... et aussi le simple plaisir d'écrire.

Qui êtes-vous ?

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Un peintre qui crée essentiellement une peinture figurative qu'on peut appeler fantastique, onirique, surréaliste,... Comme on veut... Bien que je ne sois pas insensible à toute forme d'art pourvu qu'elle me paraisse sincère et qu'elle provoque quelque chose en moi... Depuis toujours, je tente de peindre l'individu et la multitude, la matière brute et la lumière intérieure, l'arbre de vie, la femme et les racines, l'enfant et le devenir, la foule errante en quête de valeurs à retrouver, les voies parallèles, les mystères des origines et de la fin dernière... Les “SEUILS”, les félures, les passages qui font de nous d’ éternels errants insatisfaits entre mondes réels et rêvés , entre soi et autrui, entre Vie et Mort, entre bonheur et malheur... Un acte de peindre, nécessaire, à l'origine de rencontres furtives mais intenses, et qui fait naître, quelquefois, au bout d'un pinceau fragile, une parcelle de soi... ...ou tout simplement le plaisir et la douleur de créer...
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mardi 28 octobre 2014

Ah ! L'amour ....



Toile de Belsinski

C'est vrai que si l'on devait mettre à plat, en toute sincérité, tout ce qui peut motiver une attirance réciproque entre 2 êtres et analyser objectivement ce petit éco-système qu'est une relation duale , on ne serait pas au bout de nos surprises (relations dominant/dominé, narcissisme, auto-censure, égocentrisme, flatterie de l'égo, auto-satisfaction, mesquineries et petites vengeances et vexations, mensonge à l'autre et mensonge à soi-même... mais aussi compassion, AMOUR (où commence-t-il et où s'arrête-t-il ? ), générosité, envie de faire plaisir, partage, empathie, complicité... Comme tout ce qui touche à l'Homme, de la complexité, toujours de la complexité...
Manque d'idéalisme peut-être mais l'amour,  comme tous les comportements humains, n'est-il pas un produit de l'imaginaire qui permet "d'enrober" le besoin de reproduction inhérent à toute vie, une sorte de fabrication de l'esprit comparable à la parade de séduction chez l'animal ? L'homme, dans sa complexité et grâce à ses possibilités imaginatrices a forgé au fil des millénaires ce tissu interactif émotionnel, cet auto-satisfaction de la perception de soi à travers l'autre, étrange miroir à double face où j'aime, je m'aime au travers du "je suis aimé"... Et comme tout comportement, l'amour et la perception qu'on en a suit les modes du temps et l'évolution inter-sexe de l'humanité. Je ne crois pas qu'on s'aime aujourd'hui comme on s'aimait au temps de Cro-magnon, de Perceval, de Molière, du Marquis de Sade, de Louis-Philippe ou de Bernard Tapy.... Ni même qu'on s'aime de la même façon à 20 ans ou à 60 ans... Ni même qu'on s'aime de la même façon chez les Inuits, les Touaregs ou les Parisiens... Ni même qu'on s'aime de la même façon chez l'ouvrier de base ou le patron de haut vol (sans jeu de mots...)... Comme je le disais plus haut, l'amour me semble ambivalent, un feu dont les braises sont multiples (recherche de la complémentarité, recherche du père, de la mère, recherche du dominant ou du dominé.... Tout cela étant bien évidemment inconscient, emballé dans le flot des réactions émotionnelles et ... épidermiques).
Mais tout ce qui vient d'être dit ne dispense en rien du besoin d'amour ou de reconnaissance réciproque dans l'amour. Si l'amour (quelque soit ses racines plus ou moins nobles), si l'amitié n'existaient pas, le monde serait à feu et à sang et c'est la seule chose qui nous permette de fonder encore un quelconque espoir dans l'avenir de notre espèce...

Rien ne permet d'affirmer que l'homo sapiens se comportait comme une bête mais j'ai du mal à imaginer, à l'aube des temps, un amour idéal qui se serait comme érodé au fil des millénaires... Je pense plutôt que l'amour s'est introduit dans les rapports humains avec le développement de la conscience et la complexité des rapports sociaux. Ce qui n'empêchait certainement pas l'australopithèque (allez ! je remonte d'un cran dans l'évolution) de connaître un attachement brut, entier mais peut-être plus du domaine de l'instinct comme chez l'animal. On peut remarquer que dans le règne animal, l'amour mère/progéniture est quasiment constant, ce qui est loin d'être une constante dans le couple, souvent constitué le temps d'un accouplement. Mais là aussi, ce n'est pas une règle générale: il existe, chez certaines espèces, des couples qui se forment à vie ou presque (les félins... bien que c'est la lionne qui fait la bouffe pendant que ce macho de lion se prélasse au soleil, les loups, beaucoup d'oiseaux...). Le monde animal a l'instinct de reproduction ce qui n'empêche pas certaines espèces de bâtir tout autour de l'acte de reproduction toute une série de comportements "amoureux" (parades, attachement aux petits, vie en couple...). 


