... et aussi le simple plaisir d'écrire.

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Un peintre qui crée essentiellement une peinture figurative qu'on peut appeler fantastique, onirique, surréaliste,... Comme on veut... Bien que je ne sois pas insensible à toute forme d'art pourvu qu'elle me paraisse sincère et qu'elle provoque quelque chose en moi... Depuis toujours, je tente de peindre l'individu et la multitude, la matière brute et la lumière intérieure, l'arbre de vie, la femme et les racines, l'enfant et le devenir, la foule errante en quête de valeurs à retrouver, les voies parallèles, les mystères des origines et de la fin dernière... Les “SEUILS”, les félures, les passages qui font de nous d’ éternels errants insatisfaits entre mondes réels et rêvés , entre soi et autrui, entre Vie et Mort, entre bonheur et malheur... Un acte de peindre, nécessaire, à l'origine de rencontres furtives mais intenses, et qui fait naître, quelquefois, au bout d'un pinceau fragile, une parcelle de soi... ...ou tout simplement le plaisir et la douleur de créer...

dimanche 24 juillet 2011

Visions du monde.

J'habite sur une petite hauteur et le soir, d'une terrasse, je vois ces milliers de petites lumières qui sont autant de maisons, d'appartements, de vies donc, mais qui me sont étrangères et qui le resteront toujours. Certainement que parmi ces petits points lumineux, quelqu'un fait de même et je ne suis pour lui qu'un anonyme parmi d'autres… Autant de points de vue, autant de visions qui divergent, s'entrecroisent, s'ignorent… Tout le monde a dû déjà ressentir ce vertige un peu métaphysique au sein d'une foule immense. Chacun vit dans sa sphère, familiale, professionnelle, associative, etc...et parents, amis, collègues semblent des planètes qui gravitent autour de nous. Et quand nous prenons un peu de recul, nous nous apercevons que chacun vit la même expérience multipliée par autant d'individus vivant sur terre… Chacun étant un peu le centre d'un monde privé et chacun portant sur le Monde un regard personnel et subjectif. Il semble donc impossible de voir ou de penser le monde objectivement, tel qu'il est réellement… Il faudrait s'en abstraire, ne plus lui appartenir...
Cela me rappelle mes vieux cours de philo, en particulier Hegel qui tenta de s'abstraire mentalement de son propre monde pour se poser en observateur objectif de la vision du monde de son temps ( Weltanschauung). Difficile…
Il me faudrait devenir cette oie sauvage qui passe dans le ciel. Sa vision de notre monde est certainement objective mais dénuée de toute signification pour elle… Vertige aussi du cosmonaute qui contemple, halluciné, notre Terre bleutée de sa capsule spatiale… Mais même avec un tel recul, il n'en reste pas moins un Américain ou un Russe… avec sa perception subjective. Seul Dieu, s'il existe, a peut-être une vision globale, absolue du monde puisqu'il est en chacun de nous, de tout temps et partout à la fois. Mais quelle épreuve ! A la mesure d'un Dieu justement… Quelle cacophonie dans sa tête de télépathe divin ! Une vision du monde absolue mais au prix d'une crise monstrueuse et permanente d'acouphènes…

Mais revenons sur Terre. A l'extrême limite, on pourrait dire qu'il y a autant de visions du monde qu'il y a d'individus… Elles ont bien sûr évolué dans le temps et dans l'espace. La vision du monde des Anciens était plus étriquée: un paysan sédentaire du Moyen Age avait son horizon limité à un rayon de 20 à 30 km autour de son village. Les Précolombiens, avant l'arrivée de ces êtres casqués, bardés de fer chevauchant d'étranges montures, se pensaient certainement seuls au monde… La Chine se disait l'Empire du Milieu. Il suffit de regarder nos planisphères encore aujourd'hui, européennes (elles placent l'Europe au centre), américaines (elles placent les Amériques au centre), etc… Ainsi que ce soit à l'échelle individuelle, à l'échelle d'une ville ou d'une province, à l'échelle d'un pays, nous avons tous tendance à nous déterminer comme le centre d'une sphère imaginaire. Moi et l'autre alors que je suis l'autre pour cet autre qui se pense Soi.
Chaque vision particulière du monde dépend d'une culture, d'un mode vie, d'une histoire, d'une approche unique à l'Inexplicable, l'Indicible… Mais même à l'intérieur d'une même culture, d'un même peuple, cette vision différera selon la classe sociale, le vécu de chacun, le fait qu'on soit citadin ou villageois. On n'a pas la même vision du monde des hauts plateaux de Mongolie que des hauts gratte-ciel de Manhattan…
Je crois bien qu'une des plus grossières erreurs de l'Humanité, du moins d'une frange dite « éclairée » de cette Humanité fut de considérer que SA vision du monde devait être LA vision du monde de tous, l'étalon, la référence, quitte à l'imposer par la force. Cela a commencé avec la conquête des Amériques et les conversions plus ou moins forcées. Le 18ème siècle européen, ce siècle des Lumières, découvre ensuite avec stupéfaction la pluralité des autres mondes. C'est la mode des cabinets de curiosités, on s'enflamme pour les découvertes, on apprend à relativiser… Mais déjà on recherche, au-delà des coutumes, une société idéale commune basée sur la Raison (Montesquieu et ses « Lettres persanes »). Et finalement cet esprit de découverte, de curiosité enfanta un 19ème siècle positiviste, conquérant, colonisateur… La plaie qu'est l'ethnocentrisme …
La mondialisation consumériste parviendra-t-elle à uniformiser un monde que ni la colonisation, ni la religion ne sont parvenues à unifier ? Il y a certes des zones de faille. Rien n'est plus désolant que de voir un Inuit perdu dans ses rêves de glace devant une télé qui l'indiffère, une bouteille de mauvais alcool à la main… Ou ces banlieues de taudis des grandes villes de Chine, d'Afrique, d'Amérique du Sud ou se regroupent des anciens cultivateurs ou de fiers nomades devenus des sous-êtres. Quelle peut être leur vision du monde ?
Mais les zones de résistance sont nombreuses, l'attachement aux valeurs culturelles reste fort. La vision du monde de chacun s'est élargie. On communique dans l'immédiat, on sait ce qui se passe aux confins de la planète à tout instant. On est très loin du paysan du Moyen Age. Mais une vision du monde universelle est utopique et s'appauvrirait de ce qui en fait sa richesse, c'est-à-dire sa diversité… Les tentatives universalistes ont toutes échoué après s'être figées dans un immobilisme doctrinaire.
La vision du monde que j'imagine pour l'avenir, ma vision du monde, est celle d'un monde diversifié qui conserve la variété de ses richesses culturelles mais un monde qui saurait aussi voir au-delà de ses différences et où chacun se sentirait citoyen d'une même Terre, en posant des règles fondamentales… Des mondes différents (au sens de peuples, cultures, civilisations) mais avec la conscience suprême d'appartenir à un seul et même Monde, ce Monde qu'on appelle la Terre et dans lequel nous sommes tous embarqués, vaille que vaille... Des mondes différents mais qui placeraient, au-delà de leurs différences, le souci et la reconnaissance de l'autre... "I have a dream...". Quelqu’un a déjà dit cela, je crois ...

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