... et aussi le simple plaisir d'écrire.

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Un peintre qui crée essentiellement une peinture figurative qu'on peut appeler fantastique, onirique, surréaliste,... Comme on veut... Bien que je ne sois pas insensible à toute forme d'art pourvu qu'elle me paraisse sincère et qu'elle provoque quelque chose en moi... Depuis toujours, je tente de peindre l'individu et la multitude, la matière brute et la lumière intérieure, l'arbre de vie, la femme et les racines, l'enfant et le devenir, la foule errante en quête de valeurs à retrouver, les voies parallèles, les mystères des origines et de la fin dernière... Les “SEUILS”, les félures, les passages qui font de nous d’ éternels errants insatisfaits entre mondes réels et rêvés , entre soi et autrui, entre Vie et Mort, entre bonheur et malheur... Un acte de peindre, nécessaire, à l'origine de rencontres furtives mais intenses, et qui fait naître, quelquefois, au bout d'un pinceau fragile, une parcelle de soi... ...ou tout simplement le plaisir et la douleur de créer...

vendredi 29 juillet 2011

Pour le meilleur et pour le pire ...



"Pour le meilleur et pour le pire" disent les futurs mariés... On ne peut pas dire qu'ils n'ont pas été prévenus mais le mariage a toujours la côte.
Dans la corbeille de mariage, sont offerts les pendants de la vie, le meilleur et le pire. Mais entre les deux, n’existe-t-il pas une palette infinie de "réjouissances" ?

C'est très subjectif … Le malheur et le bonheur pour untel ou untel ne seront pas du même degré.
Il est certain que nos schémas de pensée occidentaux sont très influencés par cette dualité: faut-il avoir mal pour se sentir bien ? Faut-il avoir connu l'indigence pour apprécier ce qu'on a ? etc... Il y a certainement du vrai la dedans: on apprécie d'autant mieux son temps libre s'il nous est compté...  Les philosophies orientales ont tenté de faire l’économie de la souffrance en faisant l’économie du désir… En sommes-nous capables ?
Peut-être sommes nous cependant plus apte à savourer chaque instant de la vie comme étant essentiel, si l’on a connu le malheur, l'idéal restant de savoir les savourer sans avoir eu à connaître le pire. ?..
Simplement pour ce qu'ils sont, les savourer, les apprécier, mais comme la vie n'est pas un long fleuve tranquille, aussi les supporter, s'en indigner, se rebeller, relativiser, et savourer à nouveau... Un coucher de soleil, un moment d'abandon, quelques gouttes de rosée, quelques mots agencés sur une page, une forme esquissée sur la toile, un refrain nostalgique feront partie du meilleur pour certains alors que d'autres y seront insensibles. Faut-il avoir connu la souffrance pour le ressentir ?

On peut espérer dans le Ciel et responsabiliser l'homme, on peut être un athée idéaliste et humaniste et croire en lui malgré tout, on peut être à l'opposé, tel Cioran, sans illusion, lucide et sans espoir, on peut être à des degrés divers de cette palette de valeurs, je ne crois pas cependant que la recherche du savoir, la quête de la vérité, puisse apporter le bonheur à coup sûr...  La vie n’est-elle pas une édifice qui se construit sur des expériences les plus diverses, âpres ou douces, vécues comme des échecs ou des petites victoires sur nous-mêmes. Comment savoir si ce gain sur soi-même n’a pas été le résultat  d’un échec antérieur nécessaire, d’une souffrance qui aide à prendre du recul, à relativiser… Serions-nous fait fatalement de bric et de broc ? J’en ai bien l’impression. Le tout est que cela tienne plus ou moins bien la route, jusqu’à son terme…

Le malheur peut aider à la construction de soi, certes… De là à en faire une volupté… Il est vrai qu’il y a des voluptueux du malheur , on peut s’y prélasser, pour se faire plaindre, en vivre d’une certaine manière… Il y aura aussi des acharnés du bonheur, en quête perpétuelle, souvent sur des fausses routes, celles de l’insatiabilité matérielle...Et le berger menant ses bêtes aux alpages qui verra sa vérité dans la qualité de l'herbe et la densité de sa couleur...

Pourtant nous vivons dans un monde de  consommation euphorique (certes un peu tempérée  par les égarements du capitalisme). On a occulté de notre horizon proche la mort (sauf celle des journaux télévisés qui peuvent accompagner nos repas), on a misé sur une quête du bonheur qui a voulu abolir malheur et souffrance mais régulièrement ils se rappellent à nous car la vie est ainsi, non ?

Mais faut dire que la Christianisme ne nous a pas gâté. Il s’es opposé pendant des siècles à la suppression de la douleur par exemple, faisant barrage aux progrès de la médecine qui pouvaient l’atténuer (opposition à l’utilisation de la morphine, du chloroforme… Et encore il y a quelques dizaines d’années, accoucher sous péridurale pour une femme n’était pas évident: elle culpabilisait ou on la faisait insidieusement culpabiliser. Eve n’est jamais loin… L’inconscient collectif a la vie dureJe crois que l’Occident chrétien est imprégné de cette idée de malheur ou de souffrance nécessaires « Il faut souffrir pour être belle » !! , mesdames. « Tu accoucheras dans la douleur »
On ne peut nier aussi qu’il  y a une fascination morbide, consciente ou inconsciente pour le malheur ou la souffrance. Même une esthétisation au cinéma (pensons au film de Mel Gibson sur la Passion)

Parce que pour l’Eglise ce qui donne un sens à la souffrance, au malheur sur cette Terre, c’est qu’ils sont nécessaires au Salut de l’âme pour l’au-delà… Pas de rédemption sans souffrance, sans sacrifice… Le Christ a montré la voie. Ainsi personne n’est malheureux en vain. C’est la fondement même du Christianisme que Nietzsche va pourfendre en montrant la perversité de l’idéal ascétique prôné par l ‘Eglise, les Eglises de toutes confessions. Il montre bien comment on magnifie ainsi le malheur des hommes pour le justifier en fonction d’un au-delà hypothétique, au détriment de la Vie présente… Pire, dit-il, cet idéal devient une morale qui a contaminé l’homme…

Ainsi s’agit-il peut-être de  ne pas justifier  le malheur, la souffrance en tant que moyens de complaisance mais aussi de les réprouver , de ne pas occulter,  fuir, renier le malheur comme nos société actuelles ont eu l’audace de l’espérer. Un monde de bonheur sans douleur ni malheur cautionné peut-être par une science omnipotente est un rêve de SF…
Alors quoi ? Que faire de ce malheur ? Ne pas s’y complaire, s’y enfermer voire le magnifier (regardez moi ! Je suis bien plus malheureux que vous. Plaignez moi…) et ne pas  vouloir l’ignorer, le condamner… Etre lucide, je pense… Faire avec et apprivoiser sa douleur doit suivre le temps de la révolte et aider à la reconstruction…  Un long séjour à l’hôpital ou chez soi par exemple, immobilisé, donne du recul. Un accident grave auquel on échappe permet quelquefois de réajuster son échelle des valeurs…

Il existe aussi au monde des gens qui ne connaissent que le pire, dont c'est le lot quotidien. Ils ont conscience de vivre le pire depuis que les moyens de communication moderne répandus sur toute la planète leur montrent un monde de "rêve", le rêve occidental. Tout est relatif. Avant, sans point de comparaison, ils vivaient le "pire" comme leur normalité, dans la dignité…

Il existe aussi au monde des gens qui ne connaissent que le "meilleur" selon leurs critères, les "maîtres" du monde techno-scientifique et économique, ceux qui tirent les ficelles et tous ceux qui en profitent, les petits dictateurs de partout, les marchands d'armes, les caïds de ceci ou celà... Ont-ils connu le pire pour savourer ce qu'ils estiment être le meilleur ( pour eux) ? J'en doute...

Il existait aussi au monde des gens qui vivaient leurs moments de bonheur et de malheur dans une harmonie des contraires où chaque gestes et paroles avaient un sens même dans une espace et un cadre de vie que nous trouvions empreints de dénuement... Des gens qu’on a pu appeler « primitifs »… Depuis que les moyens de communication se sont ramifiés partout transportant avec eux le « rêve » occidental, ils vivent dorénavant leur quotidien comme une avanie… Avant, ceux que nous considérions comme étant le pire était vécu par eux comme leur normalité, vécue dans la  dignité… Dorénavant, certains ne connaissent plus ni bonheur ni malheur, seulement une apathie généralisée devant une TV, une bouteille de mauvais scotch à la main… Ils sont devenus civilisés...



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