... et aussi le simple plaisir d'écrire.

Qui êtes-vous ?

Ma photo
Un peintre qui crée essentiellement une peinture figurative qu'on peut appeler fantastique, onirique, surréaliste,... Comme on veut... Bien que je ne sois pas insensible à toute forme d'art pourvu qu'elle me paraisse sincère et qu'elle provoque quelque chose en moi... Depuis toujours, je tente de peindre l'individu et la multitude, la matière brute et la lumière intérieure, l'arbre de vie, la femme et les racines, l'enfant et le devenir, la foule errante en quête de valeurs à retrouver, les voies parallèles, les mystères des origines et de la fin dernière... Les “SEUILS”, les félures, les passages qui font de nous d’ éternels errants insatisfaits entre mondes réels et rêvés , entre soi et autrui, entre Vie et Mort, entre bonheur et malheur... Un acte de peindre, nécessaire, à l'origine de rencontres furtives mais intenses, et qui fait naître, quelquefois, au bout d'un pinceau fragile, une parcelle de soi... ...ou tout simplement le plaisir et la douleur de créer...

mardi 28 octobre 2014

Ah ! L'amour ....



Toile de Belsinski

C'est vrai que si l'on devait mettre à plat, en toute sincérité, tout ce qui peut motiver une attirance réciproque entre 2 êtres et analyser objectivement ce petit éco-système qu'est une relation duale , on ne serait pas au bout de nos surprises (relations dominant/dominé, narcissisme, auto-censure, égocentrisme, flatterie de l'égo, auto-satisfaction, mesquineries et petites vengeances et vexations, mensonge à l'autre et mensonge à soi-même... mais aussi compassion, AMOUR (où commence-t-il et où s'arrête-t-il ? ), générosité, envie de faire plaisir, partage, empathie, complicité... Comme tout ce qui touche à l'Homme, de la complexité, toujours de la complexité...
Manque d'idéalisme peut-être mais l'amour,  comme tous les comportements humains, n'est-il pas un produit de l'imaginaire qui permet "d'enrober" le besoin de reproduction inhérent à toute vie, une sorte de fabrication de l'esprit comparable à la parade de séduction chez l'animal ? L'homme, dans sa complexité et grâce à ses possibilités imaginatrices a forgé au fil des millénaires ce tissu interactif émotionnel, cet auto-satisfaction de la perception de soi à travers l'autre, étrange miroir à double face où j'aime, je m'aime au travers du "je suis aimé"... Et comme tout comportement, l'amour et la perception qu'on en a suit les modes du temps et l'évolution inter-sexe de l'humanité. Je ne crois pas qu'on s'aime aujourd'hui comme on s'aimait au temps de Cro-magnon, de Perceval, de Molière, du Marquis de Sade, de Louis-Philippe ou de Bernard Tapy.... Ni même qu'on s'aime de la même façon à 20 ans ou à 60 ans... Ni même qu'on s'aime de la même façon chez les Inuits, les Touaregs ou les Parisiens... Ni même qu'on s'aime de la même façon chez l'ouvrier de base ou le patron de haut vol (sans jeu de mots...)... Comme je le disais plus haut, l'amour me semble ambivalent, un feu dont les braises sont multiples (recherche de la complémentarité, recherche du père, de la mère, recherche du dominant ou du dominé.... Tout cela étant bien évidemment inconscient, emballé dans le flot des réactions émotionnelles et ... épidermiques).
Mais tout ce qui vient d'être dit ne dispense en rien du besoin d'amour ou de reconnaissance réciproque dans l'amour. Si l'amour (quelque soit ses racines plus ou moins nobles), si l'amitié n'existaient pas, le monde serait à feu et à sang et c'est la seule chose qui nous permette de fonder encore un quelconque espoir dans l'avenir de notre espèce...

Rien ne permet d'affirmer que l'homo sapiens se comportait comme une bête mais j'ai du mal à imaginer, à l'aube des temps, un amour idéal qui se serait comme érodé au fil des millénaires... Je pense plutôt que l'amour s'est introduit dans les rapports humains avec le développement de la conscience et la complexité des rapports sociaux. Ce qui n'empêchait certainement pas l'australopithèque (allez ! je remonte d'un cran dans l'évolution) de connaître un attachement brut, entier mais peut-être plus du domaine de l'instinct comme chez l'animal. On peut remarquer que dans le règne animal, l'amour mère/progéniture est quasiment constant, ce qui est loin d'être une constante dans le couple, souvent constitué le temps d'un accouplement. Mais là aussi, ce n'est pas une règle générale: il existe, chez certaines espèces, des couples qui se forment à vie ou presque (les félins... bien que c'est la lionne qui fait la bouffe pendant que ce macho de lion se prélasse au soleil, les loups, beaucoup d'oiseaux...). Le monde animal a l'instinct de reproduction ce qui n'empêche pas certaines espèces de bâtir tout autour de l'acte de reproduction toute une série de comportements "amoureux" (parades, attachement aux petits, vie en couple...). 


