... et aussi le simple plaisir d'écrire.

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Un peintre qui crée essentiellement une peinture figurative qu'on peut appeler fantastique, onirique, surréaliste,... Comme on veut... Bien que je ne sois pas insensible à toute forme d'art pourvu qu'elle me paraisse sincère et qu'elle provoque quelque chose en moi... Depuis toujours, je tente de peindre l'individu et la multitude, la matière brute et la lumière intérieure, l'arbre de vie, la femme et les racines, l'enfant et le devenir, la foule errante en quête de valeurs à retrouver, les voies parallèles, les mystères des origines et de la fin dernière... Les “SEUILS”, les félures, les passages qui font de nous d’ éternels errants insatisfaits entre mondes réels et rêvés , entre soi et autrui, entre Vie et Mort, entre bonheur et malheur... Un acte de peindre, nécessaire, à l'origine de rencontres furtives mais intenses, et qui fait naître, quelquefois, au bout d'un pinceau fragile, une parcelle de soi... ...ou tout simplement le plaisir et la douleur de créer...
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samedi 30 juillet 2011

Tradition et Progrès, le couple infernal. 2ème partie.


Suite ... 

Dès le début du 20 ème siècle, les illusions du progrès furent contestées. A l’opposé, de Marx, certains penseurs comme Weber, Popper, estiment que l’Histoire n’a pas de sens, pas plus que la nature, que c’est le scientisme qui a donné à l’humanité l’illusion d’un but, d’un destin. Les progrès de l’Anthropologie, avec Lévy-Strauss, nous ont aussi amené à réviser notre copie: le progrès n’est pas cumulatif mais procède par bonds, par sauts, avec des changements d’orientation. Il n’est pas nécessaire et continu. Les sociétés auparavant placées sur l’échelle du temps semblent se disperser et se diversifier dans l’espace, avec leurs valeurs propres. Le lien entre progrès moral et scientifique, technique vole en éclats. L’intégrisme et le nationalisme fait rage et la torture sévit à nos portes, en Algérie, au Kosovo. Et que penser en effet d’un peuple qui a aussi bien excellé dans les domaines de la musique, de la philosophie, de la pensée en général et dans le domaine de l’horreur et de la mort organisée, planifiée... Et pense-t-on mieux aujourd’hui que Platon ?
D’autre part, certains repères ont disparu: la mort du communisme a laissé le champ libre à une idéologie libérale productiviste souvent mal contrôlée. Ce qui se passe en Russie est effroyable. La société se mondialise et l’individu qui a perdu toute confiance dans le politique semble noyé, infime parcelle, dans un monde qu’il ne cerne plus, où il ne trouve plus sa place, où les décisions semblent être ailleurs.... Le progrès était lié à l’idée de transfert entre générations, lié souvent à l’idée d’un temps long or tout va trop vite et le corps social est de plus en plus fragilisé.

C’est à nous de faire en sorte que la tradition continue sa fonction de transmission et de régénération tournée vers le progrès, à nous d’être capables sans cesse de nous projeter dans l’avenir, sur la base de nos principes, à nous de nous surveiller constamment afin de pouvoir être exemplaires



De toute façon, la perte des illusions religieuses est aussi difficile à assumer que la perte des illusions liées au progrès. On se retrouve seuls dans les 2 cas.
Après avoir espéré le salut dans un ailleurs d'outre-tombe, espéré le salut dans un futur technologique sur terre, on en est au même point. On a cru, par la foi dans le progrès, pouvoir instaurer un paradis, ici et maintenant... On s'en mord les doigts aujourd'hui car nous avons oublié que toute avancée technologique, quelle qu'elle soit, doit se fonder sur une éthique, une conscience, une responsabilité, une analyse lucide des limites...
Ainsi la morale n'a pas suivi ou trop lentement... Il fut illusoire de croire au bonheur par l'objet au détriment du bonheur de soi, en soi, et avec l'autre…


J'ai bien l'impression que l'homme se veut et se pense sans limites. Du moins, s'il connaît ses limites actuelles, il les pense comme provisoires, pouvant être vaincu un jour...
Les seules limites réelles sont peut-être la mort (on n'a pas encore trouvé l'elixir de la vie éternelle, sauf Jésus bien sûr) et la notion de l'infini qu'on ne peut même appréhender, que ce soit sur le mode rationnel ou imaginaire.

