... et aussi le simple plaisir d'écrire.

Qui êtes-vous ?

Ma photo
Un peintre qui crée essentiellement une peinture figurative qu'on peut appeler fantastique, onirique, surréaliste,... Comme on veut... Bien que je ne sois pas insensible à toute forme d'art pourvu qu'elle me paraisse sincère et qu'elle provoque quelque chose en moi... Depuis toujours, je tente de peindre l'individu et la multitude, la matière brute et la lumière intérieure, l'arbre de vie, la femme et les racines, l'enfant et le devenir, la foule errante en quête de valeurs à retrouver, les voies parallèles, les mystères des origines et de la fin dernière... Les “SEUILS”, les félures, les passages qui font de nous d’ éternels errants insatisfaits entre mondes réels et rêvés , entre soi et autrui, entre Vie et Mort, entre bonheur et malheur... Un acte de peindre, nécessaire, à l'origine de rencontres furtives mais intenses, et qui fait naître, quelquefois, au bout d'un pinceau fragile, une parcelle de soi... ...ou tout simplement le plaisir et la douleur de créer...

samedi 30 juillet 2011

Gorgone.




Je m’étais absenté quelque temps: problèmes de santé et de motivation… Mais comme j’ai retrouvé la forme, voici un petit texte revigorant et particulièrement chargé de peps comme au bon vieux temps… Il faut que je vous signale aussi qu’il m’a été inspiré par certains articles du blog de John Stalker III. sur Myspace....
 ....
Quand on arrive à un âge certain (l’adjectif est passé derrière le nom depuis peu…) et qu’on a terminé sa vie de labeur d’honnête travailleur, on se retrouve soudainement comme au bord d’un précipice. Je parle du travail « officiel », mon travail de peintre se poursuit ou plutôt va se poursuivre. Il est aujourd’hui au point mort (excusez-moi pour la tonalité négative du mot mort, rien n’y fait, ça vient et revient toujours sous la plume/clavier… Pourtant, j’ai la forme, sacrebleu !...).....
 ....
Un précipice donc… Oups ! Certains vont grommeler « Voilà qu’il refait dans le négatif... » Mais dans tout négatif, n’y-t-il pas de l’argentique  (un peu facile mais je n’ai pas pu résister) ? Il suffit d’aller le chercher… Oui et non donc…....
 ....
Non parce qu’un précipice n’est pas le « bout du monde ». D’un précipice, on peut s’écarter, lever les yeux au Ciel pour appeler à l’aide (même si Dieu n’y est pas) ou tout simplement se les bander et camper en son rebord en toute tranquillité. Ce qui ne se voit pas n’existe pas , non ?.......
Il suffit alors de faire comme si tout danger était écarté et s’occuper... Le mot est lâché: s’occuper. Car c’est bien de cela qu’il s’agit, trouver d’autres formules pour brûler la vie, ce qu’il en reste… L’édifice bancal que nous avons construit dès l’enfance vient de s’écrouler. Tous nos petits artifices, toutes nos motivations plus ou moins sincères qui faisaient que la vie, bon an mal an, vaille que vaille, déroulait sa pelote, ont volé en éclats… Il reste un peu de fil mais comment, au fil de cette vie qui s’annonce encore, trouver un sens ? .......
 ....
Un sens ! Je n’aurais pas dû employer un « gros mot »… Soyons plus modeste, trouver une raison d’être personnelle, une raison à ce qu’on fait, ce n’est déjà pas si mal. A défaut de trouver Le Sens de la Vie. Ou tout simplement vivre pour le simple plaisir de vivre… Le rêve impossible, pour moi en tous cas !... ....
 ....