L'homme, être pensant doué d'un Imaginaire, a donc aussi élaboré autour de l'acte de reproduction destiné à la survie de l'espèce toute une série de sentiments, de comportements ( qui sont le résultat d'une culture progressivement mise en place depuis la préhistoire ou qui sont déjà inscrits dans les gênes: attirance visuelle, tactile, olfactive, désir etc...). Une chimie psychologique et organique sur laquelle s'est greffée toute la force de L'imaginaire humain.
Mais tout cela n'est que conjoncture... Ce qui compte c'est que, au niveau de l'humanité, les ciments sociaux que sont l'entraide, l'empathie, la compassion résistent coûte que coûte aux facteurs de dissensions, la haine, la jalousie, l'envie, la fanatisme, le mépris de l'autre...

L'Homme, ange et démon… Et l'amour comme seule arme contre les forces qui divisent, telles celles du libéralisme, tout en ayant en commun le même ferment: le DESIR !


vendredi 28 février 2014

Vivons heureux ...








Las ! … Ce n’est pourtant pas le moment opportun. C’est le temps de la lutte au sein des municipalités, le temps bientôt des Européennes, chacun brandissant sa vérité comme le remède ultime à toutes les vicissitudes. Puis des régionales, d’autres présidentielles et des législatives … La ronde électorale.
Le vote a beau cristalliser espoirs et attentes, rejet et amertume, colère ou adhésion, rien ne semble changer. Urnes et isoloirs se succèdent dans un doux ronron. Les temps changent et le politique demeure …
Impossible de ne pas admirer l’ardeur et la confiance du militant. D’autant plus admirable que le jeu semble faussé, les dés pipés. Le système « démocratique «  électoral concocté par le Vème république est tel qu’il met d’emblée sur la touche les partis plus marginaux, privilégiant la sempiternelle alternance des grands partis, PS et UMP, auxquels l’allégeance serait requise au 2ème tour pour éviter ce qui nous semblerait le pire … Pour pouvoir modifier le système, il faudrait une 6ème république, une nouvelle constitution mais pour cela, il faut remporter les élections … Un cercle vicieux, le serpent qui se mord la queue …
Sans nul doute, ma sympathie va au Front de Gauche et aux idées qu’il défend. Le PS n’a plus de socialiste que le nom et la voie libérale a été clairement exprimée et mise en place. Ce qui le distingue désormais de la Droite ressort de quelques différences de point de vue sur des sujets sociétaux. Ainsi, à tort, le Front de Gauche est rangé trop hâtivement ou délibérément dans l’extrême-gauche (mais c'est de bonne guerre ...). Dorénavant, il s’agit pourtant de la gauche tout simplement, remplissant le vide béant laissé par le « socialisme ». Dans la mesure ou, me semble-t-il, peut se revendiquer de gauche celui ou celle qui remet en cause fondamentalement le système à l'origine des inégalités criantes d'aujourd'hui, le néo-libéralisme ...
Même si le Front de Gauche ne remet pas en cause fondamentalement le système en lui-même, il entend bien enrayer ses dérives, ce dévoiement pervers, cette sorte de dépravation instillée par les abus et les dérèglements de la finance, les effets néfastes de la mondialisation, les profits exorbitants des grands patrons, l’adhésion plus ou moins consentante des pouvoirs politiques, nationaux et européens.

Pourtant, les choses sont ainsi faites qu’il me semble, tel Sisyphe, condamné à recommencer éternellement le combat. Pessimiste ? Certainement. Ce doit être l'âge, une "sagesse" qui cache mal un fond de résignation. Cependant, une stratégie est peut-être à reconsidérer, une expression gestuelle et verbale à connotation révolutionnaire qui semble, du point de vue strictement rentable, peu efficace, contre-productive en terme éléctoral. Si la lutte des classes est toujours d’actualité, la voie des urnes et le fond du programme semble peu s’accommoder de la verve des grands soirs … Comme un hiatus entre la forme et le fond qui déstabilise et alarme l’électeur lambda.

Depuis les années 80, progressivement, et particulièrement depuis la crise de 2008, les masques sont tombés. Le credo est identique à droite comme à gauche, celui du néo-libéralisme économique et d’une Europe qu’on espérait mais que nous n’avions pas voulu ainsi. Une Europe imposée, fidèle aux politiques d’austérité. 

Pendant longtemps, je me suis obstiné. Je me suis même obstiné dans l’obstination. Néanmoins, mon pessimisme atavique m’ a souvent amené à penser que tout était vain, que les forces conjugués du politique, des medias et de la finance étaient indestructibles, que leur emprise sur les esprits par les techniques les plus fines de la manipulation était trop forte, trop prégnante. Le libéralisme semble en passe de s’imposer comme le seul système possible, comme une force quasi naturelle, consubstantielle à la vie même, animée d’une force de récupération étonnante. C’est ainsi qu’il s’affiche et s’affirme. Alors qu’il est la négation même de la vie et de la nature ...
Ainsi la tentation de l’abstention est grande, celle du repli, du retrait individualiste. Pourquoi poursuivre ce jeu de dupes ? Pourquoi encore faire confiance à un système qui ne fait qu’entériner à l’infini toujours la même politique, quelle que soit la couleur du camp politique auquel on donne notre confiance ? Pourquoi continuer à voter pour élire des représentants sur lesquels nous n’avons plus de prise ensuite, sinon en battant le pavé ? Et encore …
La tentation est grande en effet de s’abstraire du système ou, pour certains de continuer à voter mais en pratiquant la sanction, animés par la rancœur et le ressentiment, attirés par le chant des sirènes d’extrême-droite dédiabolisées en surface ... Pour beaucoupFront de Gauche résonne comme révolution (et ses cortèges d'horreurs fantasmées) alors que, de plus en plus, aux oreilles crédules de certains, le FN a su donner l'image d'une évolution ...

D’autres passent le pas, de plus en plus nombreux, et s’abstiennent, misant sur des transformations hypothétiques, la reconnaissance du vote blanc, un système de tirage au sort comme le préconise Etienne Chouard.
Il est si facile de taxer d’utopie ce qui a du mal à se réaliser non pas parce que c’est irréalisable en soi mais parce que tout est fait pour empêcher sa réalisation. Drôle de paradigme inversé: les différents moyens utilisés pour barrer la route d’une idée deviennent la source de ce qui fait dire qu’elle est utopique … Pouvoir des médias et de la suggestion.

Doute, confusion, amalgame … Erosion du politique … Maelstrom incessant de faits divers et de divers faits … Etourdissement des images et des sons … Règne du futile, de l’instantané, des paillettes, et de la célébrité factice … Regain de la réaction, du conformisme, du rejet de l’autre, de la tentation totalitaire … Disparités criantes des fortunes indécentes et de la misère sordide … Dévastation sans freins de la nature ...

Quelle est l’issue ? 

Peut-être une prise de conscience transversale, trans-politique . Jusqu’alors, elle n’est l’apanage que des forces réactionnaires capables de s’unir contre un mariage. Est-il utopique d’imaginer une lame de fond, tout tendance confondue, qui pourrait s’élever bien au-delà des clivages partisans ? Un mouvement d’ampleur généralisé, irrésistible, qui pourrait s’animer pour une cause bien plus fondamentale que celle d’un mariage, d’une histoire de procréation ou d’une réforme jugée injustifiée…  Celle de la Nature en péril, de notre place dans cette Nature et du sens profond de nos vies.

Quand le sentiment d’injustice sera au plus haut, quand la nausée nous submergera, quand le caractère insensé de nos actes s’imposera, est-il possible que le monde change ?
Est-il possible de penser une autre société sur des bases différentes ? Sans le primat de l’argent et de l’économie. Une société où les notions de bonheur et de beauté aient plus d’importance que celles du CAC40 ou  du dernier sondage, une société où, si on le souhaitait, on pourrait naître sans vivre toute une vie pour un travail déshumanisant (s’étioler jour après jour dans un bureau, s’épuiser au fond d’une mine ou dans un bagne dédié à la fabrication de tee-shirts bon marché), une société où les codes, les valeurs seraient reconsidérés, voire inversés. 

Sans ce renversement de paradigmes, point de salut … On peut toujours augmenter un peu les salaires, disposer un peu plus de policiers, installer des caméras de surveillance, gronder les exilés fiscaux, rien ne permettra à certains de changer fondamentalement et de se perdre inexorablement dans la délinquance et le coup de force. Par désespoir, par haine, par envie, dans la quête éperdue d'une identité, fusse-t-elle négative … La société modèle sa jeunesse à son image, celle des élites animées par la quête de l’aisance, du profit ou du pouvoir ou celle des laissés pour compte avec pour seules options la résignation ou le délit … Entre les deux, on navigue à vue.  Insuffisant de prévenir, d’éduquer tant que le modèle néo-libéral et ses valeurs seront l’axe de tous les fantasmes ou de toutes les misères.

Changeons le modèle et le reste suivra. C'est vite dit mais les prémisses sont là sous la forme du conscience émergente.
Utopie, certainement qu'on pourra appeler alter-mondialiste ou autre. Utopie ... Sauf si la coupe déborde. Marx ne disait-il pas que le capitalisme engendrait sa propre mort … Son expansion, tout autant que le moyen de prolonger son existence, serait le facteur de sa perte. 
Il pensait à la révolution prolétarienne. Mais face à un capitalisme devenu global, mondialisé, portant atteinte aux hommes comme à la nature, la réponse ne pourrait être que globale. 

Vitale et Essentielle ...

samedi 30 novembre 2013

Impressions temporelles. A lire si vous avez le temps ...

Toile de Delville


Au risque de faire ringard, je me souviens d’un temps où le temps s’écoulait plus lentement.  Quand on envoyait une lettre, il fallait du temps pour en recevoir la réponse, quand quelque chose nous était promis, on attendait... plus ou moins patiemment. L’attente, pénible, était aussi source de joie, joie d’imaginer, de se projeter … On était chacun dans son temps et son espace, libre, quand on le voulait, de rentrer dans l’espace et le temps de l’autre. Jadis, l’homme vivait au rythme des saisons et les liens se tissaient  progressivement entre moi et autrui, entre moi et un réel qui se gardait de répondre toujours présent à mon désir, immédiatement.

