... et aussi le simple plaisir d'écrire.

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Un peintre qui crée essentiellement une peinture figurative qu'on peut appeler fantastique, onirique, surréaliste,... Comme on veut... Bien que je ne sois pas insensible à toute forme d'art pourvu qu'elle me paraisse sincère et qu'elle provoque quelque chose en moi... Depuis toujours, je tente de peindre l'individu et la multitude, la matière brute et la lumière intérieure, l'arbre de vie, la femme et les racines, l'enfant et le devenir, la foule errante en quête de valeurs à retrouver, les voies parallèles, les mystères des origines et de la fin dernière... Les “SEUILS”, les félures, les passages qui font de nous d’ éternels errants insatisfaits entre mondes réels et rêvés , entre soi et autrui, entre Vie et Mort, entre bonheur et malheur... Un acte de peindre, nécessaire, à l'origine de rencontres furtives mais intenses, et qui fait naître, quelquefois, au bout d'un pinceau fragile, une parcelle de soi... ...ou tout simplement le plaisir et la douleur de créer...

mardi 26 juillet 2011

De la difficulté d'être lucide ...

1ère parution sur Myspace le 26/04/2009

Tout d’abord rendons à César (non pas Jules mais Ju2), ce qui est à César… Ce qui va suivre est une divagation réflexive issue de 2 textes postés par Ju2.  L’un fait référence au livre "Vivre et penser comme des porcs" de Gilles Châtelet.
Quant au 2ème le voici : «J'ai rencontré, lorsque j'étais jeune, une divinité dangereuse et je ne voudrais raconter à personne ce qui envahit alors mon âme -- pas plus les bonnes que les mauvaises choses. C'est ainsi que j'appris à me taire à temps et aussi que l'on doit apprendre à parler pour bien se taire: qu'un homme qui a des arrière-plans a besoin de premier plans, que se soit pour lui-même ou pour les autres. Car les premiers plans sont nécessaires pour se reposer de soi-même et pour rendre possible aux autres de vivre avec nous.» Friedrich Nietzsche 1885



Ces deux textes renvoient finalement à des problématiques assez proches. J’espère que Ju2 ne m’en voudra pas de m’en servir comme tremplin. A condition de réussir le plongeon… Qu’il me pardonne si je bois la tasse ou si j’altère quelque peu ses propos… C’est justement leur pertinence et leur intérêt qui me conduisent à ce qui va suivre…

Je tiens aussi à remercier un professeur de philosophie, Simone Manon, pour sa sélection de textes d’auteurs dans laquelle j’ai puisé et ses commentaires éclairants… 

Ju2 met l’accent sur une caractéristique de notre société : la manipulation et l’acceptation consciente ou non d’un consensus mou typique d’une société consumériste. La masse au sein de laquelle l’individu devrait s’épanouir ne fait que diluer les volontés et instiller ce qu’on a appelé la « pensée unique ». Le porc serait aussi un mouton … de Panurge.
Nous avons su, peu ou prou, au fil des siècles, faire sauter les verrous de la censure, de l'Eglise, libérer la pensée, libérer les corps, libérer nos émotions. Mais il reste la censure la plus prégnante, celle dont on ne débarrasse pas si facilement, l'auto-censure et le conditionnement… orchestrés par un monde gouverné par la raison purement économique, au nom de la seule rentabilité, un monde qui tourne peu à peu au rythme des « roues de la fortune », des rêves dorés, … et des frustrations profondes si le réveil est brutal. Aussi semble-t-il plus aisé de continuer à sommeiller dans les douces habitudes que nos Parques modernes tissent au jour le jour, de s’abandonner aux petites ficelles de la vie que d’autres tirent pour nous…. D’autant plus facile quand on se laisse bercer par un ballet télévisuel savamment orchestré. Pour atteindre une béatitude  (non, c’est pas du Ségolène…) collective, annihilisatrice de toute pensée lucide… Du grand déballage de la télé-réalité (un accessit particulier pour Delarue) au journal aseptisé de TF1 en particulier, des jeux d’argent facile qui font rêver dans les canapés aux émissions de variété formatées où les politiques viennent aussi faire le show, le téléspectateur a sa drogue homéopathique habilement distillée. Au fait, les stupéfiants ne sont-ils pas prohibés ? Mais je décerne un pompon d’or, cela n’engage que moi bien sûr, au « Plus grand cabaret du monde » qui allie racolage et populisme de bas étage sous couvert de bonnes intentions. Tout y est formidable et tout le monde s’aime… Ajoutons, pour clore le chapitre qui nécessiterait un livre, le quasi monopole d’une TV où l’on voit toujours la même coterie, écrivains, chanteurs, acteurs qui viennent se promouvoir et se congratuler alors que le pays regorge de talents qui n’y auront jamais accès… Au fait, le squat n’est-il pas prohibé ? Merci quand même au Web qui permet à tous ceux-là de trouver une  voie d’expression en dehors de la « petite lucarne » officielle… 

