Le monde semble n'avoir toujours été qu'une vaste scène où chacun joue un rôle. Il ne me semble pas plus théâtralisé que jadis. Les codes de reconnaissance vont bien sûr changer avec les époques. Quel que soit le siècle, chacun par son attitude, son apparence extérieure, ses signes extérieurs de richesse ou non richesse, son langage, ses valeurs, etc... entre aussitôt pour autrui dans une catégorie bien définie. Il est étiqueté, rangé dans la case Bobo, marginal, beauf, loup aux dents longues, Mr tout le monde, nouveau riche, intello, etc....
Je penserais même que si le monde d'aujourd'hui est plus théâtralisé qu'hier par la variété des "costumes" qu'il permet d'enfiler, surtout depuis ces quarante dernières années, c'est peut-être alors un facteur de liberté plutôt qu'un carcan. Le 19ème siècle par exemple était aussi théâtralisé mais l'éventail était nettement plus réduit et plus rigide !
Je crois que même celui ou celle qui ont tenté d'échapper à cette loi de l'apparence en essayant de se démarquer ont été inévitablement récupérés par le système qui crée aussitôt de nouvelles catégories contraignantes (marginal, ancien soixantuitard, etc...). Il suffit de voir les phénomènes de contre-culture et de communautarisme hippie aux USA à la fin des années 60...
En fait, nous ne sommes pas obligés d'endosser des rôles, nous sommes inévitablement dès nos premiers pas des acteurs... Et même si nous ne nous percevons pas comme cela, revendiquant notre liberté, notre unicité, nous n'échappons pas au regard d'autrui qui nous enferme irrémédiablement dans une case.
L'homme est à la fois un être unique par sa personnalité, son individualité et un être social obéissant consciemment ou non à des codes bien précis. Et cela dans toutes les cultures, certaines étant bien plus coercitives... Bourdieu, en particulier, a bien mis à jour les mécanismes de la distinction sociale. Et l'historien Norbert Elias dans sa "Civilisation des moeurs" a aussi bien montré la mise en place de ces mécanismes dès la fin du 17ème siècle. Le "costume" est devenu de plus en plus rigide jusqu'à 68 qui, pour le meilleur et pour le pire , a fait éclater la lourde pesanteur d'une époque. Nous sommes l'amalgame de ce que nous nous sentons être et de ce que les autres croient que nous sommes. Difficile équilibre: je suis moi-même les autres…
Je penserais même que si le monde d'aujourd'hui est plus théâtralisé qu'hier par la variété des "costumes" qu'il permet d'enfiler, surtout depuis ces quarante dernières années, c'est peut-être alors un facteur de liberté plutôt qu'un carcan. Le 19ème siècle par exemple était aussi théâtralisé mais l'éventail était nettement plus réduit et plus rigide !
Je crois que même celui ou celle qui ont tenté d'échapper à cette loi de l'apparence en essayant de se démarquer ont été inévitablement récupérés par le système qui crée aussitôt de nouvelles catégories contraignantes (marginal, ancien soixantuitard, etc...). Il suffit de voir les phénomènes de contre-culture et de communautarisme hippie aux USA à la fin des années 60...
En fait, nous ne sommes pas obligés d'endosser des rôles, nous sommes inévitablement dès nos premiers pas des acteurs... Et même si nous ne nous percevons pas comme cela, revendiquant notre liberté, notre unicité, nous n'échappons pas au regard d'autrui qui nous enferme irrémédiablement dans une case.
L'homme est à la fois un être unique par sa personnalité, son individualité et un être social obéissant consciemment ou non à des codes bien précis. Et cela dans toutes les cultures, certaines étant bien plus coercitives... Bourdieu, en particulier, a bien mis à jour les mécanismes de la distinction sociale. Et l'historien Norbert Elias dans sa "Civilisation des moeurs" a aussi bien montré la mise en place de ces mécanismes dès la fin du 17ème siècle. Le "costume" est devenu de plus en plus rigide jusqu'à 68 qui, pour le meilleur et pour le pire , a fait éclater la lourde pesanteur d'une époque. Nous sommes l'amalgame de ce que nous nous sentons être et de ce que les autres croient que nous sommes. Difficile équilibre: je suis moi-même les autres…
Ainsi la particularité, la singularité, c'est ce qui fait la richesse du Tout qui n'a rien d'universel mais est plutôt un agrégat plus ou moins harmonieux de ces singularités. Mais il y a certainement une difficulté d'être soi au risque d'être exclu ou réprimé. La société supporte les marges tant que celles-ci sont bien ciblées; définies et encadrées: c'est par exemple le monde des artistes, des amuseurs publics... La société n'aime pas les marges indéfinissables et "sauvages" mais elle en a besoin. Je crois que toutes ces manifestations de la singularité plus que singulière jouent un rôle actif et positif dans toutes les sociétés. L'autre, dans son extrémisme, le marginal, fixe la norme des bien pensants, il est donc, repoussoir et attirance: il est l'a-normal et me conforte dans ma normalité, il est aussi l'expression de la liberté pure que je lui envie en secret... La "bonne" société peut ainsi se définir par rapport à la marginalisation, l'individu marginal fascine et fait peur en même temps car il est le miroir inversé de l'homme rangé. Il est ce que je ne suis pas (donc c'est rassurant pour la bonne conscience) mais il est aussi ce que j'aurais pu être (d'où le petit frisson que cela peut provoquer) Un peu comme l'on regarde un film où règne la violence et le danger... assis dans un bon fauteuil.
Voir aussi la fonction du "fou du roi" ou de la fête des fous au Moyen Age où tous les rôles sociaux étaient inversés, fonction qu'on retrouve encore dans le carnaval.. .
Et la question essentielle reste celle des limites.
Voir aussi la fonction du "fou du roi" ou de la fête des fous au Moyen Age où tous les rôles sociaux étaient inversés, fonction qu'on retrouve encore dans le carnaval.. .
Et la question essentielle reste celle des limites.
Le problème commence au moment où des singularités, légitimes dans leur existence propre, se heurtent dans le grand fonctionnement collectif. Problème bien connu de la liberté qui "commence où s'arrête celle des autres".
Il y danger lorsque ma singularité, gonflée par un ego surdimensionné, m'empêche de voir ou d'accepter celle de l'autre, lorsque l'ego nuit à la reconnaissance d'un alter ego. Ensuite, tout dépend des incidences que cette tendance peut avoir sur le bon fonctionnement de la société et vers quoi elle s'oriente, sous quelle forme elle se manifeste… A l'artiste de talent, on pardonnera beaucoup. Le gourou se fera des adeptes inconditionnels, l'homme politique entraînera les foules... Bien ou mal ? cela dépend des points de vue éthiques de chacun. Les neo nazis par exemple voient certainement en Hitler une figure du Bien, occultant plus ou moins consciemment les moyens menant à une fin qu'ils considèrent comme nécessaire et positive (de leur point de vue, bien sûr…)....
Quant à la paranoïa, elle fait partie de notre lot commun, comme la névrose et bien d'autres "déviances". Nous le sommes tous à des degrés divers. C'est sa densité ou ses effets sur les autres qui feront qu'elle sera intégrée, tolérée ou considérée comme dangereuse.
Rappelons aussi que les points de vue changent selon l'espace et le temps. C'est la place occupée par la "folie" dans l'Histoire: comment, selon les époques et selon les sociétés, les hommes l'intégrèrent ou la marginalisèrent… Le "fou" peut alors être respecté, être considéré comme porteur d'une sagesse ésotérique, être craint, être conspué, mis à l'écart (voir le "grand renfermement" dont parle Foucault).