Aujourd’hui, le temps se compresse comme les fichiers, nous sommes tous, grâce au portable, à internet, dans une immédiateté collective. Nous sommes tous dans un temps collectif qu’on appelle l’urgence, un espace commun devenu mondial…
Partout où je vais, le portable est censé me rendre disponible, internet est censé me rendre accessible. Au point qu’untel ira faire ses courses, pendu au portable, pour savoir s’il faut acheter des pâtes n°1 ou n° 5… Dans un supermarché, le 11 novembre, c’est déjà Noël dans les rayons...
Le temps compressé m’a rendu impatient, la proximité immédiate du futur m’empêche de jouir pleinement d’un présent qui m’échappe. Le sablier s’est emballé. L’enfant, dès son plus jeune âge s’habitue au « tout tout de suite »,  alors que le temps de présence et de dialogue parental s’effiloche…, futur adulte qui ne saura pas ce que peut être un manque (sauf le vide affectif) et qui n'aura de cesse de vouloir tout combler dans l’immédiat.
On vit désormais en temps réel, l’anticipation exige son dû aussitôt, je ne souffre plus de remettre à plus tard… La culture du zapping s’intensifie.
Or le Temps, vieux lieu commun, est mortifère, il est la vie et la mort. Chaque seconde qui s’égrène m’ampute de quelques cellules. Or le Temps est le lieu du songe et de la réflexion. En voulant gagner du temps, l’homme moderne se hâte ainsi plus vite vers sa mort. On pourrait dire qu’il est si pressé qu’il ne s’aperçoit pas qu’il est déjà mort, mort à un présent qu’il ne supporte plus, ivre d’une maîtrise qui toujours lui échappera de toute façon…
Par cette façon de vivre son temps, nous mettons tout sur le même plan. Tout doit être contrôlé et satisfait avec la même urgence. Mais qui dit urgence ne dit pas forcément nécessité. Et qui dit intensité de l’instant ne dit pas forcément qualité. Finalement, nous nous sommes enchaînés à un Temps vorace, le Chronos affamé de ses enfants, qui a supprimé les temps de la réflexion pour faire de nous ces personnages de films muets agités en tous sens, fonctionnant sur un mode accéléré qui n’est pas celui de l’humain. Pas étonnant qu’on parle de plus en plus de dépression, de stress, lié au rythme du travail ou de la vie en général.

MAIS… Reconnaissons aussi à l’immédiateté, à la proximité de plus en plus instantanée et transparente, son sidérant pouvoir de mettre en corrélation des gens qui, sans les outils modernes de communication, n’auraient jamais pu se rencontrer, n’auraient jamais pu prendre conscience que leurs propres difficultés étaient aussi celles d’autrui, n’auraient jamais pu s’organiser ET SE REVOLTER … A l’heure de la communication immédiate, plus personne ne semble à l’abri de ses propres exactions, tout  arbitraire aura un prix à payer… Les dictateurs ne pourront plus dormir tranquilles entre deux mises à mort de routine. Les révolutions arabes sont aussi les enfants d’Internet. Difficile d’imaginer les suites mais savourons cette formidable explosion du Temps politique et social, cet inattendu éclatement d’un monde qu’on croyait définitivement figé.

Essayons donc de prendre conscience des risques du Temps accéléré et de l’Espace unifié tout en utilisant à bon escient leur considérable potentiel de liberté... Pas facile ...

Bon, je vais prendre maintenant le temps d’aller manger un morceau. La suite…. dans 5 interlignes.







C'est fait. Un peu comme la pipe de Magritte, ce qui suit n’est pas un texte de réflexion … même s’il en recèle quelques unes. Plutôt un vagabondage spatio-temporel dans la grande forêt neuronale. Oublieux des corsets de la thèse, antithèse et synthèse, prenons au hasard quelques chemins de traverse et laissons faire le Temps …....
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Comme dorénavant j’ai du temps, je me laisse aller, au fil de celui-ci, à en ressentir les effets variables et inédits. J’ai du temps, dis-je … C’est ce qu’il me semble. Sauf si je casse ma pipe (ce sera la faute à Magritte !) demain ou après-demain ... Perception illusoire de la réalité que je veux bien m’inventer. D’aucuns vivent avec l’épée de Damoclès temporelle constamment au-dessus de leur tête, d’autres s’imaginent toujours aux abords d’un champ des possibles illimité. ....
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Effets variables et inédits. Et pour cause !... Tout semble se précipiter « au jour d’aujourd’hui » comme on entend souvent dire autour de nous. Redondance langagière révélatrice qui nous ancre au présent faute de saisir pleinement l’avenir.....
Tout semble se bousculer, se télescoper, s’accélérer… Dans quelques jours peut-être, mon jardin disparaîtra sous 20 cm de neige ! Ce sera l’hiver enfin, semblable aux hivers redoutables de mon enfance qui s’installaient et duraient …  le temps d’un hiver. ....
Mais deux ou trois plus tard, toute trace de son passage aura disparu. Le jardin aura retrouvé son allure automnale et laissera même entrevoir quelques prémisses du printemps, des bourgeons précoces….... La Nature est devenue friande de l’ellipse, comme au cinéma. Sans transition, le vert supplante l’immaculé. Le temps météorologique qui rythmait jadis le Temps se prend pour Godard ou Lynch et joue les créateurs d’avant-garde, bousculant la chronologie, faisant éclater notre perception de la durée.....
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Noel approche pourtant, dans quelques jours … Temps répétitif et laconique des fêtes obligées. Pas de doute, il va bientôt me falloir ingurgiter une partie non négligeable de l’opulent volatile, traditionnellement offert en la circonstance… Il existe des traditions qui ont la peau dure et la chair tendre, espérons le ... Pourtant, le Temps s’est distendu. Dans nos magasins, âpres au gain, les cadeaux se sont accumulés depuis le mois de novembre et l’on voit déjà poindre les fèves des galettes alors que Noel n’est pas encore consommé … Déjà, l’on parle des soldes et des soldes avant les soldes. Bientôt Halloween, venu d’ailleurs. Chouette !.......
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Temps rétréci, contracté, compressé d’une neige éphémère … ....
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Temps étiré, distendu à l’envie … de nos désirs et des profits du commerce.....
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Temps de l’omniscience. Distorsion de l’Espace et du Temps: une perception de l’Espace inflationniste qui s’ouvre sur le monde, l’Univers, ainsi qu’une perception du Temps rétrécie, immédiate, quasi instantanée.....
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2014 va pointer un nez démesuré comme celui d’un Pinocchio plein de bonnes résolutions. Quand je me revois gamin de ces années 60 tant jalousées (Temps nostalgique … ), l’horizon 2000 avait des allures de mirage impossible à concevoir. Grâce aux moyens de télécommunication modernes, nous sommes devenus aujourd’hui de quasi « télépathes », adeptes de la « téléportation », franchissant allégrement des « univers » parallèles ou lointains. Je peux savoir dans l’instant ce que dit autrui, ce que fait autrui dans les coins les plus reculés de la planète. A l’inverse de nos ancêtres, nous vivons des Temps multiples, nous intégrons des vies d’autrui, nous assimilons une masse d’informations en temps réel … Oui, le monde improbable que j’appréhendais enfant, à la lecture des livres d'Asimov, Herbert ou K.Dick, s’est bien matérialisé, avec quelques variantes, et le plus improbable est que nous y sommes acteurs et non plus de simples lecteurs étourdis et rêveurs …....
Désormais quand nous dégustons la dinde (bien préparée, c’est possible), il ne  nous est plus permis d’ignorer un massacre ou une famine, si lointains et pourtant si proches.
Temps de la conscience universelle.....
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Temps trompeur aussi qui grossit le dérisoire et l’inutile. Temps des paillettes et des ors de pacotille …....
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Temps rageur qui accélère et s’emballe dans une course à l’Avenir, aléatoire et mortifère … ....
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« Ô Temps, suspends ton vol  !... », disait le poète. Mais s’il devait surgir du Temps suspendu de la tombe, il serait effaré, pris d’un vertige abyssal… Loin de le suspendre, le Temps a étendu son vol au risque de se perdre lui-même. D’une certaine manière, si notre perception du Temps se réduit de plus en plus à l’immédiateté, délaissant un passé vite obsolète et faisant du présent un futur aussitôt caduque parce que devenu présent trop tôt, elle condamne ce Temps à ne plus être… Il se réduit à un perpétuel présent inconsistant dont nous ne savons que faire … Le Temps se meurt de ne plus avoir de Temps morts… ....
A force de vouloir être partout et tout le temps, nous le boursouflons, le gonflons telle une baudruche pleine de vide. C’est peut-être cela, l’Apocalypse tant annoncée: omniprésence, omnipotence, omnivoracité spatio-temporelle… Et paradoxalement, un présent volatile (pas la dinde ...), réduit à peau de chagrin (le Temps des pleurs) qui nous fuit comme une sable léger entre les doigts. L’Homme, le Maître du Temps et de l’Espace ! Et chacun prisonnier de sa petite bulle de quelques nanosecondes .......
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Au moins, dès qu'il neigera, le jardin devenu blanc, silencieux, le Temps sera comme réellement suspendu cette fois, pour un temps… Nos Maîtres du pronostic et du temps météorologique faillissent souvent, le temps prévu s'improvise à leurs dépens et la neige s'invitera peut-être à la table des Rois, sous la table. On ne leur en voudra pas, on sera coincé à la maison pour quelques jours. On aura le Temps … Rien ne nous sera imparti. La neige aura figé le Temps, rendant à la saison sa raison d’être. Rêvons un peu … et attendons le Temps des moissons, des vendanges ou des cerises, patiemment, qui viendront en leur Temps … malgré les  fraises ou les fruits exotiques qui trônent en hiver à l'étal du  supermarché…

Temps superposés, enchevêtrés …....
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Temps de vous laisser .......


mardi 19 novembre 2013

Le mythe identitaire. Episode 10. Réflexions personnelles, suite et conclusion.



 Toile de David Bowers
 
On va continuer dans la bonne humeur…
L'espérance semble s'épuiser dans un monde qui ne semble plus porteur de sens. Les questions existentielles refont donc surface plus que jamais: qui suis-je ? Quel sens donner à tout cela ?
Sur quel modèle construire une vie sans lien social évident, sans identité affirmée ?
Certains serrent alors les rangs autour d'idées simples et rassurantes, l'identité nationale par exemple, perçue comme un ordre naturel, éternel, enraciné, comme si elle avait toujours existé. Alors que nous venons de voir sa lente et laborieuse élaboration et sa complexité. Les nations, à la fois avides et malades de l'Europe, tendent vers le réflexe traditionnel des crises identitaires : crispation autour de l'idée de souveraineté nationale et nostalgie du paradis perdu. Ou plus encore, repli sur l'identité régionale ou le groupe communautaire. Idée simple et rassurante qui fera le terreau privilégié, le fondement de tous les partis ou groupuscules nationalistes. Perversion insidieuse où l'on voit la conscience nationale, forme élevée de la conscience collective, (même si l'accouchement se fit dans la douleur) s'incarner dans les expressions les plus outrancières et les plus sordides du nationalisme... Il y a bien un danger, faute de pouvoir construire sa propre identité, de se forger une identité négative, adopter un contre-modèle comme les jeunes néo nazis (mieux vaut être haïs et reconnus que ne pas exister).
Risque aussi de fuir la réalité dans les paradis artificiels ou de rejoindre la secte ou les intégrismes de tout bord, c'est-à-dire un groupe, une communauté pour chasser l'angoisse, se reconnaître dans l'autre et se rassurer au risque de succomber à la manipulation mentale.
Comment ne pas voir en effet que des réflexes communautaires se manifestent !
Les groupes de jeunes se reforment autour de modèles culturels (culture rap, techno, gothique, etc…), développant des comportements réflexes, refusant les auto-contraintes. S'individualisant en se regroupant par affinités identitaires.
Et paradoxe des paradoxes: l'individualiste par excellence, le toxicomane, entièrement replié sur lui-même et son produit, retrouve des pratiques communautaires, une vie de groupes, sécurisante, centrée uniquement sur la recherche du produit. Ainsi l'individualisme exacerbé a-t-il un point de rupture, de non retour, la solitude et la désespérance, qui peut conduire à des replis communautaires sous forme d'impasse.
On a donc l'impression, d'une manière générale, que le rituel social collectif, le ciment national, même s'il n'est qu'un mythe, a perdu ses vertus rassurantes, tranquillisantes. La confiance en un destin collectif guidé par des valeurs claires et reconnues de tous semble être battue en brèche. Vous pourriez me dire que les valeurs claires et affirmées qui ont mené la population d'avant 14 à la boucherie que l'on connaît, on s'en serait bien passées... Et c'est exact. Toute mythification exacerbée de valeurs collectives ne peut être que néfaste, autant qu'un individualisme forcené...
L'individu d'aujourd'hui justement devient peut-être plus performant d'un point de vue technologique mais s'isole de plus en plus au sein d'un monde où le sens semble absent. La réussite personnelle se fait bien souvent au détriment du lien social. Les rites collectifs se sont affadis, même s'il nous reste toujours les grandes messes sportives ou les jeux télévisés ! Le sentiment national n'a-t-il pas été aussi fortement ressenti qu'en 1998 lors de la victoire des Bleus ?….
Un monde qui tourne peu à peu au rythme de la roue de la fortune, des rêves dorés, … et des frustrations profondes. Un monde dont l'Art moderne s'est fait l'écho, en le cassant, en le fragmentant, en le déstructurant pour y chercher vainement l'âme des choses et le réduire au vide et au néant…
Autrefois, le paysan était lié au groupe par des liens très forts. Aujourd'hui, c'est dans les campagnes que le taux de suicide est le plus élevé… Notre paysan du moyen Age affrontait tous les jours la maladie et la mort mais ne se suicidait pas…
Il semblerait donc, qu'au cours des siècles, aidé certainement par la science et la chute des dogmes, l'individu se soit perçu de plus en plus comme unique, dominant un monde analysé, compris, asservi. Certes, il s'est libéré des traditions souvent pesantes, des soumissions dogmatiques, de ses peurs et superstitions mais peut-être finalement pour se replier d'abord sur la cellule familiale puis se retrouver seul face à lui-même, au siècle de Sartre et de Camus…
Ainsi, paradoxalement, c'est le contraire de ce qui était attendu qui s'est manifesté: atomisation de la société, individualisme croissant, diversification de la palette des individualités, et, quelquefois, l'angoisse au bout du chemin…
Et une nouvelle donne dont on ne peut encore mesurer les effets: les communautés qui se reforment dans la galaxie Internet….
Et pourtant chaque individu isolé semble se fondre dans une identité collective floue, contre laquelle certains se rebellent vainement, créée par le conditionnement médiatique, la culture de masse, la mode, la publicité, le politiquement correct, une sorte de nivellement général insidieux dont il n'est pas toujours facile de sortir…. Une fausse identité collective qui relève plus de la propagande sournoise et du bourrage de crâne pernicieux. La culture des élites semblerait, en voulant anéantir la culture populaire, avoir accouché finalement d'une culture de masse à l'élan irrésistible... La culture de masse, inhérente à notre société actuelle, est donc un mouvement vers des connaissances artistiques, culturelles, vers un système d'éducation, un mode de vie sociale et de pensée, un style de comportement, des actes de consommation, des codes de reconnaissance sociale. Ce mouvement induit une uniformisation de la perception de la réalité. L'impression paradoxale d'être tous des individus libres et différents au sein d'un modèle unique de société, la société libérale de consommation.
Le développement et la démocratisation de la technologie aidant, il semblerait bien que les valeurs bourgeoises se soient popularisées et non le contraire ! Louis XIV doit se retourner dans sa tombe… Le danger est que la culture de masse donne l'illusion du choix, qu'elle automatise la consommation et l'identification, que le consommateur est réduit à l'état d'objet et qu'elle substitue le conformisme à l'autonomie. Ne sommes nous pas tiraillés constamment entre nos désirs de libertés et d'autonomie et tout ce qui nous conditionne subtilement au point de nous donner l'illusion d'être libres ?
N'y a-t-il pas d'autres valeurs à placer au-dessus de nos différences ? Ne faut-il pas réaffirmer sans cesse que toute société, surtout laïque, est un creuset, un organisme vivant, complexe et évolutif où chacun s'efforce de se connaître d'abord et de reconnaître en l'autre cette part justement qui fait qu'il est autre ? A condition d'aller chercher au-delà des différences ce qui nous réunit, de placer au-dessus de ces différences les valeurs républicaines et laïques en ce qui nous concerne. C'est là peut-être que peut se poser le problème des musulmans pratiquants et appliquant la charia dans un état qui a déjà ses propres lois démocratiques...
Ne faut-il pas aussi relativiser ? Ce que nous vivons, rapporté à l'échelle du devenir historique, n'est qu'un épiphénomène, un hoquet de l'Histoire, une poussière dans le temps cosmique grossie par la loupe du Présent. Qui dit crise dit aussi mouvement, vie et vitalité, mutation et innovation.
Ne faut-il pas tenter, tout n'est pas à jeter chez nos ancêtres, de réinventer de nouveaux rapports humains qui passeraient par un nouveau rapport au monde, un humanisme laïc ouvert au spirituel et au Mystère… On a déjà beaucoup écrit sur le «réenchantement du monde». Inutile de se répéter... Mais cela me semble essentiel, Prendre ses distances vis à vis d'une vision mécaniste et cartésienne du monde qui nous a induit à penser que l'homme régnerait éternellement sur une nature-objet, corvéable à merci, et des animaux-machines utilisés et manipulés selon nos envies.
Peut-être aussi en essayant de ne pas confondre ordre et uniformisation, cohérence et nivellement aveugle, organisation et coercition, intégration et négation de l'être, ordre civil et ordre moral…. Préciser les concepts et réaffirmer les priorités auxquelles nous devons nous conformer.
Le rêve identitaire, l'utopie identitaire est tenace ! Le 19ème siècle a tout misé sur le colonialisme en imposant le modèle européen. On a appliqué aux peuples étrangers conquis les mêmes méthodes utilisées auparavant sur le territoire national. Il me vient toujours à l'esprit l'image finale d'un documentaire sur les Inuits, celle d 'un survivant jouissant du progrès apporté par les blancs, obèse, entouré de canettes de bière, l'oeil définitivement éteint, fixant le dernier horizon qu'il lui reste, la « neige » d'un écran de télé dont les programmes sont terminés depuis longtemps. Quant à notre 20ème siècle, il a payé un lourd tribut aux utopies totalitaires ... Mais aucun système, nazisme, stalinisme, maoïsme, n'a réussi, dans sa volonté forcenée à créer l'identité unique… Toutes ces tentatives ont fini par accoucher de leur contraire. Espérons qu'il en sera ainsi pour les Tibétains, les Kurdes, Les Tchétchènes. Sans tomber dans une frénésie indépendantiste...
Ainsi, dans un passé reculé, l'homme qui trouvait son identité au sein d'une variété infinie de processus collectifs, restait cependant victime de la toute puissance de la communauté. Paradoxalement, la technique de contraintes des corps et des esprits opérée dès le 17ème siècle lui ont permis en fait de s'affranchir, de s'autonomiser. Nous avons gagné en liberté mais nous le payons en responsabilité, en fragilité. Rien n'est plus difficile que d'être libre. A nous de savoir gérer cette nouvelle donne, à mi-chemin entre un individualisme égoïste, une excessive confiance en soi et le fonctionnement dogmatique et communautaire, l'abandon total de soi…
Quand il m'arrive d'être optimiste (si, si !..), je vois un monde comme une mosaïque où chaque identité, chaque vision du monde s'enrichirait l'une de l'autre avec comme point commun une supra-conscience, celle d'être avant tout un citoyen de ce monde, ce qui signifie responsabilité collective et consensus autour de grands valeurs admises par tous. Nous sommes des êtres de culture ce qui nous faits tous différents. Reconnaissons au moins, au-delà des faits culturels, notre appartenance à ce qui nous rend tous identique, l'espèce humaine, l'Homme, et reconnaissons lui des droits et des devoirs fondamentaux.
Pour ma part, j'ai essayé de me construire une identité à la fois par l'acte créatif (individualiste par essence) et par l'enseignement à travers lequel j'ai peut-être modestement contribué à éveiller quelques consciences, construire des identités, ouvrir des horizons.
Par une modeste participation à des associations venant en aide aux toxicomanes dont j'ai parlé plus haut…. La reconstruction d' identités anéanties.
Par la peinture, la création dont on accouche, seul, dans la joie ou dans la douleur, on est en phase avec ce qu'il y a au plus profond de soi et que l'on tente de communiquer aux autres. Quelquefois, on croit même aller au-delà de soi, présomptueux, croyant toucher, effleurer des vérités dissimulées, des Mystères à découvrir et à coucher sur la toile. Une quête où l'on peut se perdre... Quelquefois des rencontres étonnantes se font, des observateurs se reconnaissent littéralement dans l'objet créé, des identités se rejoignent, se reconnaissent. Pas besoin de mots, d'explications, c'est au-delà des formes et des couleurs, des représentations. Il y a comme une arche invisible, indicible qui s'est formée entre le créateur et l'observateur. Vous êtes alors récompensé de tous les moments de doutes, d'errements, de désillusions, d'efforts constants tant physiques que psychologiques. L'art est lumière et ténèbres, exaltation et découragement, tantôt le phare qui nous guide, le pain qui nourrit, tantôt la croix à porter, les chaînes qui nous empêchent d'aller vivre ailleurs ou autrement. Ce n'est pas un choix, c'est ainsi... Mais tant qu'on se bat, dans la joie ou dans la douleur, avec ou sans ses démons personnels, on vit, on se construit, on propose une identité à partager, à échanger!. On ne peut être utile aux autres si l'on s'enferme dans sa bulle mais on ne peut être aussi utile aux autres si l'on n'a pas d'abord gagné l'estime de soi, assis sa propre identité sur une base qu'on espère vraie et sincère...
Mais quand la lucidité reprend le dessus, (eh oui !) quand le désir disparaît (c'est d'ailleurs vrai pour la vie en général) que l'on se retrouve véritablement face au vide de soi et au trop plein du monde extérieur, je vois un monde où les puissants protègent à n'importe quel prix leurs acquis, où les pays émergents convoitent et font tout pour obtenir à n'importe quel prix ces acquis, un monde où dans certains pays on peut mourir d'obésité alors que la plus grande partie de la population de la planète n'a plus à s'inquiéter d'identité puisqu'elle n'en a plus: il ne lui reste que le problème de la survie au jour le jour.
Pour combien de temps encore ? Au moyen Age, le pauvre acceptait son sort (volonté divine…), on ne savait pas ce qui se passait à l'autre bout de la planète…. Mais la donne a changé et elle change chaque jour de plus en plus vite. Tout devient inextricable, tout s'interpénètre. Le sort de tous sera inévitablement lié au sort de chacun: nous ne pourrons plus longtemps cultiver «notre jardin» en ignorant l'horreur qui s'étend de plus en plus à nos portes… Les naufragés du désespoir nous le rappellent chaque jour, Une situation que nous avons contribué à créer en voulant imposer notre modèle identitaire à la belle époque de la colonisation puis en exploitant jusqu'à plus soif, pardonnez moi l'expression, ces pays par le biais des multinationales. L'Europe et ses certitudes vacille, son identité se fragilise sous les coups de boutoir des diversités qui réclament leur dû.
Mais que faire ? Quand tout semble hors de portée, aux mains d'un marché mondial qui semble presque incontrôlable même par les spécialistes eux-mêmes! Ecrire, penser, réfléchir, s'intéresser au spirituel, agir dans sa petite sphère sociale, certes, mais cela semble bien dérisoire face à une mondialisation mue que par l'intérêt financier… Que restera-t-il de notre vision du monde, de l'identité de chacun dans un monde du futur dominé par les puissances économiques ?...
Peut-être qu'alors l'utopie identitaire se réalisera enfin… Comme ne cesse de le prôner notre cher Attali. Un monde uniformisé à l'échelle de la planète, des citoyens du monde vivant de la même façon, absorbant la même culture, revêtant les mêmes vêtements, pensant de la même façon.... Le «meilleur des mondes possibles», quoi !...
Allez, je rigole, c'est de la S.F….. Non ?
Mais je ne serai plus là pour le constater, J'aurai rejoint, comme tant d'autres, la forme identitaire suprême, imparable, parfaite, commune à tous et à toutes. Non mythique, non élaborée par un projet humain par essence imparfait. Incontestable. Atomisé, volatilisé, parfaitement soluble dans le creuset identitaire par excellence, le Tout de la Nature ... J'aurai rejoint la Mort, le mythe identitaire enfin réalisé ...
Sources:
Johan Huizinga
L'Automne du Moyen Âge
Robert Muchembled
-Culture populaire et culture des élites dans la France moderne (XVe-XVIIIe siècle)
-La sorcière au village (XVe-XVIIIe siècle)
-L'invention de l'homme moderne. Sensibilités, mœurs et comportements collectifs sous l'Ancien Régime
François Lebrun
Croyances et cultures dans la France d'Ancien Régime
Norber Elias
La civilisation des mœurs
Louis Dollot
Culture individuelle et Culture de masse
Pierre Bourdieu
La distinction sociale
Michel Foucault
Histoire de la folie
Elisabeth Badinter
L'un est l'autre