être vivant a donc une âme qui se confond avec la vie même... fusse-t-elle végétative. Quant aux objets inanimés ???… Je vous laisse le choix de la réponse. Les animistes ne contrediront pas Lamartine. :)
Mais très vite, dès Platon, l'âme se charge d'une autre dimension, spirituelle et en rapport avec la divinité. Platon considérait que l'âme était une entité divine déchue, réfugiée dans le corps, un corps qu'elle quittait au moment de la mort pour se réincarner ou retrouver le monde des Idées... Métempsychose, très proche du Samsara bouddhiste. Bien avant déjà, les Egyptiens avaient concocté toute une batterie d'entités qui survivaient au corps (le Ba, le Ka, l'Akhs...). Par contre, il est intéressant de noter, que, dès cette époque, Epicure pensait que l'âme mourait avec le corps... Une force d'âme, cet Epicure.
Ainsi, très tôt, l'homme n'a pas pu concevoir un principe de vie pouvant exister en soi mais qu'il fallait forcément rattacher à un être, un ordre supérieur. Naissance de la transcendance: l'âme n'est plus principe de vie mais se sépare de la vie elle-même… Mais y-a-t-il âme qui vive dans nos paradis exotiques ? That is the question...

Traditionnellement, l'esprit était le domaine de la pensée, l'âme le siège des émotions. C'est toujours le cas.
Mais l'église chrétienne s'en est mêlée et a voulu donner définitivement à l'âme sa dimension spirituelle... par décret. On passe de la trinité corps/âme/esprit (l'âme faisant en quelque sorte tampon entre le corps et l'esprit à la dualité corps/âme (âme et esprit ne font plus qu'un). Un corps et une âme pour l'Eglise qui s'opposent évidemment ! Et ceux qui prétendent le contraire sont déclarés hérétiques, cela va de soi... L'âme est donc pour les Chrétiens, une sorte de parcelle divine ou de reflet de l'esprit divin, immortelle, et qui, hors du temps et de l'espace, rejoint son créateur après la mort, dans le meilleur des cas… C'est rassurant pour toute âme en peine...

Aujourd'hui, la notion d'âme, dans un sens général non religieux, semble recouvrir essentiellement l'essence de la personnalité d'un individu et plus particulièrement être le siège des émotions et des sentiments. Dans une acceptation large du terme,  elle représente l'ensemble des fonctions psychiques, soit la psyché, c'est-à-dire l'ensemble des manifestations conscientes et inconscientes de la personnalité. La face cachée de nous-mêmes. Lame (l'âme) de fond de nos actes, en bien ou en mal...

Selon certaines interprétations modernes, Psyché (personnage mythique) serait le symbole de l'âme humaine et de ce qui ne peut être formulé. On en fait ainsi parfois une image de l'inconscient (Jung)... qui meurt avec le corps évidemment. Ce mot à la fois pratique et bien flou, associé à l'intellect, recouvre en fait l'essentiel de ce que nous sommes, de ce qui nous ANIME consciemment et inconsciemment. Le médecin de l'âme sera alors, selon notre croyance, le prêtre ou le psy !... ou un bon whisky écossais de 15 ans d'âge. Chacun selon ses goûts.
Et vous, mesdames, n'accusez pas le ciel, et sachez voir surtout la force d'âme de l'être aimé dès que « l'amant peine » ou sachez comprendre ce que peut masquer une faiblesse passagère d'un objet soudainement inanimé… :)
Mais revenons aux choses sérieuses sinon je risque de passer pour une âme corrompue.

Tout dépend en fait de ce qu'on entend par âme,  le sens primaire du terme (anima),  le sens moderne du terme (psyché, personnalité),  le sens religieux (entité immortelle). Un athée ne peut adhérer à la conception religieuse d'une âme immortelle mais peut voir dans la notion d'âme bien des choses… Il y a certainement l'âme d'un…….. ou d'une………...qui sommeille en vous.

Au fait, les animaux ont-ils une âme ? On leur doit bien cela puisque le mot latin anima a donné le mot animal !

jeudi 28 juillet 2011

Peut-on tout expliquer ?


Est-ce que, paradoxalement, la foi, ne fut pas et n'est pas toujours, d'une certaine manière, l'ultime tentative de "rationalisation" une fois que l'homme eut compris que certains domaines étaient hors de son champ de compréhension... Le besoin de comprendre, de trouver des causes, des "raisons" à toute manifestation est tellement puissant qu'il lui fallut en trouver, quitte à en inventer sous la forme de divinités...

Il s'agit de l'Homme en général... ensuite, chacun prend la chose comme il l'entend.

Chez certains, ce besoin est entièrement satisfait par les avancées actuelles de la science, ils s'accommodent des parcelles d'inconnu qu'ils confient à la
science de demain... ou qu'ils acceptent en tant que telles. Tout n'est peut-être pas explicable même si le besoin existe en nous... Il faut peut être savoir le faire taire en soi de temps à autre et accepter nos limites. Là est l'enjeu: savoir vivre en perpétuel questionnement tout en s'accommodant de la Vie sur laquelle nous avons peu de prises... Je serais plutôt dans cette mouvance.

D'autres ouvrent plus le champ au
spirituel, se rangeant dans une vision plus dualiste du monde...

D'autres encore ont choisi la voie de la Religion. Je parlais plus haut de la
foi comme ultime recours, ultime forme de tentative d'explication du monde. Mais la comparaison s'arrête là... Dans ce cas, la "raison" entendue comme recherche de causes explicatives se fige, se pétrifie en une Vérité immuable, n'évolue plus dès qu'elle s'est trouvée, et cela malgré les apports incessants de la modernité (exemple de l'évolution et du créationisme)... Elle devient alors une forme de déraison, de pensée crispée sur elle-même...

Quant à la question de départ... La science, la philosophie, etc... cherchent à tout expliquer, c'est leur domaine, c'est tout à fait normal... Ensuite, moi, en tant qu'individu, en tant que "consommateur" de la Vie, il m'appartient à moi seul de juger, selon mes intérêts, la quantité et la qualité d'informations que j'irai puiser dans le domaine du savoir...

Je ne crois pas que le fait de savoir comment fonctionne la photosynthèse, le fait de m'intéresser à l'as
tronomie par exemple m'empêchera d'apprécier les merveilles de la nature... Lorsque nous sommes en situation, le cerveau est bien fait quand même, nous vivons et apprécions l'instant pour ce qu'il est sans être parasité par la somme de nos connaissances. Heureusement, sinon un gynéco ou un gastro aurait de sérieux problèmes de sexualité...
Mais il est certain que ce que je sais ne me fait pas tout à fait percevoir le ciel de la même façon que si je ne m'étais jamais intéressé à l'astronomie... Et la part de Mystère que renferme ce ciel insondable, que l'Astronomie n'a pas encore ou ne pourra jamais expliqué, lui donne encore plus d'attrait... à mes yeux. La connaissance est aussi attractive que l'inconnu...

Si l'on extrapole au domaine culturel, c'est tout l'enjeu qui fait qu'une peinture, un film, une sculpture, une cathédrale, seront appréhendés à des degrés divers par les uns et par les autres...

Ce n'est pas tout vouloir expliquer qui est une gène, c'est vouloir en faire un système, une obsession et surtout ne pas assimilé, digéré les informations pour les faire nôtres, savoir les trier pour les intégrer à notre propre système de pensée, nos propres schémas mentaux, en un mot notre personnalité... qui nous fera un jour ressentir, éprouver, aimer, haïr, etc...
Pourquoi y aurait-il toujours opposition entre le savoir et le ressenti ? Sauf quand l'émotion masque la connaissance, la perception.... Si je dois me faire opérer demain, je préfère que mon chirurgien sache maîtriser quelque peu ses émotions au profit de son savoir...

Tout en sachant que nous sommes imprégnés de schémas mentaux collectifs bien malgré nous...mais cela est une aut
re histoire.