L'homme, être pensant doué d'un Imaginaire, a donc aussi élaboré autour de l'acte de reproduction destiné à la survie de l'espèce toute une série de sentiments, de comportements ( qui sont le résultat d'une culture progressivement mise en place depuis la préhistoire ou qui sont déjà inscrits dans les gênes: attirance visuelle, tactile, olfactive, désir etc...). Une chimie psychologique et organique sur laquelle s'est greffée toute la force de L'imaginaire humain.
Mais tout cela n'est que conjoncture... Ce qui compte c'est que, au niveau de l'humanité, les ciments sociaux que sont l'entraide, l'empathie, la compassion résistent coûte que coûte aux facteurs de dissensions, la haine, la jalousie, l'envie, la fanatisme, le mépris de l'autre...

L'Homme, ange et démon… Et l'amour comme seule arme contre les forces qui divisent, telles celles du libéralisme, tout en ayant en commun le même ferment: le DESIR !


samedi 21 avril 2012

Le paradis perdu.











Mais revenons au néolibéralisme puisque le communisme stalinien est mort de sa belle mort en 1989, laissant la place libre ... Il y a une dimension du néolibéralisme qu'il faut prendre en compte, un aspect profondément pernicieux qui tend à isoler de plus en plus l'individu. Le néolibéralisme est un hymne à l'individu "autonome" du moins ce que l'on cherche à faire passer pour autonome et libre. En fait, la "liberté" peut être un grand facteur d'oppression, insidieuse, si elle nous sépare des autres ... Et perversion suprême: le néolibéralisme, par le conditionnement des esprits, tend toujours de plus en plus, au sein d'une compétition généralisée pour une croissance maximale, à isoler l'individu devenu un combattant du système. C'est une forme de nouvelle forme de féodalité généralisée que les serfs modernes servent avec humilité car ils ont trop à perdre, un servage consenti et relativement supportable puisque ce que le système nous ravit, cette part de nous-mêmes qui aspire à autre chose, est compensé par une offre de biens toujours renouvelée. . Un conditionnement tel que nous acceptons ou endurons notre propre servilité d'homme soi-disant libre mais amputé d'une partie de lui-même, le rapport aux autres. Chacun se replie sur soi-même, vaincu ou persuadé d'être vainqueur d'une compétition qui abime les vainqueurs autant que les vaincus. Un cadre supérieur contraint de licencier des collègues n’est pas forcément bien dans ses baskets … Toujours réactiver les désirs pour produire plus ... au moindre coût, aux dépens d’un environnement épuisé et sacrifié … 





samedi 13 août 2011

Pauvre monde ...


Bosch: « La nef des fous »

La soirée approche … Je ne suis pas un fan du petit écran, comme on dit … Je lui préfère le grand. Mais je ressens souvent le besoin de regarder le JT, tout en sachant ce qui m'attend … Masochisme ? Peut-être … Besoin de s'informer ? Certainement, tout en sachant qu'il ne s'agit que d'une écume volatile, éphémère, presque volage …

Nous sommes conviés ce soir à partager le faste des préparatifs d'un mariage monégasque. Vous voyez de qui je parle ? Passionnant, non ?
Inventaire exhaustif des réjouissances: limousines, robe de mariée luxuriante (luxure riante, je ne crois pas …), repas rabelaisien (pour la bouffe, pas pour l'ambiance !), petits plats dans les grands, mise en scène coûteuse, vanités passéistes … et inutiles. Et dire que ces mises en image de contes de fée de pacotille (comme le mariage de nos 2 anglais dont j'ai oublié les noms) crèvent l'audimat ! Les larmes de bonheur de Charlène ont inondé la planète (ça tombe bien, on manque d'eau en Somalie: voir la suite).
Décidément, le monde ne tourne pas rond. Et pourtant, elle tourne ! …. Heureusement pour nous, insensible encore pour longtemps, espérons le, à nos petites agitations mesquines ...

Reportage suivant sans transition. Etat d'urgence en Somalie ! Guerres, massacres, populations affamées parquées sous un soleil indifférent, comme le reste de la planète … Mères et enfants étiques (éthique ?), décharnés. Images affligeantes infligées à nos regards étrangers. Malaise profond. Comment continuer à manger tranquillement devant cette infamie ? Mais la vie continue. A Monaco aussi … Il faut bien vivre et nous ne pouvons prendre en charge tous les maux de la planète, n'est-ce pas ? Nous aurons déjà fort à faire chez nous sous le soleil noir et tout aussi indifférent d'une nouvelle crise économique et financière qui se profile.
Mais à peine le temps de se demander que faire lorsque survient le reportage suivant.

Monsieur, Madame et leurs 2 enfants ont trouvé une formule de rêve pour les vacances ou un week-end réparateur: jouer à Robinson Crusoë dans une cabane installée dans les arbres … 150 euros la nuit, c'est donné mais sans eau ni électricité ! sinon c'est pas du jeu. On se la joue Rousseau, retour à la nature. Un rêve d'enfant, quoi !, nos racines bambinesques à portée de tronc … Irrésistible et si cool … Avec néanmoins un repas « gourmand » , faut quand même pas exagérer !, proposé en supplément bien sûr. Si l'on veut tenter cette expérience sylvestre tout en préservant les bienfaits de la civilisation, on peut aussi choisir une cabane de grand luxe, toute équipée, à 450 euros la nuit mais toujours dans un arbre quand même, on se veut proche de la nature, grâce à Dieu ! qui pourtant n'existe pas … « Lost in translation » mais sans risque ...

Quand brutalement le reportage s'interrompt, laissant Monsieur et Madame apprécier un soleil couchant des plus authentiques entre les 2 branches d'un olivier garanti centenaire. Au menu suivant: un camp de Roms réfugiés dans un recoin parisien, entre 2 routes à 4 voies. Dépaysement garanti comme l'olivier susdit. Indigence, hygiène au rabais, allure de bidonville, enfants et femmes négligés, … Pas d'eau et pas d'électricité. Il ne leur manque plus que quelques cabanes installées dans les arbres faméliques et ce serait parfait. Un retour aux sources, à la nature, très rousseauiste, et gratis en plus… Mais de quoi se plaignent-ils finalement ?

Eh oui, rien ne va plus … Les jeux sont faits. Finis de jouer.

Depuis des années, ces images se télescopent, se superposent, s'interrogent l'une l'autre et nous interrogent. Depuis qu'on les voit, il va bien falloir en payer un jour le prix.
Choc des images, comme disait l'autre… Choc de 2 mondes de plus en plus bipolarisés à l'heure de ce qu'on appelle pourtant la globalisation ou mondialisation. On va vers un modèle unique, dit-on, sous la houlette du capitalisme, alors que le nombre des plus pauvres et des plus riches s'accroît sans cesse. Monde rêvé et monde réel … Universalisme et communautarisme … Grandeurs éphémères et misères permanentes … Dualité du monde, persistante, prégnante, essentielle, malgré les utopies et les bonnes volontés ...

L'enfer est pavé de bonnes intentions, ne dit-on pas. La mondialisation et l'expansion du modèle unique néo-libéral sur lequel s'alignent les pays émergents (Chine, Indes, Brésil...) vont contribuer, (sauf prise de conscience collective mais je n'y crois pas trop) à creuser les inégalités, augmenter les problèmes de pollution, de désertification, de déforestation... Les perturbations climatiques et les grandes crises alimentaires commencent à pointer leur nez et inévitablement, le monde ne pourra pas continuer à contenir ce déséquilibre qui s'accentue de jour en jour... On sait que le budget attribué par ménage aux animaux domestiques des familles occidentales permettrait de nourrir de nombreuses familles de pays pauvres !....

Ainsi tout est lié... On peut comprendre que chaque jour des centaines de clandestins risquent leur vie sur des embarcations de fortune pour gagner ces terres qu'ils imaginent être l'eldorado... Et même si on essaie de leur prouver le contraire, rien n'empêchera le flux car c'est cela ou la mort lente au pays...
A l'heure actuelle, personne n'a de solution car tant qu'une remise en cause globale, à l'échelle mondiale, de notre système d'exploitation de la planète et de la répartition des richesses n'aura pas lieu ( c'est du domaine du rêve !), les décisions n'auront que des effets mineurs: quotas à l'immigration, aides aux pays pauvres pour limiter les départs, commerce équitable encore bien timide, etc…

Au-delà de ce sentiment d'incapacité à agir que nous ressentons tous individuellement, chacun est surtout sensible, et c'est normal, à ce qu'il vit au quotidien. Il est en effet plus facile de prôner de belles idées humanistes quand on habite Neuilly ou le fin fond de la Dordogne que si l'on réside à St Denis... On ne peut nier qu'une immigration non contrôlée poserait un problème à un pays qui se dit pourtant terre d'accueil, surtout si les structures d'accueil n'existent pas... On ne peut nier que se mêlent aux problèmes d'intégration des problèmes sociaux que peuvent rencontrer tous les Français comme le chômage, l'absence de perspective d'avenir, etc.. et que cela complique encore les choses. On ne peut nier que si la grande majorité des musulmans aspirent à vivre leur foi sereinement, l'oisiveté liée au chômage est le terreau idéal qui permet l'émergence de courants extrémistes...
Sentiment de malaise et d'incapacité à agir qui n'est qu'une des manifestations parmi d'autres engendrée par la faillite du système, celui du capitalisme néo-libéral étendu à toute la planète, libéralisme de droite ou social-démocratie de gauche dite caviar… Comportements de masse abêtissants orchestrés par les puissants ... Exploitation de l'homme par l'homme, on n'en sort pas. Jésus, reviens ! Diront certains … A chacun ses potions magiques faute de réelle volonté politique globale.
Le problème de l'immigration n'est qu'un épiphénomène de cette exploitation généralisée de l'homme par l'homme… Et comme si cela ne suffisait pas, le système financier s'emballe lui aussi: même ses acteurs impénitents semblent incapables de le contrôler ou le manipulent sciemment à leur profit …

Il semblerait que nous n'ayons plus aucune prise sur quoi que ce soit … Dans un tel contexte, l'individualisme se renforce, se fortifie, au gré des peurs et des angoisses … Et la manipulation a de beaux jours devant elle.

Quand s'opposent, s'affrontent, se querellent, se concurrencent les employés d'une entreprise, les habitants d'un quartier, les supporters de 2 équipes, les tenants de religions différentes, quand le privé jalouse les fonctionnaires, quand la désinformation s'installe, quand la culture de masse se développe, quand les "petits" se reprochent aux uns et aux autres leurs maux et leurs difficultés, qui tirent les ficelles ? ...

Pauvres de nous ! Peut-être pas … Pauvres de nos enfants et petits-enfants ...

Mais ne désespérons pas.

