... et aussi le simple plaisir d'écrire.

Qui êtes-vous ?

Ma photo
Un peintre qui crée essentiellement une peinture figurative qu'on peut appeler fantastique, onirique, surréaliste,... Comme on veut... Bien que je ne sois pas insensible à toute forme d'art pourvu qu'elle me paraisse sincère et qu'elle provoque quelque chose en moi... Depuis toujours, je tente de peindre l'individu et la multitude, la matière brute et la lumière intérieure, l'arbre de vie, la femme et les racines, l'enfant et le devenir, la foule errante en quête de valeurs à retrouver, les voies parallèles, les mystères des origines et de la fin dernière... Les “SEUILS”, les félures, les passages qui font de nous d’ éternels errants insatisfaits entre mondes réels et rêvés , entre soi et autrui, entre Vie et Mort, entre bonheur et malheur... Un acte de peindre, nécessaire, à l'origine de rencontres furtives mais intenses, et qui fait naître, quelquefois, au bout d'un pinceau fragile, une parcelle de soi... ...ou tout simplement le plaisir et la douleur de créer...

mardi 26 juillet 2011

Réenchanter le monde ?



Fukushima, déforestation sauvage, gaz de schiste, exploitation sans vergogne des biocarburants, déchets gérés par des mafias ...

Intensification des tornades, raz de marée, inondations, réchauffement climatique, fonte des glaces ...


A la vue de tous ces évènements, on ne peut s'empêcher de se poser la question de la nature de la Nature. Subit-elle ? Engendre-t-elle de simples mécanismes de causes à effets ? Réagit-elle en lançant des alarmes ? Jusque quand ce qu'on nommait jadis Mère Nature, à la fois protectrice et implacable,  supportera-t-elle nos méfaits inconscients ou parfaitement assumés par certain ?





Sujet passionnant mais très polémique puisque qu’il met en scène des conceptions de la Nature quelquefois radicalement opposées.

Mais qu’est-ce que la Nature ? .... Le naturel, c’est ce qui est encore à l’état « sauvage », ce qui n’est pas encore domestiqué par la culture. Mais c’est aussi le cosmos, la somme des êtres vivants formant un équilibre. Equilibre dirigé vers un but ? Ou simple machine  ?
Une Nature idéalisée, moralisée qui semble agir selon une finalité (le Bien ?). Rappelons nous le mythe du « Bon sauvage de ce cher Emile…
Ou la Nature diabolisée, sauvage, chaotique, que l’homme doit s’efforce de corriger , de maîtriser et de transformer ? Peut-être aussi l’animalité en l’homme, le monde des instincts…



Pendant longtemps, jusque Descartes nous avons eu une vision finaliste de la Nature, une Nature orientée par des fins. .. Dans l’esprit des hommes du moyen âge l’interprétation des phénomènes naturels était animiste, elle invoquait l’action « d’esprits », de « forces » pour former des interprétations très confuses. D’une certaine manière, la Nature était anthropomorphisée, animée d’intentions bienveillantes ou malveillantes.
Il existait un sentiment profond de la Nature, un peu contemplatif chez un Grec. Au Moyen Age et dans les sociétés primitives, la pensée magique faisait de la Nature un être vivant parcouru de forces puissantes. Mais au delà du rapport institué à la Nature, d’ordre magique ou religieux, le primitif pressentait les  lois de la nature. Il vénère l’équilibre vivant de la nature qu’il personnifie. C’est le temps des conceptions matriarcales de la Nature, la Mère nourricière dont la sagesse prend soin de chaque chose. Le saccage de la Terre est une faute grave puisque c’est une atteinte à la Mère. Dans cette belle série des « Enfants de la Terre », Jean Auel fait s’excuser le chasseur auprès de l’animal qu’il vient de tuer par nécessité…
La pensée traditionnelle n’instaure pas de coupure brutale entre l’homme et les choses. Elle n’oppose pas le sujet (l’homme) et une Nature considérée comme objet. Elle sait s’ouvrir au monde. Mais cette vision des choses prendra fin, du moins dans les pays les plus développés, avec Descartes et sa conception machiniste de la Nature.


