... et aussi le simple plaisir d'écrire.

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Un peintre qui crée essentiellement une peinture figurative qu'on peut appeler fantastique, onirique, surréaliste,... Comme on veut... Bien que je ne sois pas insensible à toute forme d'art pourvu qu'elle me paraisse sincère et qu'elle provoque quelque chose en moi... Depuis toujours, je tente de peindre l'individu et la multitude, la matière brute et la lumière intérieure, l'arbre de vie, la femme et les racines, l'enfant et le devenir, la foule errante en quête de valeurs à retrouver, les voies parallèles, les mystères des origines et de la fin dernière... Les “SEUILS”, les félures, les passages qui font de nous d’ éternels errants insatisfaits entre mondes réels et rêvés , entre soi et autrui, entre Vie et Mort, entre bonheur et malheur... Un acte de peindre, nécessaire, à l'origine de rencontres furtives mais intenses, et qui fait naître, quelquefois, au bout d'un pinceau fragile, une parcelle de soi... ...ou tout simplement le plaisir et la douleur de créer...

jeudi 21 juillet 2011

La violence.





Je crois que la violence est en nous, elle peut s'exprimer de différentes façons. Bien orientée, canalisée, elle est force vitale, énergie. Je pencherai plutôt pour l'idée qu'il y a chez l'homme une énergie qui l'aide à se construire et qui peut tout aussi bien se retourner contre lui ou contre les membres de sa propre espèce.

Négative, désapprouvée par la morale (qui n'existe pas chez l'animal), agressive et retournée contre autrui, elle devient violence réprouvée.
Positive, force de vie et de motivation, énergie contrôlée, elle devient le vecteur nécessaire à toute nos actions, nos projets, notre capacité à anticiper et à aller jusqu'au bout de nos ambitions ou de nos désirs...
Cette énergie ambivalente est inhérente à l'homme. Ce qu'on peut peut-être accorder de plus à l'homme
, et que l'animal n'a pas, c'est le plaisir sadique à faire le mal pour le mal, gratuitement, pour le plaisir de la violence pure comme dans ce film de Hannecke dont j'ai oublié le titre... Ce que nous avons de plus aussi, c'est cette capacité à planifier, à projeter, et donc à mettre la violence au service de cette planification volontaire (comme la planification du génocide juif par les nazis)... Chez l'homme, on dirait qu'il y a un couple étrange qui se forme entre amoralité et violence comme entre morale et violence (si l'on pense que Dieu est de notre côté bien sûr...).

Il est difficile d'imaginer un monde sans violence, ce serait un monde déshumanisé car être humain c'est être capable de tout cela justement... Un monde comme le décrit en effet Ira Levin dans "Un bonheur insoutenable". On peut simplement espérer que la loi puisse canaliser, réglementer, les flux d'agressivité inhérents à l'espèce humaine. Ou alors il nous faudrait devenir des animaux, des robots ou des êtres décervelés...

René Girard a aussi beaucoup écrit sur "La violence et le sacré" et leur nécessaire complémentarité, le sacrifice et le rôle du bouc émissaire...
Nous traînons des vieille casseroles depuis Descartes fondées sur le dualisme et dont nous avons bien du mal à nous débarrasser: les couples culture/nature, homme/animal, bien/mal, etc... Nous faisons partie de la nature tout en étant des êtres de culture ce qui nous met au coeur de la violence (naturelle) et nous permet aussi de la limiter, la réguler, la symboliser, la mettre en scène, la projeter (art, cinéma, sport, etc.. qui sont des substituts).
J'ai eu plusieurs chats et tout ce que je peux dire c'est que chacun avait (sans faire d'anthropocentrisme) leur façon bien particulière d'exprimer leur angoisse, leur peur, leur plaisir, leur empathie, chacun était apte à développer des techniques leur facilitant la vie et de manifester, s'il le fallait
, colère et violence... La limite est plus mince qu'on ne le croit entre l'homme et l'animal mais une des grandes différences me semble-t-il est cette idée de morale que l'homme peut utiliser positivement ou négativement pour justifier les actes les plus vils... La morale a toujours bon dos. Notre inconscient a des ruses qui peut nous faire "prendre des vessies pour des lanternes", l'auto-justification...



Il me semble aus
si que la notion de violence, son ressenti, ont bien évolué au cours des siècles et diffèrent bien sûr selon les cultures. On ne ressentait pas le même acte comme étant violent dans l'Antiquité, au Moyen Age ou au 21ème siècle...
Il y a un parallèle certain entre notre rapport à la nature et notre rapport à la violence. Il semblerait que l'homme primitif, entièrement intégré dans son milieu naturel, fonctionnait sur le mode de la réactivité, un peu comme l'animal, et sur un mode très symbolique qui permettait d'encadrer, de gérer, de mettre en forme ritualisée la violence pour mieux l'expurger. Les formes d'exhutoire fonctionnaient, l'espace vital ne posait pas de problème. De même, le clan nomade savaient régler à l'interne les rivalités.
Mais avec le développement de la ville, du commerce, de la propriété privée, et surtout depuis le 15ème/16ème siècles, la violence est au coeur de l'activité humaine (grandes découvertes et conversions de force, colonisation, guerres de conquête)...
Une des plus grande violence fut bien celle qui fut faite à tous les déviants, surtout depuis l'époque de la Raison chère à Descartes, l'époque de l'absolutisme cher à nos rois des 16è et 17è, l'époque de la Contre-réforme mise en place par l'église catholique pour faire face aux hérétiques et protestants, l'époque de la grande utopie nationaliste unitaire et uniformisatrice. Violence dès lors faite aux "fous", aux pauvres, aux marginaux, aux jeunes, aux défenseurs des cultures populaires et régionales, aux "sorcières", aux résistants politiques, tous enchaînés, embastillés, engalérés (j'invente le terme...), roués, brûlés, pendus, écartelés...
L'époque du grand renfermement, des Hospices et Hôpitaux sordides, puis des centres psychiatriques dès le 19è où se retrouveront les femmes dites hystériques, les empêcheurs de tourner en rond, les dissidents de tout poil, les hors normes, les inclassables,...

Aujourd'hui, plus besoin de lieux d'enfermement sauf les prisons pour les crimes et délits... La violence est toujours aussi présente, les déviants et marginaux toujours aussi présents mais cette violence s'exerce en douceur, diffuse, insidieuse, éclatée en mille facettes (pub, télé, jeux d'argent, modes, etc.. ) regroupées dans ce qu'on appelle
la culture de masse  qui finalement récupère tout, nivèle tout au point de faire croire à chacun qu'il est libre (rebelle ?) dans un monde libre, un monde en fait complètement formaté, dirigé, régulé pour étouffer dans l'oeuf les envies de rebellion, détourner notre attention des vrais problèmes... Seul l'homme a été capable de générer des villes, des mégalopoles assorties de banlieues sordides où la violence s'exaspère chaque jour toujours un peu plus, de créer in fine les causes de sa propre destruction… Seul l’homme est capable de s’émerveiller et de verser une larme devant les mariages fastueux de tels ou telles princes ou princesses après avoir regardé un reportage sur un peuple somalien affamé … Besoin de compenser par une identification aux étoiles du Bottin mondain ? Rêves de devenir célèbres en peu de temps ? Le miroir aux alouettes … La pire forme de violence que ceux qui contrôlent imposent consciemment à ceux qui sont contrôlés inconsciemment ...N'est-elle pas là la violence la plus redoutable ? Donner l'illusion à chacun qu'il est maître de lui-même dans un monde qui lui échappe de plus en plus..

Notre époque est aussi particulièrement marquée, surtout dans les pays occidentaux, par la judiciarisation à outrance. Tout devient violent et tout devient matière à procédure. Dès qu'on touche à ma liberté, mon intégrité, voire mon espace vital, on le ressent comme une atteinte, une violence qui nous est faite...
Comme si le développement extrême de
l'individualisme faisait de chacun d'entre nous un être intouchable et sacré qui perçoit donc la moindre atteinte physique ou verbale comme acte de violence. Il suffit de voir comment cela se passe dans  une cour d’école...

Comme nous l'avons dit, l'homme a cette merveilleuse capacité à s'aveugler lui-même et à justifier au nom de la morale les pires excès: le 20ème siècle en fut un bel exemple. Et la violence ne s'est jamais autant déchainée qu'entre frères ennemis pendant les guerres bosniaques où l'on a atteint l'innommable. Mais pas besoin d'aller si loin, il suffit d'observer les conflits de voisinage entre voisins, ou les rapports entre automobilistes...
 Mais la violence n'est pas seulement physique ou verbale, elle peut être culturelle, à l'échelle de tout un peuple. Quoi de plus violent aussi que d'arracher un peuple ( qui vit pauvre mais digne) à sa propre culture pour lui proposer, au nom du sacro-saint progrès, de vivre presqu’aussi pauvre mais indigne dans les bidonvilles des grandes cités !

Nous n'avons certainement pas encore tout vu. L'hégémonie mondiale du capitalisme qui en général ne s'encombre pas de problèmes éthiques est la pire violence faite aux hommes ET à la Terre. Il serait impossible de nommer ici toutes les exactions commises au nom de la libre concurrence, de la croissance, de la satisfaction des nantis: enfants quasi esclaves des mines colombiennes, des ateliers chinois, indiens, etc... Je ne citerai que, pour faire court, le marché des enfants adoptés, le marché des organes, les enfants soldats, etc... Et les millions de damnés de la terre, j’en ai vu à Pékin dormant dans les gravats avant de reprendre le travail, qui doivent se demander à quoi doit bien ressembler un enfer qu'on promet plus terrible encore.... Tout cela au vu et au su de toute la planète qui regarde les JT tous les jours entre le hors d'oeuvre et le dessert, moi compris... Que faire ?
On peut toujours se la jouer zen dans son coin ou militer pour une cause altermondialiste, on a tellement l'impression que l'essentiel nous échappe, que plus rien n'est sous contrôle
, notre contrôle, même le contrôle des états...

Mon optimisme récurrent me porte malheureusement à penser que, à moins d'une inversion "miraculeuse" du processus, les générations à venir ont du souci à se faire. Plus d'hommes qui en veulent toujours plus sur des espaces réduits qui en fourniront toujours moins, voilà de quoi alimenter et exacerber la violence qui existe déjà en l'homme à l'état naturel...

Où est passé le bon temps de de nos arrière grands-pères où les pauvres, les colonisés, les sous-développés, les parias savaient rester à leur place ?... Mais dans quel monde vit-on ? :)

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