Les Chinois vont coloniser l'Afrique et remettre un peu d'ordre dans tout cela.
Si on manque d'eau un jour, Mars est prête à nous accueillir.
Soulagement ! Dans Super 8, le monde sera encore sauvé par des enfants.
Charlène et Albert de Monaco ne s'entendraient pas très bien, paraît-il, Ouf ! Ils sont comme nous finalement.
Soulagement ! Le plafond de la dette américaine a été relevé. Il va pouvoir dépasser les 14000 milliards de dollars. Voilà qui rassure … Qui a dit qu'ils étaient souvent bas de plafond ? (sorry, I was not able to resist … )
Le Royaume de sa Gracieuse Majesté va mieux: la reprise ne mains a été énergique, damned ! Mais on se demande pourquoi les émeutiers n'ont pas déclenché la fête le jour des noces du siècle. Aucune stratégie, ces casseurs …

Finalement, pourquoi se plaindre ? C'est « L'ami du petit-déjeuner, l'ami Ricoré » qui n'arrête pas de vous le répéter depuis mille ans… Alors, un peu de confiance … Au diable (qui n'existe pas) les rancoeurs et le pessimisme ambiant, comme on dit ! ...

Et pour faire preuve d'un optimisme à toute épreuve justement, je reviendrai bientôt sur ce sujet de la pauvreté ….

mercredi 3 août 2011

Tentation ...


 

Ne vous est-il jamais arrivé de vouloir passer à la trappe ?…. J'entends par là, un jour, d'avoir eu envie de tout lâcher, de faire retraite dans une Abbaye comme celle de la Trappe par exemple.
Si vous êtes un jeune lecteur, cela ne risque pas de vous arriver de sitôt (ou Cîteaux…).Il faut peut-être déjà avoir ressenti une certaine lassitude, avoir porté un regard un peu désabusé sur ce qui fait le quotidien pour éprouver cette envie curieuse d'isolement…
Il m'est arrivé comme beaucoup de regarder un documentaire sur la vie monastique ou de visiter un monastère au cours de mes pérégrinations. Rien de plus banal….
Et j'ai quelquefois éprouvé, vous allez dire cette fois-ci c'est la fin, il est en plein délire mystique ! , comme un sentiment insidieux, une tentation (un peu comme celle de Saint-Antoine mais les démons avaient changé de look), une quasi fascination pour, à la fois l'atmosphère paisible du lieu mais aussi l'ordonnancement parfait des actes qui se répétaient à l'infini, chaque jour identiques à eux-mêmes… Ding ding dong, ding ding dong… C'est l'heure de mâtines…, nones,... complies.
Quand le mouvement incessant de la vie ne vous laisse aucun répit ou, à l'opposé, quand la routine implacable ne vous laisse que du dépit, cette répétition monastique des mots et des actes à l'infini semble apporter la paix à ceux qui la pratiquent.. On peut encore comprendre que le lieu clos, rassurant, l'emploi du temps quasi intemporel à force de recommencement à l'identique fassent envie aux fatigués de la vie trépidante du monde profane… Mais comment expliquer que cette litanie sempiternelle des jours et des nuits ne deviennent pas aussi, à l'exemple de ce qui peut se passer au dehors, routine écrasante, habitudes intolérables ? …. Peut-être qu'une routine porteuse d'un sens, qui élève l'âme (si l'on se place du point de vue du pratiquant), même si elle peut paraître trompeuse pour un athée, transcende cette routine et libère l'homme du matériel pour se consacrer au spirituel…
Ce qui exténue l'homme au dehors de la clôture, l'use, l'ennuie, le vide de sa substance permet peut-être au moine de se construire, de se débarrasser des imprévus, des petites inquiétudes de la vie qui peu à peu nous rongent pour pouvoir se consacrer à ce qu'il pense être pour lui l'essentiel… S'abstraire de l'Avoir et des besoins matériels, s'abstraire de la quête éperdue des promesses du lendemain, s'abstraire des contraintes du travail et des ambitions qui l'accompagnent… S'atteler aux tâches simples pour lesquelles il est fait, jouant humblement sa gamme dans l'orchestre communautaire…
Le lieu y est aussi pour beaucoup… Passionné d'Histoire, et aussi d'Histoire de l'Art, chaque pierre est un peu comme un message d'un passé encore tellement présent. Même athée, je ne peux pas rester insensible à la beauté simple et parfaite d'une abbaye romane, aux jeux des lumières ocres entre les piliers, à la puissance d'une silence envoûtant, troublé, voûte après voûte, par le seul martellement des pas qu'on voudrait plus furtifs...
C'est un peu comme un rêve… On visite ces lieux et l'on s'assoit un moment, nous les incroyants, emplis par une atmosphère qui finalement nous manque ou pour le moins nous interroge. Sinon pourquoi ressentir cela ?
Mais ne craignez rien, malgré ces instants fugitifs, je suis encore bien ancré dans le réel, il faut savoir qu'un ingrédient, et non des moindres, est nécessaire, la foi… Sinon cet espace hors du temps qu'il nous arrive d'envier deviendrait vite un enfer, le comble pour une antichambre du paradis !…
Et d'autre part je suis trop attaché à la vie, avec ce tout qu'elle a de contradictoire, pour me réfugier dans un monde clos, réaction qui m'apparaît un peu comme une fuite. Même s'il elle est vécue comme un engagement par le croyant. Question de point de vue…
Et je préfère très nettement le whisky au vin de messe, et ça, c'est rédhibitoire !...
Il n'en reste pas moins vrai que tout cela pose problème. Je n'hésite pas à me répéter: « On visite ces lieux et l'on s'assoit un moment, nous les incroyants, emplis par une atmosphère qui finalement nous manque. Sinon pourquoi ressentir cela ? »
Ce monde qui se veut de plus en plus rapide, consumériste, cynique d'une certaine façon nous prive à coup sûr de quelque chose… Pas étonnant que le bouddhisme attire autant d'individus. Nous sommes comme amputés de quelque chose. Je dirais même amputés dès la naissance. Quelque chose à conquérir pour être plus complet, plus entier…
Et ce quelque chose, ne devons-nous compter que sur les seules religions pour l'acquérir ?...