A partir du moment où la nature est pensée comme une sorte de machine aveugle, on peut en disposer comme on veut.  A partir du moment où la Terre est réduite au rang d’un simple objet, il ne reste plus qu’à chercher à en connaître les lois pour les maîtriser et s’en servir. Pour Descartes, l’homme doit se rendre «  maître et possesseur de la nature « .

A partir de là, notre rapport à la Nature s’est dénaturé: nous avons désenchanté le monde. Le monde enchanté des mythes et des religions s’effondre. Pour le pire qui va suivre mais aussi pour le meilleur: le temps des Dieux s’efface peu à peu, un Dieu cruel, vengeur ou colérique qui domine sa création, commande aux phénomènes naturels, envoie des fléaux pour punir l’humanité. Vision des choses qu’il est heureux d’avoir gommée. Mais perte aussi d’un lien fondamental, spirituel (qui peut exister sans le religieux) avec le réel, perte qui débouchera sur le triomphe de la techno-science de la modernité…



Réenchanter le monde ?

Le pire est peut-être devant nous et nous ne pourrons freiner le processus d'auto-destruction qu'avec un véritable renversement des mentalités… Entre un monde animiste où tout est divin et un monde matérialiste à outrance, il faudrait trouver un équilibre, réenchanter le monde en gardant les acquis de la science…. Est-ce possible ?
Il me semble que déjà le point de vue scientifique sur la nature et la matière est en train de changer depuis les années 80 (voir les travaux d'Edgar Morin dans sa « Méthode », de Prigogine et Stengers dans « La Nouvelle alliance » qui prend en compte les apports de la cybernétique et les travaux de Lovelock et son « hypothèse Gaïa »). Curieusement les résultats de ces travaux tend à rejoindre les conceptions animistes de la nature mais, concepts scientifiques avant tout, ils se soumettent à l'expérience et dépendent de la preuve scientifique. Nous ne sommes pas ici dans le monde du religieux et du mythe…

Voici l'hypothèse Gaïa très schématisée…
C'est un ensemble d'hypothèses et de théories selon lesquelles les êtres vivants ont une influence sur la totalité de la planète, l'écosphère a développé une autorégulation et l'existence de chaque être vivant se régule au profit de l'ensemble de l'écosphère.
Gaïa (est-ce un hasard si cette hypothèse porte le nom de cette ancienne déesse-mère ?) comprend l'ensemble des êtres vivants et non vivants et fonctionne selon des mécanismes internes complexes et réversibles.

Un bond conceptuel a été franchi grâce en particulier aux apports de la cybernétique. Des concepts nouveaux viennent briser les anciennes conceptions du progrès linéaire guidé par une fin, de la relation de cause à effet unilatérale. On peut les rassembler sous un seul terme: la COMPLEXITE SYSTEMIQUE.
Ainsi la Nature est appréhendée dans son ensemble, de manière globale, Les causes sont rétro-actives, l'effet revient vers la cause dans une boucle, assurant ainsi un nouvel équilibre. La destruction d'une partie conduit le système vers un stade inférieur d'équilibre. Le renforcement de chaque partie fait prospérer au mieux les éléments de la chaîne, les êtres vivant dans leur écosystème. L'action humaine se situe aussi dans ce schéma. Une interdépendance, une globalité qui curieusement reprend les vieilles conceptions animistes ! Comme si les anciennes civilisations avaient pressenti ce qui maintenant se formalise avec les apports de la science.
Ce sont donc les scientifiques qui paradoxalement font les premiers pas vers un renversement des mentalités. Il s'agit de modifier notre rapport à la Nature mais tant que le Politique n'aura pas pris en compte, dans les actes, ce renversement en mettant de côté les intérêts immédiats et égoïstes (comme le problème de la Chine par exemple), rien ne changera. Encore faut-il, même si cette prise de conscience survient, que le politique ne soit plus inféodé aux pouvoirs économiques ....

