... et aussi le simple plaisir d'écrire.

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Un peintre qui crée essentiellement une peinture figurative qu'on peut appeler fantastique, onirique, surréaliste,... Comme on veut... Bien que je ne sois pas insensible à toute forme d'art pourvu qu'elle me paraisse sincère et qu'elle provoque quelque chose en moi... Depuis toujours, je tente de peindre l'individu et la multitude, la matière brute et la lumière intérieure, l'arbre de vie, la femme et les racines, l'enfant et le devenir, la foule errante en quête de valeurs à retrouver, les voies parallèles, les mystères des origines et de la fin dernière... Les “SEUILS”, les félures, les passages qui font de nous d’ éternels errants insatisfaits entre mondes réels et rêvés , entre soi et autrui, entre Vie et Mort, entre bonheur et malheur... Un acte de peindre, nécessaire, à l'origine de rencontres furtives mais intenses, et qui fait naître, quelquefois, au bout d'un pinceau fragile, une parcelle de soi... ...ou tout simplement le plaisir et la douleur de créer...
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jeudi 28 juillet 2011

Espoir et espérance. 2ème partie.

Suite ...

Si on se méfie de l'espoir dans le sens où un penchant excessif pour un futur idéalisé nous fait passer à côté du bonheur de se satisfaire de ce que l’on
vit au présent, si certaines sagesses épicuriennes ou orientales nous incitent à désirer ce qui dépend de nous et à agir maintenant plutôt que de vivre dans l'espérance avec peut-être la déception au bout du chemin, il s'agit surtout d'un idéal qu'on n'atteint jamais, à mon avis... L'espoir est chevillé à nous, on en a besoin, même si on se dit sans illusion. Ne serait-ce que l'espoir de guérir quand on est malade...

Le philosophe
Alain a écrit de belles pages simples et vraies dans ses "Propos sur le bonheur". Il ne s'agit pas de vivre sans espoir mais de donner un avertissement à ceux qui ne sauraient vivre que dans une satisfaction rêvée, fantasmée du futur au détriment de la satisfaction simple de l'instant... Tout en sachant qu'il ne sagit pas d'une règle, d'une généralité mais d'un principe de vie pouvant simplement servir de guide, en filigrane... On ne va pas demander à un accidenté qui gît sur son lit d'hôpital de jouir de l'instant présent !... C'est là que l'espoir joue un rôle éminent.


L'espoir n'est pas simplement qu'une somme d'illusions.

Un
espoir ancré dans le réel (c'est peut-être une antithèse mais c'est pour le différencier des délires irrationnels et compulsifs qui peuvent nous mener au désastre), c'est une sorte, à mon avis, de mixture faite d'un peu d'illusions, d'un zest de rêves et d'utopies, d'une bonne dose de lucidité et de connaissance de soi, d'un fort pourcentage de détermination, de conviction et de volonté... Mais tout dépend des situations. Selon les cas, il faudra varier la quantité des ingrédients ...

Comme quoi selon ce qu'on vit, la façon dont le vit, le même principe, l'espoir, pourra être perçu comme un moteur (projet), un support (psychologique) ou au contraire un piège (course stérile toujours insatisfaite vers l'avenir )...
On peut
aussi avoir une vision négative de l'humanité en soi, n'avoir plus d'illusion à son sujet mais entretenir un espoir au niveau individuel ( pour soi ou pour les autres)... On peut toujours espérer d'un individu qu'il s'améliore en tant que personne que j'ai pu juger et apprécier, d'une situation précise qu'elle évolue sur laquelle j'ai prise... Si le Tout semble en perdition, les parties qui le composent, prises séparément, ne sont pas forcément mauvaises

J'ai déjà croisé des personnes, c'est rare je l'accorde, qui ne fondaient pas tout sur l'espoir. Ne pas avoir d'espoir veut dire, dans ce sens là, ne pas avoir toujours le regard porté vers l'avenir, entreprendre bien sûr, anticiper et prévoir, mais d'une manière lucide et sereine... sans se donner des buts hors de portée.

Ces personnes avaient cette faculté de vivre l'instant présent sereinement, de faire leur travail en s'y impliquant totalement dans l'instant, de communiquer pleinement en donnant l'impression aux autres qu'ils étaient disponibles, à l'écoute, entièrement là, et pas déjà dans leur tête sur ce qu'ils feront l'heure suivante... Il se dégage alors d'elles-mêmes une sorte tranquillité sereine, d'aura empathique parce qu'elles se donnent totalement et calmement au présent dans ce qu'elles font, dans ce qu'elles disent et même dans ce qu'elles projettent ( un espoir sans illusion, un espoir mesuré et maîtrisé...)...
C'est un
équilibre à trouver entre espérer sans tomber dans des rêves impossibles (ce qu’on peut appeler illusions) car l'espoir nous aident tous à avancer et ne pas espérer pour pouvoir jouir de ce qu'on a et pas seulement agir pour ce qu'on voudrait avoir...

Mais de toute façon, tendre vers cet idéal qui consiste à se libérer des chaînes de l'espérance (attendre toujours quelque chose...), c'est aussi espérer quelque chose de quasi impossible. On tourne alors en rond… comme des poissons pris dans la nasse d’un tourbillon insensé où surnager est déjà un exploit ...



Espoir et espérance. 1ère partie.

Certains font une différence entre l’espoir et l’espérance.

L’espoir se rattacherait à notre vie terrestre, quotidienne, matérielle. Il a les pieds sur terre, bien ancré dans la glaise, même si parfois il se permet des rêves impossibles.

L’espérance aurait plutôt les yeux tournés vers le ciel ou l’après-mort. Elle relève de la transcendance. La transcendance appartient à tous… Ce qui n’a pas empêché les religions de se l’approprier, en particulier le Christianisme, comme si le droit à l’espérance, le visa de sortie, ne pouvait être délivré que par lui… C’est d’ailleurs ainsi que l’entendait Sarkozi dans son livre, « La république, les religions, l’espérance » et dans son discours au Vatican lorsqu’il affirma qu’un prêtre était mieux qualifié pour donner de l’espérance qu’un instituteur… En fait, l'enjeu a d'abord été de nous débarrasser du poids de l'Espérance religieuse et de poser la transcendance comme pouvant exister sans religion. Il a été ensuite de nous débarrasser en Occident de cette course obligée au bonheur qui semble toujours nous échapper au moment ou on semble l'atteindre.

On a peine à imaginer une vie sans espoir. On l’assimile aussitôt à une vie désespérée. Le non espoir signifierait désespoir…
Si l’homme a un cerveau qui lui permet d’anticiper, d’imaginer, de se projeter, ce n’est pas pour rien.
J’ai déjà évoqué l’ambition, du désir, des croyances, de l’illusion, ...Tout cela semble avoir parti lié… Espérer c’est désirer, c’est croire que demain sera meilleur, c’est croire en l’avenir, c’est avoir des rêves, de l’ambition dans le bon sens du terme… C’est aussi bien souvent le ferment des convictions, ce qui nous aide à nous déterminer en vue des fameux « lendemains qui chantent »…

Mais problème… Si l'espoir est lié à un futur matériel, psychologique, etc ... c'est à dire à un bonheur possible, tout va bien tant qu’on a visé juste sinon la place est grande ouverte au ressentiment, à la récrimination, au ressassement et en fin de compte au report de la culpabilité sur les autres, comme le dit si bien Abd Al Malik dans sa chanson « Les autres », hommage à Jacques Brel...

Quelqu'un a dit
« le bonheur est une promesse », c’est-à-dire qu’il résiderait dans l’attente… l’espoir de bonheur. Il me semble qu’il doit être aussi l’acte qui me permet de combler cette promesse sinon la vie ne serait qu’espoir. Mis encore faut-il avoir les moyens de ses actes...
C’est la grande force du Christianisme d’avoir fait de l’espoir une espérance, d’avoir remiser l’espoir aux calendes grecques, promis le bonheur dans les cieux tout en le faisant dépendre de ce que nous faisons sur cette terre de souffrances… Un joli coup de force: agissez dès maintenant dans l’espoir ….d’un résultat que vous n’obtiendrez pas ici bas.

Je crois que notre conception de l’espoir et du bonheur sont typiquement occidentale. Les sagesses asiatiques voient la choses autrement. Ainsi qu'Epicure ou Spinoza qui ont inspiré un philosophe contemporain, Henri Comte-Sponville. Il a écrit un petit livre intitulé « Le bonheur désespérément » où il tente de sortir de cette emprise de l’espoir ou de l’espérance. Il y a beaucoup à dire
.
Juste une citation: " Il y a plaisir, il y a joie quand on désire ce qu’on a, ce qu’on fait, ce qui est. C’est ce que j’appelle le bonheur en acte. En un certain sens, c’est un bonheur désespéré car c’est un bonheur qui n’espère rien ".
Je crois qu'il y a deux pôles opposés aussi dangereux l'un que l'autre lorsqu'ils sont extrêmes,
l'idéalisme et le nihilisme... Encore une fois, on va revenir au "juste milieu" et selon les circonstances de la vie, on sera ballotté de l'un à l'autre, comme de Charybde en Sylla, à moins de trouver la ligne médiane: une vision réaliste mais confiante de l'homme en tant que personne perfectible tout en restant lucide et sans trop d'illusion sur l'Humanité dans sa globalité, une projection de ses désirs et de ses espoirs raisonnée qui s'appuie si possible sur une bonne connaissance de ses réelles chances de les combler, une attitude active et volontaire dans le présent tout en ménageant des parts de rêves et d'illusions qui nous sont nécessaires mais ne doivent pas devenir des pièges oniriques stériles et paralysants...


Ne se faire aucune illusion dans le sens où on regarde la réalité en face telle qu'elle est, c'est du réalisme, de la lucidité. Cette réalité a ses faces positives et négatives, ses moments difficiles et ses instants de sérénité... même s'il ne se nourrit pas d'illusions. On en est tous un peu là, sans illusion sur l'humanité avec un grand H peut-être, mais avec ses doutes personnels et ses espoirs avoués ou non, conscients ou inconscients (ils te font alors te lever le matin )...

Pour un bouddhiste, l'absence d'espoir n'est pas le désespoir par exemple... C'est nous qui envisageons l'absence d'espoir comme un désespoir car nous envisageons la vie comme une quête perpétuelle d'un bonheur qui semble toujours hors de portée...