A quand un programme politique qui intègrerait les notions de bonheur, de plénitude, de sérénité tout en mettant en avant, évidemment, les conditions matérielles nécessaire à leur obtention


En attendant, vous pouvez vous intéresser à l'oeuvre de Paul Diel, à sa "Psychologie de la motivation" entre autre,  qui nous met à jour les fausses motivations, les fausses illusions, les faux désirs,  qu'ils soient d'ordre matériel, spirituel, politique et même humaniste, et que notre inconscient, assez perfide, nous persuade de leur véracité et de leur pureté. Imagination exaltée et jamais satisfaite qui ne génère qu'une angoisse auto-reproductrice, imaginaire alimenté sans cesse par notre société mercantile qui nous éloigne de ce qui fait notre élan vital, le désir essentiel de tout homme qui, s'il ne s'aveugle pas ou n'est pas aveuglé sciemment, a tout pour trouver cette paix et cette sérénité. 


En acceptant de laisser humblement cette part du Mystère du monde que nous frôlons au coeur lumineux d'une cathédrale, dans le bruissement subtile d'un feuillage ou l'envol puissant gracieux d'une oie sauvage ...

mercredi 27 juillet 2011

Peut-on être soi-même ?




Le monde semble n'avoir toujours été qu'une vaste scène où chacun joue un rôle. Il ne me semble pas plus théâtralisé que jadis. Les codes de reconnaissance vont bien sûr changer avec les époques. Quel que soit le siècle, chacun par son attitude, son apparence extérieure, ses signes extérieurs de richesse ou non richesse, son langage, ses valeurs, etc... entre aussitôt pour autrui dans une catégorie bien définie. Il est étiqueté, rangé dans la case Bobo, marginal, beauf, loup aux dents longues, Mr tout le monde, nouveau riche, intello, etc....
Je penserais même que si le monde d'aujourd'hui est plus théâtralisé qu'hier par la variété des "costumes" qu'il permet d'enfiler, surtout depuis ces quarante dernières années, c'est peut-être alors un facteur de liberté plutôt qu'un carcan. Le 19ème siècle par exemple était aussi théâtralisé mais l'éventail était nettement plus réduit et plus rigide !
Je crois que même celui ou celle qui ont tenté d'échapper à cette loi de l'apparence en essayant de se démarquer ont été inévitablement récupérés par le système qui crée aussitôt de nouvelles catégories contraignantes (marginal, ancien soixantuitard, etc...). Il suffit de voir les phénomènes de contre-culture et de communautarisme hippie aux USA à la fin des années 60...
En fait, nous ne sommes pas obligés d'endosser des rôles, nous sommes inévitablement dès nos premiers pas des acteurs... Et même si nous ne nous percevons pas comme cela, revendiquant notre liberté, notre unicité, nous n'échappons pas au regard d'autrui qui nous enferme irrémédiablement dans une case.
L'homme est à la fois un être unique par sa personnalité, son individualité et un être social obéissant consciemment ou non à des codes bien précis. Et cela dans toutes les cultures, certaines étant bien plus coercitives... Bourdieu, en particulier, a bien mis à jour les mécanismes de la distinction sociale. Et l'historien Norbert Elias dans sa "Civilisation des moeurs" a aussi bien montré la mise en place de ces mécanismes dès la fin du 17ème siècle. Le "costume" est devenu de plus en plus rigide jusqu'à 68 qui, pour le meilleur et pour le pire , a fait éclater la lourde pesanteur d'une époque. Nous sommes l'amalgame de ce que nous nous sentons être et de ce que les autres croient que nous sommes. Difficile équilibre: je suis moi-même les autres…
Ainsi la particularité, la singularité, c'est ce qui fait la richesse du Tout qui n'a rien d'universel mais est plutôt un agrégat plus ou moins harmonieux de ces singularités. Mais il y a certainement une difficulté d'être soi au risque d'être exclu ou réprimé. La société supporte les marges tant que celles-ci sont bien ciblées; définies et encadrées: c'est par exemple le monde des artistes, des amuseurs publics... La société n'aime pas les marges indéfinissables et "sauvages" mais elle en a besoin. Je crois que toutes ces manifestations de la singularité plus que singulière jouent un rôle actif et positif dans toutes les sociétés. L'autre, dans son extrémisme, le marginal, fixe la norme des bien pensants, il est donc, repoussoir et attirance: il est l'a-normal et me conforte dans ma normalité, il est aussi l'expression de la liberté pure que je lui envie en secret... La "bonne" société peut ainsi se définir par rapport à la marginalisation, l'individu marginal fascine et fait peur en même temps car il est le miroir inversé de l'homme rangé. Il est ce que je ne suis pas (donc c'est rassurant pour la bonne conscience) mais il est aussi ce que j'aurais pu être (d'où le petit frisson que cela peut provoquer) Un peu comme l'on regarde un film où règne la violence et le danger... assis dans un bon fauteuil.
Voir aussi la fonction du "fou du roi" ou de la fête des fous au Moyen Age où tous les rôles sociaux étaient inversés, fonction qu'on retrouve encore dans le carnaval.. .


