... et aussi le simple plaisir d'écrire.

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Un peintre qui crée essentiellement une peinture figurative qu'on peut appeler fantastique, onirique, surréaliste,... Comme on veut... Bien que je ne sois pas insensible à toute forme d'art pourvu qu'elle me paraisse sincère et qu'elle provoque quelque chose en moi... Depuis toujours, je tente de peindre l'individu et la multitude, la matière brute et la lumière intérieure, l'arbre de vie, la femme et les racines, l'enfant et le devenir, la foule errante en quête de valeurs à retrouver, les voies parallèles, les mystères des origines et de la fin dernière... Les “SEUILS”, les félures, les passages qui font de nous d’ éternels errants insatisfaits entre mondes réels et rêvés , entre soi et autrui, entre Vie et Mort, entre bonheur et malheur... Un acte de peindre, nécessaire, à l'origine de rencontres furtives mais intenses, et qui fait naître, quelquefois, au bout d'un pinceau fragile, une parcelle de soi... ...ou tout simplement le plaisir et la douleur de créer...

mardi 12 juillet 2011

Il était une fois ... la mort.







Allez ! Pour inaugurer le début des vacances scolaires certainement chaudes et ensoleillées, voici quelque chose de gai ...
Laissons notre imaginaire errer, vers l'inconcevable comme une invite, ne serait-ce qu'un instant, à une rêverie sur notre propre mort d'Occidental de ce début du 3 ème millénaire ... Portons notre regard vers l'avenir inéluctable, vers la fin obligée. Telles des ombres, tenons nous sur les rives souterraines du Styx, le sombre fleuve des Enfers...Tournés vers l'autre rive, qu'apercevons- nous ?...Le vide, le néant, le trou obscur du placard de nos peurs enfantines: on ouvre la porte vers l'espace tant redouté et,...il n'y a rien ! Nous restons seuls devant l'insondable. Les molécules du corps physique continuent leur lente dissolution. Avons nous pour autant senti un souffle se disjoindre, une âme comme on dit, s'échapper, un petit quelque chose qui subsiste de nous...Nous le souhaitons alors, nous l'espérons de toute notre âme, si l'on peut dire, alors que tel n'était pas toujours notre souci de notre vivant.
Soudain l'eau noire tressaute. N'était-ce que le vent ? Ou peut-être un souffle divin ? Une émanation de notre être ? Enfin !... Mais nous disparaissons peu à peu et notre esprit rationnel perd pied. L'esprit... Un grain de sel dans le grand océan, comme dit Maeterlinck, qui se dissout. Peut-être rien de plus...
Que ne sommes-nous, hélas !, un Mozart dont la musique transcendait la mort et parait la belle et noire inconnue de la magie de ses notes ou un Jérome Bosch qui exorcisait ses peurs dans les mises en scène horrifiques de son art, ou simplement, celui qui fait certainement, en cet instant et pour l'éternité, du pédalo sur la vague, en rêvant...
Stimulés alors par ces évocations prestigieuses, nous reprenons courage. Comme Hadrien, l'empereur stoïcien de Marguerite Yourcenar, nous tentons d'entrer dans la mort, les yeux ouverts, mais, nous ne faisons que marcher à tâtons, aveugles, lourds du poids de notre propre responsabilité, coupables de ne pas pouvoir nous retourner et contempler notre vie, sereins comme un Ancien, et pouvoir nous dire: j'ai vécu, j'ai accompli ce que j'étais en mesure d'accomplir, je peux mourir en paix...Or, tout semble vain, absurde, factice puisque tout prend fin ! Penchés vers l'eau noire tel un miroir profond, nous percevons notre image fugace, les instants fugitifs d'une vie qui se brouille comme l'eau frissonnante de la surface. Nous sommes démunis, désarmés plus que ne l'a jamais été aucun mortel des siècles passés... L'eau clapote alors à nouveau... Clapotis obsessionnel...goutte à goutte, perfusion d'outre-tombe...Sommes-nous passés sur l'autre rive ? En effet, peu à peu, la métamorphose opère. Une âme toute neuve, ou quelque chose, semble naître, faite à la fois de l'ancienne et pourtant solidaire d'autre chose, comme consubstantielle à tout ce qui fut et sera... La partie et le tout confondus !.. La grande sève de la vie parcourant le champ des morts monte en nous. Laissons nous alors porter et embrassons les siècles en une fraction de seconde, telle une éternité... "Rien ne se perd, tout est vivant". "Rien ne se perd, tout se transforme". L'humanité subsiste dans ce qu'elle fut, est et sera, et l'oeuvre, à laquelle nous avons participé tant soit peu, se poursuit, sans nous mais aussi un peu par nous. Nous disparaissons dans l'unité fondamentale des êtres et des choses, vers ceux qui nous ont déjà précédés, sans occulter la peur, mais apaisés, assurés de survivre dans le souvenir des vivants, Enfin dépouillés du vieil homme, si notre passage sur terre laisse une trace quelque peu utile et féconde, nous pouvons alors abandonner, sereinement, un corps qui n'en fut que l'instrument.
Jankélévitch disait: "Il n'est pas certain que l'homme soit immortel, mais il n'est pas certain non plus qu'il soit mortel. La mort et l'immortalité sont aussi incompréhensibles l'une que l'autre". Sans affirmer ou nier ce que nous sommes, dans l'impossibilité de constater, comme Hadrien, nous pouvons alors peut-être entrer dans la mort, les yeux ouverts, nous retourner et contempler notre vie, sereins comme un Ancien. Tel le chevalier de Dürer, ignorant du diable tentateur qui chevauche à ses côtés, nous pouvons triompher de notre propre mort, sûr d'une éternité qui subsiste dans le présent délaissé... Comme dans "Le 7 ème sceau", ce film envoûtant de Bergman, où la mort joue aux échecs, rappelons nous que, s'il y a fatalement échec et mat, c'est parce que la partie a pu se jouer. On meurt, infime césure dans l'ordre naturel des choses, parce qu'on a vécu.
Soyons donc reconnaissants, à la vie !...


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