Certains y parviennent… Comme je les envie ! Savourer les plaisirs de l’instant, voir dans le Ricoré du matin « tous les matins du monde », s’enivrer à l’avance d’une revigorante promenade sous la pluie battante, lire avec délectation la rubrique nécrologique du journal tant attendu, s’escrimer sur une grille où l’on croise les mots à l’infini, s’endormir serein devant un écran de télévision, témoin constant de la mort programmée du monde, s’émoustiller à la pensée du lendemain qui va forcément chanter… Précipice ou pas, beaucoup l’ignorent, armés des petites recettes de la vie. On le voit sans le voir, absents de tout vertige. Vertige inconnu de certains, vertige de la vie, vertige existentiel… Les Bienheureux… Il y a aussi les vertiges de l’amour mais c'est un peu éculé.....
 ....
Cependant, pour d’autres, la ligne de faille est assidûment présente, béante… Avec aucune recette coutumière pour la combler. On sent confusément que la Vie devrait être autre chose, qu’on évolue sur la superficialité d’un monde dont le spectacle nous déçoit, qu’on s’est fourvoyé, qu’on a perdu l’essentiel. Bref, qu’il y a un malaise… Armés de la conscience, nous avons projeté et mis en place un monde qui nous étouffe. Il ne nous reste pour l’affronter que l’arme suprême qui nous fait tout endurer, l’Illusion…....
 ....
La valise de secours, la trousse de survie, l’Illusion sans laquelle l’enfer serait ici-bas…Mais nous ne sommes pas des Dante en puissance, capable d’une divine comédie ici et maintenant. Lorsque Persée affronte la Gorgone, il lui renvoie son propre reflet, l’obligeant ainsi à se voir nue, à contempler sa propre conscience, sans illusion… Dépossédée du voile de l’Illusion, elle ne peut supporter sa propre image et meurt… Sommes-nous tous des Gorgones, médusés par notre propre apparence au point de ne pas oser soulever le voile et considérer le réel pour ce qu’il est ?.......
 ....
Pas tous…. Certains, malheureusement,  sont dépossédés de toute faculté à s’illusionner… L’arme de l’Illusion leur fait défaut, ils se voient et  voient le monde sans fioritures.
Arme à double tranchant, périlleuse, difficile à manier et qui peut faire autant de tort à celui ou celle qui la possède.
Elle nous cache la vanité du monde et nous permet, d’une certaine façon, d’y survivre (sans Illusion, pas de projet, pas d’anticipation,  pas de réalisation) tout en nous donnant les capacités de s’y noyer. Avec  l’Illusion surviennent les divagations (et pas seulement celle de trouver bon le Ricoré), les errements idéologiques, les tromperies sur soi-même, les projets les plus fous. Avec aux deux extrêmes de la chaîne, la même exaltation imaginative, imagination pervertie, qu’elle soit idéaliste ou matérialiste (le 20ème siècle en fut friand)…. Et la capacité de vivre en toute bonne conscience, une conscience rêveuse, endormie… Le sommeil de la conscience, celle du « juste ».... Et le nec plus ultra: l’illusion de croire en l’Illusion… Jeu de miroirs, jeu de dupes, puisque illusion vient du latin illudere signifiant jeu, jeu des apparences trompeuses, des faux semblants… pris pour argent comptant.....
 ....
Au bout du compte, deux façons extrêmes de faire avec le monde. Le rêver, en toute bonne conscience, forts de nos certitudes ou s’en détacher, s’en abstraire, en écartant le désir sur lequel se fonde toute Illusion. Se tromper ou se mutiler… Entre, les deux l’effarement et la chute. ....
 ....
Pas forcément. ....
 ....
Entre les deux, toute la palette des formes de résistances. Composer avec sans se compromettre… Affirmer une lucidité rude mais tranquille face au miroir aux alouettes. Auto-dérision contre auto-illusion. Recherche de soi, en soi, afin de faire corps avec les fondements naturels à retrouver… Avec des outils .......
 ....
Mais je vais vous quitter pour ma promenade quotidienne (c’est pas vrai !...) et reviendrai plus tard pour me donner l’Illusion de dire des choses intéressantes sur  l’Illusion et les béquilles de la Vie, l’Art en particulier, la plus sublime...

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire