... et aussi le simple plaisir d'écrire.

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Un peintre qui crée essentiellement une peinture figurative qu'on peut appeler fantastique, onirique, surréaliste,... Comme on veut... Bien que je ne sois pas insensible à toute forme d'art pourvu qu'elle me paraisse sincère et qu'elle provoque quelque chose en moi... Depuis toujours, je tente de peindre l'individu et la multitude, la matière brute et la lumière intérieure, l'arbre de vie, la femme et les racines, l'enfant et le devenir, la foule errante en quête de valeurs à retrouver, les voies parallèles, les mystères des origines et de la fin dernière... Les “SEUILS”, les félures, les passages qui font de nous d’ éternels errants insatisfaits entre mondes réels et rêvés , entre soi et autrui, entre Vie et Mort, entre bonheur et malheur... Un acte de peindre, nécessaire, à l'origine de rencontres furtives mais intenses, et qui fait naître, quelquefois, au bout d'un pinceau fragile, une parcelle de soi... ...ou tout simplement le plaisir et la douleur de créer...

vendredi 29 juillet 2011

Un été 89. 1ère partie.


C'est à la suite d’une réflexion sur la pensée unique, le néo-capitalisme (déjà publiée) qu'un évènement vieux d'une vingtaine d'années refit surface, issu d'une mémoire déjà fort encombrée d' épaves délavées laissées par la vie, au fil du temps…
C'était en 1989, plus exactement en juillet 1989… C'était l'année du Bicentenaire de la Révolution, on en avait mangé à toutes les sauces et pour éviter l'indigestion, l'overdose, et échapper à la Terreur médiatique, nous avons fui une quinzaine de jours, ma femme et moi, escortés de notre fille de 9 ans, avec le minimun, petite tente et réchaud, au fin fond des Pyrénées, dans une zone non encore contaminée par le virus de la célébration collective…
Nous flirtions alors avec la quarantaine, surtout moi, bon gré mal gré, et les espaces vides et encore vierges avaient quelque chose d'enivrant qui rendait plus facile cette mise en « quarantaine »… Le temps avait passé, que pouvait-on y faire de toute façon ?, et l'avenir semblait malgré tout chargé de promesses. L'on sentait, un peu comme avant 68, très peu cependant, comme un mouvement se dessiner, comme des certitudes s'ébranler…
Mais revenons aux Pyrénées… Un soir, à quelques dizaines de mètres de la route principale, nous trouvâmes pour dormir une petite clairière au sein d'un bosquet. Le top du top, pas encore inscrit dans le Guide du routard. Au crépuscule, une fois la tente montée, nous nous apprêtions à déguster nos raviolis spécial Pyrénées en boîte quand deux phares trouèrent la nuit pour venir se fixer sur notre campement digne du jardin d'Eden… Pour le jardin d'Eden justement, c'était rapé !…
Comme chez tous bons Français qui se respectent, les premières réactions furent: observation, prudence, et disons le franchement une certaine amertume: «  on était là les premiers quand même !… »
Nos voisins improvisés s'installent, un grand efflanqué, chevelu et barbu, tout droit sorti de Woodstock , la boue en moins, et sa compagne ad hoc, dans la trentaine… Montage de tente express, feu de bois qui prend du premier coup, des pros quoi !…
Et vers la fin du repas, la femme nous fait signe. Installation autour du feu de bois. Une certaine gène au début… Dans ma tête, j'essaie de réviser mon Hugues Aufray (j'avais aperçu une guitare) mais très vite, cela s'avère inutile… Ils sont Tchèques et la conversation s'engage avec force gestes, hochements de têtes et un anglais qui n'est pas à toute épreuve…
Et les heures passent, ou plutôt le temps s'arrête, de café en thé, de cigarettes roulées (peut-être un p'tit joint , je ne sais plus) en petites lampées d'alcool tchèque à faire damner un moine, deux mondes se découvrent, se reconnaissent, s'étonnent de l'un et de l'autre, se comprennent…..
Nous évoquons le terrible « Printemps de Prague » et sa répression par les chars russes en 68. Ils nous confient leurs difficultés, leurs peurs quotidiennes et leurs espoirs de vivre un jour libres...
Jarek, je me souviens de son nom, composait et enregistrait des musiques traditionnelles de son pays, un peu comme un folk singer américain… Il me promet, avant la séparation, de m'envoyer une cassette.
De retour chez nous, la vie reprend son cours… Un jour d'octobre, nous recevons un paquet, c'est la cassette promise par Jarek… Pendant ce temps, dans son pays, la « Révolution de velours » est en marche. En décembre 89, le dissident Vaclav Havel devient président de la république.
Nous regardons les infos et le peuple en liesse devant le balcon où se tient Vaclav Havel.
Et comme par magie, nous voyons dans les premiers rangs de la foule notre grand chevelu, Jarek !…
Je crois, qu'en une fraction de secondes, nous avons ressenti ce qu'il pouvait éprouver au même instant, un sentiment qui vous submerge et vous élève à la fois, un sentiment de communion, d'empathie totale… En un instant, tout ce qui fut dit, confié lors de cette soirée d'été trouvait son épilogue, inespéré, improbable et nous en étions les témoins émerveillés, un peu incrédules, devant notre tube cathodique…
Un peu bêtement, on a supposé par la suite que, peut-être, il avait pensé lui aussi qu'on avait pu le voir. On n'est jamais satisfait, il faut toujours que ce soit encore mieux, complet, parfait…
C'était donc un petit impromptu, un des ces petits faits de la vie qui en font tout son charme. En cette année du Bicentenaire de la Révolution française, la Tchécoslovaquie sut réaliser sans heurts sa révolution dite de velours… Dans une suite à ce texte, je reviendrai sur cette année 89 chargée de faits décisifs ou hautement symboliques pour en arriver à mon point de départ, la situation actuelle...

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