C'est le travail assidu de toute une vie sur le "connais-toi toi même" qui permettra justement à la pensée de juger avec justesse le bien fondé de mes actes, de les mesurer à l'aune de la morale personnelle que je me suis forgée ... Je crois que si l'on se connaît bien, que si l'on s'est donné des impératifs raisonnables (la morale de Kant par exemple me semble toujours d'actualité), que si l'on a anticipé les situations au cours desquelles on ne renoncera à aucun prix à être ce qu'on est, on peut trouver un équilibre entre contraintes sociales inévitables et liberté individuelle. La voie du dialogue serein et persuasif est souvent la meilleure. Montrer aux autres qu'on les respecte pour ce qu'ils sont, se montrer tolérant sans laxisme, et savoir imposer ce que l'on est par une attitude sereine, comme allant de soi, tout en étant persuasive et opiniâtre... Résister à la Ghandi... Que l'autre sente que c'est ainsi, dans l'ordre des choses d'un monde multiculturel et socialisé mais où l'espace de liberté de chacun est assuré...
Peut-être plus facile à dire qu'à faire mais tendre déjà vers cela, c'est déjà gagner un peu plus chaque jour sur le conformisme ambiant.
Il y danger lorsque ma singularité, gonflée par un ego surdimensionné, m'empêche de voir ou d'accepter celle de l'autre, lorsque l'ego nuit à la reconnaissance d'un alter ego. Ensuite, tout dépend des incidences que cette tendance peut avoir sur le bon fonctionnement de la société et vers quoi elle s'oriente, sous quelle forme elle se manifeste… A l'artiste de talent, on pardonnera beaucoup. Le gourou se fera des adeptes inconditionnels, l'homme politique entraînera les foules... Bien ou mal ? cela dépend des points de vue éthiques de chacun. Les neo nazis par exemple voient certainement en Hitler une figure du Bien, occultant plus ou moins consciemment les moyens menant à une fin qu'ils considèrent comme nécessaire et positive (de leur point de vue, bien sûr…)....
Quant à la paranoïa, elle fait partie de notre lot commun, comme la névrose et bien d'autres "déviances". Nous le sommes tous à des degrés divers. C'est sa densité ou ses effets sur les autres qui feront qu'elle sera intégrée, tolérée ou considérée comme dangereuse.
Rappelons aussi que les points de vue changent selon l'espace et le temps. C'est la place occupée par la "folie" dans l'Histoire: comment, selon les époques et selon les sociétés, les hommes l'intégrèrent ou la marginalisèrent… Le "fou" peut alors être respecté, être considéré comme porteur d'une sagesse ésotérique, être craint, être conspué, mis à l'écart (voir le "grand renfermement" dont parle Foucault).
C'est le travail assidu de toute une vie sur le "connais-toi toi même" qui permettra justement à la pensée de juger avec justesse le bien fondé de mes actes, de les mesurer à l'aune de la morale personnelle que je me suis forgée ... Je crois que si l'on se connaît bien, que si l'on s'est donné des impératifs raisonnables (la morale de Kant par exemple me semble toujours d'actualité), que si l'on a anticipé les situations au cours desquelles on ne renoncera à aucun prix à être ce qu'on est, on peut trouver un équilibre entre contraintes sociales inévitables et liberté individuelle. La voie du dialogue serein et persuasif est souvent la meilleure. Montrer aux autres qu'on les respecte pour ce qu'ils sont, se montrer tolérant sans laxisme, et savoir imposer ce que l'on est par une attitude sereine, comme allant de soi, tout en étant persuasive et opiniâtre... Résister à la Ghandi... Que l'autre sente que c'est ainsi, dans l'ordre des choses d'un monde multiculturel et socialisé mais où l'espace de liberté de chacun est assuré...
Peut-être plus facile à dire qu'à faire mais tendre déjà vers cela, c'est déjà gagner un peu plus chaque jour sur le conformisme ambiant.
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