Le texte de Nietzsche est toujours d’actualité :  on a l’impression que la "Civilisation des (bonnes ?) moeurs" nous a poli, au fil des générations,  pour nous permettre de nous rendre supportables aux autres et nous a forgé ce premier plan de la conscience sur lequel nous pouvons reposer nos certitudes et nos illusions...  Mais qu’en est-il lorsque les premiers plans s’uniformisent, selon les convenances, selon les pressions diverses et sournoises du seul modèle de civilisation qui nous est proposé (imposé ?) ? Ainsi, nous les présentons aux autres sous la forme de l’apparence et bien peu creusent suffisamment pour percer les façades et entrevoir ce que chacun peut être véritablement… en arrière, au fond, essentiellement… Il arrive que les arrières-plans s’affichent cependant : si nous les avons trop enfouis, occultés,  ils peuvent s’ouvrir à soi-même par l'auto-analyse, l’introspection, la réflexion lucide sur soi. Ils peuvent aussi se révéler aux autres par la libération de la parole ou ... la sublimation dans l'Art par exemple. Au risque de déranger… puisque cette émergence remet en question le consensus.

***
Interlude: la contestation dans le domaine religieux fut particulièrement  « brûlante »Ici, Giordano Bruno, ce chercheur d’étoiles impénitent… Il fut torturé et brûlé en 1600 pour refus de se rétracter et de faire pénitence justement… 
 
Je me suis donc posé, à partir de ces prémisses, une question qui me trotte dans la tête depuis des lustres : elle est relative à ce jeu permanent entre la nécessité d’être lucide et conscient et la quête de la satisfaction (pour ne pas dire le bonheur… n’allons pas jusque là).

Pour me simplifier la vie qui n’est pas toujours satisfaisante justement, je me permets de citer un passage que j’ai déjà écrit ailleurs : « J'envie quelquefois, quand je vais acheter un journal, ce joueur qui sait profiter du plaisir simple de l'instant, qui peut s'abîmer dans la douce inconscience teintée d'espoir que procure l'achat de ces petits billets à gratter du bonheur éphémère. Mais encore faut-il pouvoir y croire... C'est comme la Foi, quand on ne l'a pas, rien n'y fait, on a beau le vouloir … J’envie bien souvent aussi  la douce inconscience (ou la grande sagesse, allez savoir !) de mes 2 chattes que la chaleur d’un radiateur, une ou deux caresses, un sachet de Whiskas bien sûr (nous, on a toujours le Whisky) suffisent à envoyer au Nirvana des chats pour quelques heures… »
Ainsi se pose le choix entre l’exigence vis-à-vis de soi et du monde qui nous pousse à lutter sans répit contre le consensus (au risque de se sentir plus malheureux, déprimé car trop clairvoyant, sans concessions) et la douce hébétude liée au phénomène de masse qui nous fait glisser doucement vers la médiocrité…
Le mot « choix » n’est certainement pas celui qui convient. Il s’agit ici aussi de conditionnement, d’éducation, de milieu social… Le choix n’intervient que si, à l’issue d’une prise de conscience progressive (encore faut-il qu’elle soit humainement possible), je décide de réagir, d’aller au-delà du miroir des apparences, d’ôter de temps à autres les premiers plans même s’ils « sont nécessaires pour se reposer de soi-même et pour rendre possible aux autres de vivre avec nous », de casser le moule imposé pour devenir, allez ! on va faire dans l’Heroïc Fantasy,  un paladin de la « vérité », un chevalier errant en quête d’un Graal qui n’aurait rien de mystique…
 Notre société techno-capitaliste a certainement emballé le phénomène, la crise actuelle a certainement mis en pleine lumière  ce qui préexistait déjà, il n’en reste pas moins que l’Homme, depuis Socrate en passant par Montaigne,  s’est toujours trouvé très mal à l’aise sur ce plan… Quelques pensées d’auteurs qui pourraient nous éclairer viendront étayer ces propos… et prouver que la question ne date pas d’hier !....



***

Interlude « amusant » :  citons Daumier, emprisonné 6 mois pour avoir fait de Louis-Philippe une « poire », qui se rabat sur la caricature de la bonne société parisienne. On pourrait se croire au « théâtre ce soir »… 


 
Je crois, mais mes neurones vieillissants me font quelquefois défaut, que c’est Lacan et même Pascal qui affirmaient que la vie n’était que désirs en marche… Pascal en faisant une source de notre insatisfaction perpétuelle. Vivre, c’est être dans la quête du désir plus que dans sa satisfaction… Qu’il soit désir d’accéder à la satisfaction de plaisirs « inférieurs » ou « supérieurs » évoqués par nos penseurs ou autre, il est néanmoins le moteur de notre élan vital. Mais la recherche de la satisfaction immédiate, surtout dans le domaine du matériel ou des plaisirs futiles tant vanté par nos publicitaires, annihile artificiellement et temporairement le désir … Ce vide momentanément comblé laisse place aussitôt à un autre vide, un autre manque suscitant un nouveau désir avide de sa satisfaire dans l’immédiateté… Et ainsi de suite… Celui qui, tout en ne boudant pas cet aspect mais en le maîtrisant, choisit la voie de la difficile recherche d’une vérité pourfendeuse des faux-semblants refuse donc l’aveuglement du « divertissement » pascalien pour appréhender le monde sans fards… Comme tout homme, il est aussi de plein pied dans le désir mais l’objet de la quête progressive, toujours fuyant (qui peut prétendre avoir totalement traversé le miroir des illusions ? ) le maintient dans un désir permanent, émaillé de grandes satisfactions intellectuelles lorsqu’il pressent avoir avancé quelque peu sur ce chemin sans limites, désir permanent toujours tendu vers le même objet… 



Même si le refus de se tromper, la volonté de mettre à bas le mur des illusions risque à tout moment de nous plonger dans la désillusion... On plonge alors dans ce que Kant nomme la misologie, la haine de la raison, le gouffre d’une hyper lucidité à la Cioran qui nous ferait même envier ceux qui ne s’en approchent jamais…

Dans « Fondements de la métaphysique des mœurs », Kant remarque « que plus une raison cultivée s’occupe de poursuivre la jouissance de la vie et du bonheur, plus l’homme s’éloigne de vrai contentement. Voilà pourquoi chez beaucoup, et chez ceux-là mêmes qui ont fait de l’usage de la raison la plus grande expérience, il se produit, pourvu qu’ils soient assez sincères pour l’avouer, un certain degré de misologie, c’est-à-dire de haine de la raison. En effet, après avoir fait le compte de tous les avantages qu’ils retirent, (……), toujours est-il qu’ils trouvent qu’en réalité ils se sont imposé plus de peines qu’ils n’ont recueilli de bonheur ; aussi, à l’égard de cette catégorie plus commune d’hommes qui se laissent conduire de plus près par le simple instinct naturel et qui n’accordent à leur raison que peu d’influence sur leur conduite, éprouvent-ils finalement plus d’envie que de dédain ».



Inutile de faire du commentaire de texte. Je crois que la pensée de nos auteurs est claire et limpide sur la question, même s’il existe des approches un peu différentes, des nuances. Rousseau, dans son « Discours sur l’origine et les fondements de l’inégalité parmi les hommes », enfourche évidemment son dada et met l’accent, quant à lui, sur la bonté essentielle d’un homme perverti par la société. « Ce n’est pas sans peine que nous sommes parvenus à nous rendre si malheureux. Quand d’un côté l’on considère les immenses travaux des hommes, tant de sciences approfondies, tant d’arts inventés, tant de forces employées, des abîmes comblés, des montagnes rasées, des rochers brisés, des fleuves rendus navigables, des terres défrichées, des lacs creusés, des marais desséchés, des bâtiments énormes élevés sur la terre, la mer couverte de vaisseaux et de matelots, et que de l’autre on recherche avec un peu de méditation les vrais avantages qui ont résulté de tout cela pour le bonheur de l’espèce humaine, on ne peut qu’être frappé de l’étonnante disproportion qui règne entre ces choses, et déplorer l’aveuglement de l’homme qui, pour nourrir son fol orgueil et je ne sais quelle vaine admiration de lui-même, le fait courir avec ardeur après toutes les misères dont il est susceptible, et que la bienfaisante nature avait pris soin d’écarter de lui. Qu’on admire tant qu’on voudra la société humaine, il n’en sera pas moins vrai qu’elle porte nécessairement les hommes à s’entre-haïr à proportion que leurs intérêts se croisent, à se rendre mutuellement des services apparents et à se faire en effet tous les maux imaginables »

Il privilégierait presque un état de douce ignorance  naturelle à ce que l’homme civilisé doit endurer. Finalement, l’incapacité à imaginer au-delà du moment présent ou, quant à nous, la capacité à en dissoudre l’angoisse permanente dans l’abondance des divertissements et dérivatifs serait une sorte de vaccin contre l’angoisse. L’illusion comme bouclier contre la peur, plus efficace que le prozac…

Illusion, le mot est lâché… Illusion d’un  matérialisme porteur d’un « bonheur » où triomphe l'idée de réussite individuelle, de consommation effrénée... A l’opposé, illusion des idéalismes exacerbés qui procurent à leurs adeptes de réconfortantes "missions" spirituelles qu'ils ne seront jamais capables d'atteindre… Les illuminés de la Foi…
Les 2 pôles extrêmes, paravents masquant le réel, autant néfastes, autant symptômes d’une fuite en avant perpétuelle.  

Prendre le contre-pied du consensus ambiant s’avère donc ardu et, pour reprendre une expression de Ju2, faire le choix de l’anti-médiocratie, remonter à contre-courant, opter pour une vue lucide des choses, se desciller les paupières en quelque sorte, semblerait donc induire une recrudescence de l’angoisse ou la montée d’un désenchantement, d’une déconvenue…  
Cavanna, pour citer un auteur moins classique et plus marrant (pas ici !), nous le crache « en pleine gueule pour reprendre son expression : «  La conscience est là, je ne peux pas faire qu'elle n'y soit pas, je ne peux pas faire comme si elle n'y était pas, je ne peux pas redevenir singe, ou chien, ou limace, ou caillou... La conscience est là, c'est à dire l'angoisse, en pleine gueule." Elle est là, le choix est simple : la fuir et l’endormir dans l’action vaine ou l’affronter en face… au risque de finir pétrifiés comme ceux qui osèrent contempler leur propre moi éventuellement coupable dans le regard de Méduse…



  ***

Mais il existe peut-être une alternative…  
Oser regarder les choses en face, se mettre au service de la raison et de la connaissance est à différencier de la quête éperdue d’un bonheur. Il s’agit plus d’être « vertueux » que d’être heureux. Et corollairement, la conscience réconfortante pour l’esprit d’être sur le chemin de la vertu, chemin que n’épargne ni doute ni douleur, peut s’avérer une approche plus sûre, non pas du bonheur mais de la satisfaction de soi…

Voici un petit emprunt à l’inévitable Wikipedia. Pardonnez moi ce recours devenu consensuel, c’est le comble !... « La vertu est une notion à l'intersection des ensembles de la philosophie, de la religion et du politique, qui est encapsulée à notre époque par le politiquement correct, et était définie autrefois comme l'humain vertueux, c'est-à-dire celui qui tire parti des circonstances pour agir avec toujours le plus de noblesse possible. »  http://fr.wikipedia.org/wiki/Vertu

C’est Descartes, dans une
« lettre à Elisabeth », qui le souligne particulièrement : la satisfaction intellectuelle est bien loin de la gaieté futile. Les « grandes joies » procurées par la connaissance objective sont amples et durables. L’exercice de la vertu (qui porte en soi sa propre satisfaction) est supérieur à  la quête d’un bonheur toujours fuyant…  « C’est pourquoi, voyant que c’est une plus grande perfection de connaître la vérité, encore même qu’elle soit à notre désavantage, que l’ignorer, j’avoue qu’il vaut mieux être moins gai et avoir plus de connaissance. Aussi n’est-ce pas toujours lorsqu’on a le plus de gaieté, qu’on a l’esprit plus satisfait ; au contraire, les grandes joies sont ordinairement mornes et sérieuses, et il n’y a que les médiocres et passagères, qui soient accompagnées du ris. Ainsi je n’approuve point qu’on tâche à se tromper, en se repaissant de fausses imaginations; car tout le plaisir qui en revient, ne peut toucher que la superficie de l’âme, laquelle sent cependant une amertume intérieure, en s’apercevant qu’ils sont faux. Et encore qu’il pourrait arriver qu’elle fût si continuellement divertie ailleurs, que jamais elle ne s’en aperçût, on ne jouirait pas pour cela de la béatitude dont il est question, pour ce qu’elle doit dépendre de notre conduite, et cela ne viendrait que de la fortune.»


C’est ainsi que ce que j’accepte de perdre, la certitude rassurante de mes illusions, peut s’ouvrir sur un réel contentement intérieur. D’ailleurs, n’est-ce pas ici que se joue tout le drame de la condition humaine : accepter le risque. Et n’est-ce pas lorsque nous décidons justement de lutter et que nous triomphons par paliers des obstacles,  que nous ressentons la véritable joie, celle d’avoir refusé la facilité et l’étourdissement ? ... Ce sentiment si subtile d’avoir touché du doigt, même si peu, ce qu’on nomme dignité et dont se nourrit l’estime de soi…  Même au prix du sacrifice de nos « grandes illusions » ou de nos tristes remèdes…


On en arrive alors à côtoyer le paradoxe, je ne sais si vous l’avez déjà éprouvé, de vivre comme un peu dédoublé, une vie où se mêlent mélancolie et joies fugitives, amertume et ferveur, pessimisme et espérance, envie de se résigner et conviction de poursuivre sa route…



Terminons par une remarque de  John Stuart Mill extraite de  « L’utilitarisme » écrite en 1861 et qui revêt des accents très modernes. On la croirait écrite de la veille !... . « On peut dire encore qu’il ne manque pas de gens qui sont, en débutant dans la vie, animés d’un enthousiasme juvénile pour tout ce qui est noble, et qui tombent, lorsqu’ils prennent de l’âge, dans l’indifférence et l’égoïsme. Mais je ne crois pas que ceux qui subissent cette transformation très commune choisissent volontairement les plaisirs d’espèce inférieure plutôt que les plaisirs supérieurs. Je crois qu’avant de s’adonner exclusivement aux uns, ils étaient déjà devenus incapables de goûter les autres. Les hommes perdent leurs aspirations supérieures comme ils perdent leurs goûts intellectuels, parce qu’ils n’ont pas le temps ou l’occasion de les satisfaire…. »



Ajoutons, petit clin d’œil à Ju2 et à Gilles Châtelet, et pour achever par où nous avons commencé,  cette phrase du même Stuart Mill qui résonne comme une conclusion : «  il vaut mieux être Socrate insatisfait qu’un imbécile satisfait. Et si l’imbécile ou le porc sont d’un avis différent, c’est qu’ils ne connaissent qu’un côté de la question : le leur. L’autre partie, pour faire la comparaison, connaît les deux côtés. »

***
Interlude : Un Socrate insatisfait peut-être mais l’insatisfaction mène quelquefois au pire… Ci-dessous « le procès de Socrate »


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Une dernière chose… De même que l’homme peut-être ange ou démon, ange et démon, il peut aussi être un aigle et un porc… Les deux à la fois, chez le même individu, moi, vous, nous… Celui qui ne se verrait qu’en aigle constamment triomphant, survolant de bien haut la masse porcine, pécherait par orgueil et auto-aveuglement… On sait,  depuis Icare,  le sort qui pourrait l’attendre… Tout est question de connaissance de soi, connaissance de l’ambivalence qui nous anime, de discernement … pour faire le choix de la raison et de la vertu sans oublier l’abîme toujours proche de notre inconscient, l’océan toujours menaçant des multiples tentations et facilités de la vie… Même si un bon Chivas de temps en temps, ça ne se refuse pas… :)



Excusez la longueur mais vous pouvez lire ce texte à dose homéopathique… Trois lignes sous la langue chaque soir. Je m’étends, je m’étends, c’est mon péché peu mignon. Pas très vertueux tout ça… Un effort à faire de ce côté-là.



A+ Daniel
Quelques sites intéressants où chacun devra faire le tri bien sûr… 
Un peu en marge, un film à voir : « La question humaine » de Nicolas Klotz (2007). Film sur la manipulation qui met l’accent sur le mensonge des mots, leur puissance d’annihilation. Le film, adapté d’une roman de François Emmanuel,  fait un rapprochement osé entre la rationalisation technicienne nazie et le pragmatisme froid des grandes firmes libérales sans jamais établir une relation de cause à effet évidemment. Et heureusement…
Mais, au-delà des circonstances et des contextes, il pointe du doigt une même volonté d’occulter l’humain, de le réduire à une simple chose, que l’on garde ou rejette….

Finalement, on reste seul avec sa conscience...

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