Il s'agit bien en effet de « recharger » l'homme en Nature, comme une pile, un homme dénaturé, victime et acteur de son propre handicap, esclave de la consommation, de l'argent, de la productivité, de la compétitivité, du quantitatif mais aussi du sensationnel, du spectacle, du virtuel… Le lien direct est coupé et nous avons perdu le sens de la globalité d'un monde devenu morcelé et donc in-sensé, petites individualités que nous sommes, perdues dans l'océan des tentations matérialistes et des plaisirs immédiats à jamais inassouvis…
Sans tomber dans les excès de certaines tendances écologiques, nous (individus et nations) devons prendre actes que nous n'avons plus le choix: la nature humaine n'est pas que culture, elle est aussi Nature, faisant partie intégrante de l'écosystème mondial. Nos actes agissent sur l'ensemble et le Tout modifié agit rétro-activement sur chacun d'entre nous… Nous ne pouvons plus nous considérer comme les conquérant impunis d'une terre-objet exploitable à merci. Espérons que nos dirigeants entendront enfin les cris d'alarme poussés de partout. L'enjeu est de taille et nous pouvons rêver d'un monde où l'homme retrouverait l'art de cette vie en symbiose avec son environnement tout en gérant intelligemment les apports de la science et de la technique. Il ne s'agit pas de rompre brutalement avec la modernité et de vouloir revenir à un « paradis perdu » bien souvent embelli par la nostalgie. Tous les peuples ont droit aux aspects bénéfiques du progrès mais dans une conscience rétabli du lien indissoluble qui unit l'Homme et la Nature. On peut toujours rêver...
De ces 2 évènements majeurs du 20ème siècle, l'émergence de ce qu'on appelle un nouveau paradigme pour penser le monde et le constat de faillite de notre approche matérialiste, il nous faut tirer les enseignements.
Je ne suis pas croyant mais il me semble que, sans renier les bienfaits de la science ni occulter les ravages de la techno-consommation à outrance, nous avons à reconquérir ce lien sacré que jadis nous entretenions avec la Nature et que nous avons perdu. Sacré au sens du respect qu'on porte à ce qui nous dépasse, à l'inexplicable. Religieux au sens étymologique (ce qui nous relie, ce qui nous rattache au mystère). Je dis bien mystère car, même si l'Homme retrouve ce lien, il restera toujours quelque chose d'insondable qui a trait au Temps (mystère de nos origines) et à l'Espace (multiplication infinie des univers qui nous entourent). Et c'est justement à cause de cette part d'insondable, à cause de ce que rien ne peut justifier ni prouver, que je m'abstiens, que je me tiens en marge DES religions établies, que je campe sur le terrain de l'agnosticisme (agnosticisme "religieux" éco-citoyen), pour mieux ressentir ce sentiment du sacré que procure ce lien direct avec l'inexpliqué et certainement l'inexplicable...
L'Homme du 21ème siècle sera peut-être cet homme conscient de ses responsabilités et conscient de son appartenance à un éco-système globalisant. Un Homme certain que toute altération à son environnement (le grand Tout des Anciens), par sa faute, modifiera ce Tout, ce qui modifiera en réaction chaque homme, et ainsi de suite... Un Homme en symbiose avec son milieu... sans pour cela s'inventer des fables et se forger des chaînes idéologiques. Une nouvelle "religion" peut-être, sans alibis, sans Dieux et sans guides infaillibles, sans lois aliénantes, sans corpus mythiques. Une "religion" des "enfants de la Terre" pour reprendre le titre de la saga de Jean Auel, animée par les "poussières d'étoiles "que nous sommes selon Hubert Reeves... Une "religion" faite pour et par des hommes indépendants et fiers mais suffisamment humbles pour reconnaître ce qu'ils doivent à la Nature, suffisamment humbles pour accepter le Mystère.


Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire