... et aussi le simple plaisir d'écrire.

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Un peintre qui crée essentiellement une peinture figurative qu'on peut appeler fantastique, onirique, surréaliste,... Comme on veut... Bien que je ne sois pas insensible à toute forme d'art pourvu qu'elle me paraisse sincère et qu'elle provoque quelque chose en moi... Depuis toujours, je tente de peindre l'individu et la multitude, la matière brute et la lumière intérieure, l'arbre de vie, la femme et les racines, l'enfant et le devenir, la foule errante en quête de valeurs à retrouver, les voies parallèles, les mystères des origines et de la fin dernière... Les “SEUILS”, les félures, les passages qui font de nous d’ éternels errants insatisfaits entre mondes réels et rêvés , entre soi et autrui, entre Vie et Mort, entre bonheur et malheur... Un acte de peindre, nécessaire, à l'origine de rencontres furtives mais intenses, et qui fait naître, quelquefois, au bout d'un pinceau fragile, une parcelle de soi... ...ou tout simplement le plaisir et la douleur de créer...

lundi 18 juillet 2011

Entre acceptation et résignation.





Dans le mot résignation, il y a une idée de démission, de renoncement par fatalisme. Ce qu’on peut ressentir devant certains malheurs de la vie (la maladie incurable, l'accident mortel d'un proche, etc...).. Il est certain que la révolte domine dans un premier temps suivie par la résignation devant l'inéluctable. Dans le mot acceptation, il y a aussi une idée de renoncement mais le libre-arbitre semble un peu l'emporter sur le fatalisme. L'acceptation peut être le fruit d'un long cheminement intellectuel qui fait qu'on PREND la décision d'accepter...


Tout part souvent du clivage qui est plus ou moins affirmé selon les gens entre nos désirs, nos rêves, nos ambitions et l'obstacle que représente la dure réalité de la vie. Dans ce cas, se libérer, c'est accepter consciemment, avec lucidité, sans se résigner, que nous avons visé peut-être trop haut, que nous nous sommes peut-être surestimés…
Me concernant, j’avoue honnêtement, qu’il m’est arrivé souvent de rester songeur devant l’étendue du passé consacré à la peinture, peut-être au détriment d’autres choses... Le regard se perd dans l’immensité virginale d’une toile à peine ébauchée et, comme un mirage dans ce blanc désert, comme une litanie qui s’insinue dans le vide de la pensée, se forment et se bousculent les mots: « A quoi bon ? », « Suis-je à la hauteur ? ».
Et quel est l’étalon de référence ? Ma propre satisfaction (elle n’est jamais totale) ? Celle des autres ? (l’œil sévère du critique d’art ou le regard émerveillé d’un enfant ?)




Peindre, ou tout acte créatif, semble l’image métaphorique de notre propre condition. Se résigner devant l’impossibilité de transcrire dans le réel ce qu’on veut exprimer conduit inexorablement à l’abandon du processus de création. La démission … S’entêter, s’obstiner inconsidérément, s’exalter sans cesse, mène le plus souvent à la même désespérance … Reste l’acceptation consciente de ses propres limites, la recherche de l’adéquation entre ce que je me sens capable de faire, tout en cherchant une forme de dépassement raisonnable, et ce que je suis capable de faire réellement. Reste à mesurer aussi nos véritables motivations en prenant en compte les ruses de l’inconscient qui peuvent tendre à mettre en avant les motivations louables, satisfaisantes pour l’ego mais fausses ( la création pure et désintéressée) afin de mieux masquer une véritable motivation moins acceptable ( appât du gain, course à la réussite) ...




« A quoi bon ? » Ne sommes-nous pas souvent dans l’erreur ? Qui peut nous certifier que nous avons fait le bon choix, que nous ne nous sommes pas fourvoyés sur un chemin trop escarpé pour nous ? La vie nous offre de multiples choix: qui peut m’assurer que je me connaisse assez pour choisir ce qui me correspond le mieux ?


"Connais-toi toi même" était gravé au fronton du temple d'Apollon de Delphes. Cette injonction nous invite à l'introspection que nous pouvons toujours tenter, mais que c'est difficile !… Et sommes-nous certains que ce que nous pensons découvrir de nous ne soient pas d’autres illusions dressées par les forces de l’Inconscient ?
Difficile de comprendre ce qui nous motive réellement, de saisir ce dont on a vraiment besoin… Et si ou quand vient la chute, l’amer constat, commence alors le temps de la révolte contre les autres d’abord (c’est toujours la fautes des autres, de la société, dans un premier temps), contre soi-même ensuite, le temps de la culpabilité, de l’auto-flagellation, des regrets (si j’avais su …), de la résignation ou de l’acceptation… ou de l’entêtement égocentrique (c’est moi qui ai raison, le monde a tort).


Accepter sans se résigner c'est tenter de mettre en accord, en adéquation, mes possibilités REELLES (et non celles auto-proclamées par un ego surdéveloppé) avec les contraintes de mon environnement physique, social, affectif, etc... Après, bien sûr, avoir essayé de donner le meilleur de soi. Alors seulement, on peut se sentir libérer.


Tous les mythes grecs ne parlent que de cela, ils condamnent tous la démesure et les coupables sont irrémédiablement châtiés (Icare voulant atteindre le soleil, Oedipe prenant le pouvoir à Thèbes, Prométhée livrée au châtiment éternel...). L'homme se punit lui-même ou plutôt c'est la Raison divine qui le ramène à la raison....
Tout le monde n’est pas capable, tel Persée, de regarder Méduse en face. Il ne la regardera d’ailleurs qu’indirectement grâce au miroir (de la vérité)...Voir Méduse, la Gorgone, c’est se voir soi-même, tel qu’on est. On est alors pétrifié. Symboliquement, c’est la pétrification intérieure, la mort de l’âme. Ainsi l’on ne peut regarder Méduse, c’est-à-dire son propre moi coupable, que soutenu par la sagesse et l’amour de la vérité, la vérité lucide sur soi-même…

La lecture de Paul Diel est ici pleine de révélation et d’enseignement.
 



On peut ainsi être esclave du matérialisme, au sens non philosophique du terme, (Midas qui transforme en or tout ce qu'il touche mourra de faim) et les exemples ne manquent pas à notre époque où triomphe l'idée de réussite individuelle, de consommation effrénée... A l'opposé, on peut être esclave de son idéalisme, se donner des "missions" spirituelles qu'on ne sera jamais capable d'atteindre… Les illuminés de la Foi par exemple.


Et quand l'esprit s'échine en vain à courir après ses moulins à vent, le corps se révolte avec son cortège de maux psychosomatiques... qui ne sont que la traduction physique d'un malaise profond, la dysharmonie entre moi et le monde, le déséquilibre intérieur… S’échiner à être un autre que soi-même, tel est peut-être le piège le plus subtil et le plus insidieux que l’esprit se tend à lui-même...


Seul le sage, s'il en est, peut se libérer totalement (idéal du bouddhisme). Nous pauvre mortels pouvons simplement espérer échapper un peu à la "malédiction" de notre condition humaine qui fait toujours de nous d’éternels insatisfaits, qui nous surestimons au risque de perdre notre âme ou nous sous-estimons au risque de nous mortifier sans cesse...


A part cela, il ne fait pas très beau mais c'est bientôt Noël, la vie est belle... ;)

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