Et la question essentielle reste celle des limites.
Le problème commence au moment où des singularités, légitimes dans leur existence propre, se heurtent dans le grand fonctionnement collectif. Problème bien connu de la liberté qui "commence où s'arrête celle des autres".
Il y danger lorsque ma singularité, gonflée par un ego surdimensionné, m'empêche de voir ou d'accepter celle de l'autre, lorsque l'ego nuit à la reconnaissance d'un alter ego. Ensuite, tout dépend des incidences que cette tendance peut avoir sur le bon fonctionnement de la société et vers quoi elle s'oriente, sous quelle forme elle se manifeste… A l'artiste de talent, on pardonnera beaucoup. Le gourou se fera des adeptes inconditionnels, l'homme politique entraînera les foules... Bien ou mal ? cela dépend des points de vue éthiques de chacun. Les neo nazis par exemple voient certainement en Hitler une figure du Bien, occultant plus ou moins consciemment les moyens menant à une fin qu'ils considèrent comme nécessaire et positive (de leur point de vue, bien sûr…)....
Quant à la paranoïa, elle fait partie de notre lot commun, comme la névrose et bien d'autres "déviances". Nous le sommes tous à des degrés divers. C'est sa densité ou ses effets sur les autres qui feront qu'elle sera intégrée, tolérée ou considérée comme dangereuse.
Rappelons aussi que les points de vue changent selon l'espace et le temps. C'est la place occupée par la "folie" dans l'Histoire: comment, selon les époques et selon les sociétés, les hommes l'intégrèrent ou la marginalisèrent… Le "fou" peut alors être respecté, être considéré comme porteur d'une sagesse ésotérique, être craint, être conspué, mis à l'écart (voir le "grand renfermement" dont parle Foucault).

C'est le travail assidu de toute une vie sur le "connais-toi toi même" qui permettra justement à la pensée de juger avec justesse le bien fondé de mes actes, de les mesurer à l'aune de la morale personnelle que je me suis forgée ... Je crois que si l'on se connaît bien, que si l'on s'est donné des impératifs raisonnables (la morale de Kant par exemple me semble toujours d'actualité), que si l'on a anticipé les situations au cours desquelles on ne renoncera à aucun prix à être ce qu'on est, on peut trouver un équilibre entre contraintes sociales inévitables et liberté individuelle. La voie du dialogue serein et persuasif est souvent la meilleure. Montrer aux autres qu'on les respecte pour ce qu'ils sont, se montrer tolérant sans laxisme, et savoir imposer ce que l'on est par une attitude sereine, comme allant de soi, tout en étant persuasive et opiniâtre... Résister à la Ghandi... Que l'autre sente que c'est ainsi, dans l'ordre des choses d'un monde multiculturel et socialisé mais où l'espace de liberté de chacun est assuré...
Peut-être plus facile à dire qu'à faire mais tendre déjà vers cela, c'est déjà gagner un peu plus chaque jour sur le conformisme ambiant.



Liberté et conditionnement.

Si j'étais Freud, je dirais que le Moi est la partie indispensable de notre personnalité qui tend à jouer les arbitres entre le ça (pulsions primitives) et le surmoi (instances extérieures intériorisées: règles parentales, lois, préjugés, etc...). Le Moi jongle entre ces deux instances pour trouver un équilibre en tendant vers un Moi idéal que nous projetons.

Le Moi, quand il joue bien son rôle, est donc constitutif de la personnalité. Il faudrait plutôt se libérer d'un Surmoi trop contraignant ou se méfier d'un "ça" trop actif si l'on peut dire... Une des défenses du Moi est le refoulement (avec les problèmes que cela peut poser). Mais si l'on entend par Moi, l'amalgame de toutes ces instances plus ou moins conscientes, c'est-à-dire la personnalité, avec tout ce qu'elle traîne de casseroles (névroses, idées reçues, peurs et angoisses, etc...) alors s'en libérer serait lutter contre le déséquilibre inévitable entre notre Moi (et son cortège d'illusions) et la réalité du monde avec lequel il faut composer (adaptation). Ceux qui ont un Moi surdimensionné sont forcément malheureux s'ils ne parviennent pas à concrétiser leurs "rêves" impossibles à atteindre (cf les héros grecs châtiés par les dieux à cause de leur démesure): rêves d'argent, de pouvoir, de sainteté, de célébrité, de sacrifice etc... Une autre tendance inverse est la victimisation, tendance à se déprécier, à se faire plaindre...

Mais l'esprit nous a fourni une arme, la sublimation, qui peut nous permettre de transcender les pulsions négatives en actes positifs (art, travail, engagement, altruisme...)

Se libérer totalement relève d’une utopie vers laquelle tendent certaines religions orientales. Se libérer c'est se connaître pour s'adapter dans la meilleure harmonie possible à notre environnement (au sens large).