Sinon, nous avons fait très fort pour repousser les limites de l'horreur par exemple tout au long du 20ème siècle... Camps de la mort, Goulag, génocide, tortures et massacres raffinés, bombes H, etc... Nous avons sû repousser les limites de l'impensable, de l'indicible: l'horreur pure, d'autant plus insupportable qu'elle fut théorisée, planifiée, rigoureuse, exécutée de manière quasi scientifique. L' hoome a su mettre un esprit rationnel au service de son inhumanité. Fait le faire quand même !...
Ici, ce sont plus les limites de notre inhumanité qu'on a dépassées plutôt que celle de notre humanité...Mais cette inhumanité, c'est ce qui nous fait homme d'ailleurs. C'est cette part d'ombre de l'humain qui paradoxalement le fait humain justement. L'animal n'est pas capable d'autant de machiavelisme et de perfection technique dans la mise à mort de ses congénères.

Ce savoir-faire techno-scientifique a permis aussi de nous fourvoyer dans l'impasse la plus totale depuis que l'homme est homme, je veux dire celle de la foi dans le progrès sans discernement.
Cela nous amène à ce que nous vivons actuellement: l'obsession de la croissance, la course au profit, la frénésie de consommer, la virtualité en place du réel,la volonté d'immédiateté (dans l'acquisition des biens, des infos, l'abolition des distances, etc...).  Là aussi, nous repoussons sans cesse les limites au risque de verser radicalement un jour dans quelque chose qui n'aura plus rien à voir avec l'humain que nous sommes encore. Une sorte de "super-man" devenu autiste (coupé des autres et de la nature) et bien éloigné de ce qu'on entend encore aujourd'hui par Humain…

C'est le risque. A trop vouloir abolir les limites, on risque de verser de l'autre côté, "celui obscur de la force". 
Désolé, j'ai pas pu résister... :)

Tradition et Progrès, le couple infernal. 1ère partie.


Première partie

Quand je regarde un peu autour de moi, que j’essaie de prendre un peu de recul, je sens bien que quelque chose ne tourne pas rond dans notre « meilleur des possibles ».  Et je ne peux m’empêcher de me poser ces questions essentielles.

D’où  venons-nous ? J’ai renoncé…

Qui sommes-nous ? Une grande complexité en tout cas…Il faudrait toute une vie pour la comprendre.


Où allons-nous ? Et de quelle manière y allons-nous surtout… Nous n’en savons rien mais nous voulons y aller, et le plus vite possible, comme si l’on avait le diable à nos trousses. Plus vite, plus loin, plus fort, plus grand… Toujours des limites à repousser jusqu’à ce que nous redevenions poussière....

Pour commencer, quelques lignes du livre de Michel Houellebecq, “Les particules élémentaires”:
“Ce qui pour les hommes d’autrefois était du domaine de l’inaccessible et de l’absolu, nous le considérons aujourd’hui comme une chose toute simple et bien connue. Pourtant nous ne méprisons pas ces hommes, nous savons ce que nous devons à leurs rêves. Nous savons qu’ils portaient notre image en eux lorsqu’ils traversaient la haine et la peur, lorsqu’ils écrivaient peu à peu leur histoire. Nous savons qu’ils n’auraient pas été, qu’ils n’auraient même pas pu être s’ils n’avaient pas eu, au fond d’eux, cet espoir. Ils n’auraient même pas pu exister sans leur rêve.”

Ainsi nous semblons avoir raison de vouloir toujours repousser les limites de l’Homme puisque ce qui est encore un rêve inaccessible aujourd’hui sera peut-être la réalité de demain….

Mais doit-on poser des limites à ce désir ? Ces limites existent-elles déjà de fait ? Et doit-on faire allégrement table rase du passé ou en prendre acte ? Et dans quelle mesure ?

Jetons un œil rapidement sur ce qu’on appelle communément la tradition.

la tradition, par définition, est transmission. Vient de traditio, acte de remettre, et du verbe tradere, faire passer à autrui.

La tradition est à la fois acte de conservation, elle maintient comme tel ce qui a été. Elle est aussi acte de transmission, elle fait être de nouveau être ce qui a été, elle transmet les acquis mais elle est aussi facteur d’intégration des valeurs ou des pratiques nouvelles, techniques, culturelles, spirituelles, etc.. en les adaptant à ce qui existait déjà.
Ancrée dans le passé, elle s’adapte au présent et adapte le présent pour préparer l’avenir. Elle se situe entre mémoire et projet, entre passé et désir, comme une conscience permanente et entretenue nécessairement.

On peut donc se poser la question, dans une optique de progrès,  de savoir ce que l’on va faire de ce bagage quelquefois un peu encombrant. Quand la barque du progrès s’alourdit du poids des objets anciens, on les balance par-dessus bord pour aller plus vite, toujours plus vite…

Peut-il donc y avoir progrès sans tradition et les deux termes s’opposent-ils vraiment ?
Il semblerait que non. Tout progrès s’appuie nécessairement sur la tradition sans laquelle la notion de progrès ne serait pas perçue en temps que telle. La tradition est la référence permanente du progrès: la science avance par petits bonds en avant en se situant par rapport à des existants qu’elle conteste, par hypothèse, puis qu’elle intègre une fois reconsidérés... Tradition et progrès forment donc un tandem indissociable qui fonctionne par allers et retours incessants. Ce qui est progrès aujourd’hui deviendra, par phénomène d’intégration permanent, tradition demain, comme le souligne Houellebecq.

Une fois acquis le fait que la tradition n’est pas conservatisme, nostalgie figée du passé comme pourrait l’entendre le sens commun, mais puissant facteur de transmission et d’intégration, il n’en reste pas moins vrai que la notion même de progrès pose problème.

Dans l’Antiquité, la pensée mythique associait tout changement à un désenchantement: le mythe recréait en permanence un monde constant. Dans la Grèce classique, on concevait à la fois une progression de l’être et une permanence des formes et des idées parfaites, l’Un, le Bien, le Beau…
La véritable révolution de la notion de progrès sera chrétienne: l’Histoire a désormais un sens, un dessein voulu par Dieu, une progression qui mène le monde,... à sa fin. Le temps est déchéance, corruption, dégradation à l’image de l’enfant qui va inexorablement vers la vieillesse. Cependant cette image contient aussi, d’une manière ambivalente,  l’idée de maturation, de sagesse accrue au fur et à mesure que le temps fait son oeuvre.
Aussi les modernes et les philosophes des Lumières associeront-ils, d’une manière un peu trop hâtive, progrès des connaissances et progrès moral, progrès technique et progrès spirituel. Désormais le progrès devient cumulatif, le monde peut se perfectionner. Un système causal infaillible qui trouve son apothéose en plein 19 ème siècle positiviste: tout est observable, mesurable. Le progrès est devenu une loi !... Tout semblait donc aller dans le meilleur des mondes possibles, comme disait Pangloss devant un Candide émerveillé…


Deuxième partie bientôt. Comme dans les bons feuilletons, il faut ménager le suspense. Je précise que vous êtes dans la Saison I...

mardi 26 juillet 2011

Utopies.


Dans le langage courant actuel, " utopique " veut dire impossible ; une utopie est une chimère, une construction purement imaginaire dont la réalisation est, a priori, hors de notre portée. L'Utopie de l'Unité est donc impossible car la particularité fait partie de la vie. C'est justement ce qui en fait une utopie. Ce qui ne veut pas dire qu'on ne peut pas tendre vers..., essayer de dépasser les contraires tout en les acceptant. L'utopie est donc, à mon avis, essentielle, c'est la capacité pour l'homme de se projeter autrement dans un ailleurs. elle est un espoir si elle reste ouverte, active, en évolution. C'est un peu comme un moule de la pensée qui nous permettrait de concevoir, de progresser... Un canevas, une grille de lecture pour l'avenir.

Une des utopies les plus anciennes est celle du retour à
l'âge d'or, le paradis perdu... Toute l'antiquité a fonctionné sur ce mode, le rêve de l'unité perdue... Les Anciens, en effet, avaient projeté leur cité idéale dans un passé mythique où l'humanité était près des dieux et de la nature. Leurs utopies recoupaient ainsi le mythe de l'âge d'or tout en y incluant les problèmes posés par la formation des sociétés humaines: la "cité idéale" de Platon essaie ainsi de faire le grand écart entre le temps mythique et la nécessité d'organiser, d'ordonner la division par la loi. Mais les temps bénis où les " alliances " naturelles suffisaient à imposer la sagesse et la justice sont bien finis. Unité, perfection à tout jamais disparue... Pas tout à fait quand même: il suffisait d'attendre que le temps recommence, l'éternel retour... Une marche en avant en regardant toujours vers l'arrière, vers le bonheur originel. Le progrès, chez les Anciens, n'a pas de sens, il est dans le retour aux origines.

La rupture s'est faite avec le
Christianisme. Le temps devient linéaire, orienté vers une fin. Le péché originel a introduit la division, en un mot le foutoir !...
La fuite du temps n'est plus néfaste, il faut au contraire aller de l'avant dans l'attente de la fin heureuse, le retour du Christ. En un sens, le Christ est aussi une réponse à la division introduite par Adam, le grain de sable dans
la belle mécanique céleste et terrestre....

Dans le Christianisme, il y a aussi un paradis perdu mais, en échange, il y a la marche eschatologique vers la Jerusalem céleste... Et maintenant encore, nous sommes profondément marqués par cette culture du progrès linéaire. Beaucoup ont tenté d'instaurer une Jerusalem utopique et terrestre, une cité idéale dont le rêve s'est terminé dans le sang et les massacres, telles les grandes utopies du 20 ème siècle. Alors que curieusement, Thomas More, l'inventeur de l'Utopie au 16ème avait pris en compte la division en essayant d'inventer un possible, une société idéale mais humaine, avec ses forces et ses faiblesses, ses contradictions.
En cela, il fondait l'espoir, en toute connaissance de cause, en la perfectibilité de l'homme, notion qui triomphera au siècle des Lumières...

Là où ça va déraper, c'est quand on confondra perfectibilité avec perfection, mirage des systèmes totalitaires de tout bord qui refusent la division et qui, au lieu de transcender les contraires, les figent dans une unité artificielle et contraignante. Les rêves d'égalité sociale ont parcouru l'Histoire depuis l'antiquité. Les penseurs socialistes du 19 ème siècle ont dû se retourner dans leur tombe en constatant comment leurs idées furent perverties par leur mise en application...

Aujourd'hui, avec la prise de conscience chez certains des risques que l'homme fait encourir à son propre environnement, on voit apparaître aussi les nostalgiques de l'âge d'or, qui voudraient figer le monde dans sa course et si possible, revenir en arrière. A l'opposé, les tenants du progrès comme solution ultime à tous les problèmes, rêvent de hâter la création de la société idéale fondée sur la toute puissance de l'homme... La vérité est peut-être entre les deux, sur le fil du rasoir...



Le danger réside ainsi dans 2 types de dérives utopistes:

*lorsque l'homme veut la
figer et la faire rentrer dans le carcan d'une réalité qu'on croit parfaite. Comme les dérives du communisme soviétique.

*lorsque l'homme veut retrouver et
recréer artificiellement les utopies anciennes.
Les conquistadors cherchaient l'âge d'or dans les civilisations précolombiennes, l'Eldorado... Nos concepteurs de vacances modernes nous ont même recréé des "paradis perdus" (club med) qui recréent les joies de la vie primitive: pas de contraintes, pas de travail, nourriture à gogo, nature généreuse et bienveillante, liberté, besoins satisfaits immédiatement, stages artisanaux ou new age !, ... De vrais petites enclaves utopiques artificielles... qui se payent cher, isolées (et protégées) au milieu de la misère locale.


Ici, un extrait d'une
enquête de Catherine Bertho Lavenir (journaliste, professeur et paléographe) sur le club Med à ses débuts sera plus parlant:

"Le Club Méditerranée, dans les premières années de son fonctionnement, s'est ouvertement inspiré d'un coin de nature idyllique, à l'écart de la " civilisation " européenne, à savoir l'archipel polynésien. Les chants et les danses du Pacifique, le collier de fleurs passé au cou des nouveaux arrivants, le paréo - que les boutiques du Club vendent -, voire les paillotes qui forment longtemps l'architecture des villages, sont autant de références à une Polynésie de rêve, où règnent le soleil et la mer, où les relations humaines sont harmonieuses, les inhibitions sociales et sexuelles levées. Le règne de l'âge d'or est artificiellement restauré dans son intégralité par les promoteurs du Club, puisque les échanges commerciaux y sont interdits - l'argent est remplacé par les boules d'un collier -, la hiérarchie sociale et professionnelle, niée - le tutoiement est de rigueur -, et l'exotisme présenté sous une forme aseptisée - les résidents sortant de leurs enclaves préservées pour visiter en groupe des lieux soigneusement choisis (de préférence des marchés colorés). Ainsi a été mise au point une technique rentable de transformation du temps du loisir et de l'espace vierge des horizons lointains en marchandise, une technique qui a évolué avec le temps, avec des résultats de plus en plus éclatants".

Un bel exemple de la récupération par le capitalisme d'un des plus vieux mythes de l'humanité et qui mise sur les besoins de l'homme moderne d'un retour à la nature. De l'Utopie clé en main... Mais qu'est-ce qui n'est pas récupéré d'une façon ou d'une autre à notre époque ?...
Mais gardons espoir !...