Etre libre… Impossible, certainement... Sauf peut-être pour quelques grands initiés qui ont choisi la voie du renoncement... Dans notre vie quotidienne, on peut s'approcher certes de cette liberté en disant non, mais aussi en disant oui, peu importe, cela dépend des circonstances. Tout dépend de la qualité de ce non et de ce oui.

J'entends par qualité la quasi assurance (mais on n'en est jamais sûr, c'est de là l'idée que la liberté totale n'existe pas)
que mon oui ou mon non sont strictement objectifs et ne sont pas la résultante d'une multitude de ressentis, pensées diverses, schémas de conditionnement, tous parfaitement inconscients...

Et même si ma con
science me propose de bonnes raisons de prononcer ce oui ou ce non, comment être sûr qu'il ne s'agit pas d'une de ces ruses de l'inconscient, c'est-à-dire de l'ego, qui me permet ainsi de m'auto-justifier...en toute "bonne conscience" ?

Bref, dans ce fatras de pensées et d'actes, conditionnés ou non, conscients ou non, parades de l'ego ou non, difficile de s'y retrouver et de pouvoir assurément dire oui ou non en toute liberté. L'affirmer serait déjà présomptueux et se mentir à soi-même...

Proverbe chinois: "L'ours tournait dans sa cage, inlassablement, alors que la porte était ouverte..." Encore faut-il savoir que la porte peut s'ouvrir et ensuite connaître la recette du déconditionnement...pour affronter la liberté.

Nous connaissons bien les expériences de Milgram font froid dans le dos. On en voyait un extrait reconstitué dans le film "I comme Icare" de Verneuil.
Nous avons bien sûr besoin du conditionnement, du moins d'une mémorisation inconsciente des acquis qui nous permet de fonctionner sans se prendre la tête en devant tout réapprendre à chaque fois. Le conditionnement a beaucoup à voir avec l'apprentissage. Mais il s'agit là d'une forme de conditionnement personnel, si l'on veut, r
ésultat et moyen de mon action volontaire sur le monde. Nous sommes peut-être plus ici dans le physique.

Nous avons aussi le conditionnement socio-psychologique instauré dès la naissance par des autorités extérieures (parents, école, armée (plus maintenant), lois, état, etc...) qui prendra la forme de ce que Freud appelait le Surmoi, c'est-à-dire l'assimilation, l'intégration et donc l'acceptation par l'individu des contraintes sociales et environnementales. Nous sommes plus ici dans le domaine du rapport à l'autorité qui se fonde souvent sur les grands archétypes comme la figure du père, la patrie, la loi, la famille
(voir plus haut).

Et nous avons toutes les autres formes de conditionnement qui sont du plus !... et qu'on nous instille peu à peu dans un but souvent mercantile. On peut mettre la propagande politique moderne dans le mercantilisme puisque qu'il s'agit de plus en plus de "vendre" un produit, une image...

Nous savons tous que, même lorsque nous nous croyons le plus libres possible, il y a de bonnes chances pour que nous réagissions selon un schéma voulu auparavant et déclenché stimuli. Et si les techniques les plus abouties de la technologie médicale de prospection du cerveau deviennent des outils pour les marchands, nous ne sommes pas là de voir le jour.... Nous sommes plus ici dans le
domaine de l'affectif et de l'image de soi.

Il faudrait sans cesse être en éveil, vivre dissocié, c'est-à-dire perpétuellement en état de conscience, conscience qui se regarde penser, agir, réagir et tenter d'en décrypter les codes... Difficile !... Car ce qui est visé par les publicistes de tout bord, c'est bien l'EGO, cette part de nous qui n'est pas nous mais une structure qu'on peut retrouver chez chacun (ou même au niveau du collectif) et qui fonctionne selon des schèmes constants qui sont pour les plus courants: "je/me/moi/vouloir/pouvoir/vouloir plus/être supérieur, plus beau, plus fort/avoir raison/avoir/c'est la faute à/c'est tous des cons/etc...

Le jour où l'on sera libéré de ces types de conditionnement, l'on deviendra des Sages... Il y a du pain sur la planche, pour moi le premier.

lundi 25 juillet 2011

La pensée unique.


La pensée unique dans un sens large, général, est cette pensée (culture) de masse, pensée conformiste dominante, politiquement correcte comme  on dit et qui imprègne insidieusement les esprits,  les lamine par le biais essentiellement des medias. Cet instinct grégaire doublé d’un ralliement à la majorité pensante a toujours existé ainsi que les poches de résistance.

Dans un sens plus politique, si l’on veut, la pensée unique est liée aux idéologies, à tous les mots en –isme qui ont prospéré puis se sont écroulés devant la réalité. Le fait nouveau est que cette pensée unique, depuis la chute du mur de Berlin essentiellement, est devenue le vecteur de l’hégémonie mondiale du néo-capitalisme tout puissant..  Il n’existe plus de contre-pouvoir.  Quand on parle de « pensée unique », c’est de cela qu’il s’agit. Et la pensée est réellement devenue unique à l’échelle planétaire avec pour but d’imposer son modèle économique, bien sûr, mais aussi, car l’un ne peut aller sans l’autre, son modèle de vie, ses valeurs, son idéologie…
Le 2ème fait nouveau est que ce modèle est devenu transversal et occupe l’imaginaire des esprits de droite comme de gauche. La social—démocratie l’a fait sienne et aucun parti de gauche européen ne peut remettre en cause les lois du marché (considérées comme les seules loi d’évolution du monde)  et les valeurs qui s’en suivent même si l’on crie haut et fort le contraire à l’approche d’élections…

Une pensée qui risque de devenir totalitaire mais qui agirait avec beaucoup plus de subtilités, de ruse que par le passé, assurant en fin de compte  la liberté pour les puissants des pays riches et le soutien, très souvent, dans les pays pauvres, des pires dictatures, si le marché l’exige …
Par quels moyens ? Ils ne seront pas les même dans une Chine en pleine métamorphose et une France qui doit compter avec deux siècles post-révolutionnaires...

Nous vivons une époque où l'individualisme n'a jamais été aussi prononcé, un malaise social est certain,  et nous assistons à une crise des valeurs augmentée par la sensation qu'on « marche » au jugé vers l'inconnu… Un conditionnement médiatique qui fait croire à tous que la réussite (la gloire) facile et rapide est possible, il suffit d'oser, de s'exposer (émissions de TV réalité, etc…). Au nom de l'individualisme, on donnerait le droit à chacun de se dire, de s'exprimer, de se raconter …
Nous avons su, peu ou prou, faire sauter les verrous de la Censure, de l'Eglise, libérer la pensée, libérer les corps, libérer nos émotions. Mais il reste la censure la plus prégnante, celle dont on ne débarrasse pas si facilement, l'auto-censure, le (auto) conditionnement… orchestré par un monde gouverné par la raison purement économique, au nom de la seule rentabilité, un monde qui tourne peu à peu au rythme de la roue de la fortune, des rêves dorés, … et des frustrations profondes.

Chaque individu isolé semble se fondre dans une identité collective floue, contre laquelle certains se rebellent vainement, créée par le conditionnement médiatique, la culture de masse, la mode, la publicité, le politiquement correct, une sorte de nivellement général insidieux dont il n'est pas toujours facile de sortir…. Une fausse identité collective qui relève plus de la propagande sournoise et du bourrage de crâne pernicieux… La culture de masse, inhérente à notre société actuelle, semble être un mouvement vers des connaissances artistiques, culturelles, vers un système d'éducation, un mode de vie sociale et de pensée, un style de comportement, des actes de consommation, des codes de reconnaissance sociale homogènes. Ce mouvement induit une uniformisation de la perception de la réalité. L'impression paradoxale d'être tous des individus libres et différents au sein d'un modèle unique de société, la société libérale de consommation… Le danger est que la culture de masse donne l'illusion du choix, qu'elle automatise la consommation et l'identification, que le consommateur est réduit à l'état d'objet et qu'elle substitue le conformisme à l'autonomie. Ne sommes- nous pas tiraillés constamment entre nos désirs de liberté et d'autonomie et tout ce qui nous conditionne subtilement au point de nous donner l'illusion d'être libres ? N’est-ce pas là le piège ultime de la pensée unique ? Me donner l’illusion que je le suis, unique…

Je crois qu'il n'y rien de gauchiste (mais le terme ne m'offense pas si ce n'est qu'il a pris des connotations péjoratives à force d'être galvaudé ici et là) à constater un fait qui est reconnu et admis par une grande majorité des observateurs à l'échelle mondiale (politiques, écrivains, journalistes, analystes économiques, etc...) qu'ils soient de droite ou de gauche. C'est un fait admis.

Evidemment, les discours de droite et les discours de gauche varieront certainement sur les conséquences envisageables du processus en cours, sur ses "bienfaits" ou ses effets négatifs. Mais, au fil des années, pour le peu qu'une langue de bois enrobe le tout, les approches se ressemblent de plus en plus... Et le néo-capitalisme et ses valeurs est de plus en plus présenté comme une sorte de fatalité( ou évidence, presque une loi
naturelle du marché) sans alternative possible. C'est cette pensée et tout ce qu'elle peut entraîner au niveau des valeurs sociales, humaines qui, à travers toutes les techniques de conditionnement qu'elle peut adopter, s'impose de plus en plus comme unique, de manière offensive, déclarée, ou de manière souterraine, insidieuse...

Les idéologies communistes ont failli dès qu'il s'est agi de les appliquer sur le terrain à tout un peuple (URSSS et ancien bloc de l'est, Chine maoïste, Corée du Nord, etc...). Toutes les utopies qui ont voulu unifier les hommes ont inévitablement couru à l'échec.

Mais si l'on prend du recul par rapport à ce qui se passe actuellement, il y a de quoi s'inquiéter... L'ex-URSS est en proie aux maffias et au capitalisme sauvage, la Chine bâtit sa nouvelle puissance sur l'exploitation sans merci des paysans/ouvriers quasiment esclaves, tous les pays en voie de développement ne rêvent que d'atteindre le niveau de vie et de consommation des pays occidentaux. C'est leur droit mais c'est bien plus que ce que la planète pourra donner et supporter...
Ce qui n'empèche pas le néo-libéralisme, par le biais de multi-nationales aux réseaux inextricables englobant les moyens de communication et d’information d'imposer au monde entier la dictature de sa "pensée unique" sur les vertus du marché libre et de faire toujours plus d'émules....