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Un peintre qui crée essentiellement une peinture figurative qu'on peut appeler fantastique, onirique, surréaliste,... Comme on veut... Bien que je ne sois pas insensible à toute forme d'art pourvu qu'elle me paraisse sincère et qu'elle provoque quelque chose en moi... Depuis toujours, je tente de peindre l'individu et la multitude, la matière brute et la lumière intérieure, l'arbre de vie, la femme et les racines, l'enfant et le devenir, la foule errante en quête de valeurs à retrouver, les voies parallèles, les mystères des origines et de la fin dernière... Les “SEUILS”, les félures, les passages qui font de nous d’ éternels errants insatisfaits entre mondes réels et rêvés , entre soi et autrui, entre Vie et Mort, entre bonheur et malheur... Un acte de peindre, nécessaire, à l'origine de rencontres furtives mais intenses, et qui fait naître, quelquefois, au bout d'un pinceau fragile, une parcelle de soi... ...ou tout simplement le plaisir et la douleur de créer...

lundi 11 novembre 2013

Le mythe identitaire. Episode 2: l'ancienne société.


Dans l'espace, l'Etat français s'est construit progressivement sur un mode centralisateur, à coups de guerres, de stratégies matrimoniales, d'héritages, d'alliances. Et à partir du 15ème siècle, être français c'est choisir le roi de France. C'est du moins la thèse des manuels d'histoire… Mais cette politique s'est bâtie sur du vivant. C'est drôle comme les politiques semblent toujours l'oublier. En effet, qu'en était-il des individus disséminés dans ce beau royaume de France dont Voltaire dira « qu'il n'y a nul pays au monde où l'on trouve tant de contradictions ». Une identité ne se construit pas seulement à coups de traités, les frontières tracées sur les cartes sont aussi des peuples, des familles, séparées, écartelées, disséminées au nom de la volonté d'unification de ces messieurs …

Ainsi, peu à peu, l'idéologie des minorités dominantes va s'imposer lentement comme étant la référence obligée et nécessaire de tout un peuple. Une vaste opération de propagande où tous les coups seront permis !… L'élite va peu à peu se distinguer du vulgaire, s'affichant comme modèle, produisant un code de civilités issu des milieux de Cour qui s'ancrera ensuite progressivement dans les villes en extension, créant une identité peu à peu collective mais aussi … des résistances !...

Vous pourriez m'objecter: ce n'est pas nouveau !

En effet, les inégalités sociales existent depuis l'aube des civilisations mais chacun restait à sa place, les rôles étaient distribués ainsi et l'on faisait avec..., l'idéologie catholique aidant (le paysan pour trimer, le seigneur pour batailler, le clerc pour sauver les âmes des précédents). Et des constantes collectives traversaient les corps sociaux. Un monde relativement figé que Dieu, dans sa grande bonté, nous avait concocté. Ce qui apparaît ici comme novateur dès le 16ème siècle, c'est cette volonté de tout unifier sur un seul modèle vers lequel chacun s'efforcera (ou sera contraint) de tendre, avec plus ou moins de réussite…

Mais d'abord (effet de mise en scène): Flash back ! …

Vers la fin du Moyen Age, la société reste une société où, globalement, paysans ou nobliaux de province, petits bourgeois ou artisans, chacun se reconnaît encore plus ou moins l'un dans l'autre, au sein de pratiques collectives, de goûts communs qui traversent toutes les couches sociales. Violence, brutalité, grossièreté, relative licence sexuelle, manque d'hygiène et de pudeur, xénophobie aiguë sont le lot de chacun… Même si certaines nuances apparaissent ça et là : l'humanisme naissant et l'individualisme ne sont le fait que de minorités éclairées.

Le village, et même la ville, est un lieu clos auquel chacun est viscéralement attaché et la violence est souvent exacerbée entre groupes voisins, les jeunes de villages proches par exemple. On n'a pas de quoi s'ennuyer ! ...Les identités semblent se structurer en s'opposant agressivement aux autres. Mais à l'intérieur du village même, les tempéraments restent tout aussi extrêmement chatouilleux. Les combats à la taverne entre voisins sont légions. Ainsi les petites réjouissances musclées qui font la une de nos journaux télévisés ne datent pas d'hier mais elles étaient plus généralisables à toute une société, moins circonscrites. La justice intervient assez peu et les gens passent leur temps à s'apaiser mutuellement. Mieux vaut une bonne petite paix conclue entre parties autour d'une chopine qu'une intervention extérieure des gens de loi. On n'est jamais mieux servi que par soi-même...

Il en est de même pour les nobles, même si une petite frange de courtisans s'est raffinée au contact des Italiens. Leurs mœurs restent tout aussi rudes et violentes. Le petit noble joue avec les vilains sur la place du village, parle leur langue et partage leurs mœurs…


Si vous n'êtes pas encore atteint de narcolepsie galopante, je vous conseille de faire une pause et de déguster un café bien serré non décaféiné avant d'aborder la suite.


Chaque civilisation a aussi ses codes corporels qui sont tout à fait relatifs. En effet, si, par le biais de la machine d' H.G. Wells, nous nous retrouvions face à un individu du 15ème siècle, on éprouverait un malaise certain. Il nous paraîtra sale, un peu sauvage, indécent, et ceci vaut autant pour les masses que pour les élites. Le monde de l'époque devait être particulièrement odorant ! L'Oréal n'était pas encore passé par là et personne, à l'époque, ne le valait bien...

Mais c'est peut-être sur ce plan que la rupture sera consommée en premier, entre le paysan qui apparaît de plus en plus comme rustaud, sale et vulgaire et le noble ou le bourgeois qui se voudront de plus en plus policés. Les puanteurs sont dites sulfureuses, c'est l'œuvre du diable et les pestes et épidémies ne semblent pas avoir une relation directe avec l'hygiène mais semblent résulter d'une conjonction des astres et de la volonté divine !… Merci mon Dieu !… Quelques massacres opportuns de Juifs aidaient souvent à régler le problème... Paradoxalement, même si l'Eglise tente d'imposer l'image du corps nu honteux et qu'il faut cacher, scatologie, paillardise, blasphème, licence sexuelle sont monnaie courante… Quelques Ave et 3 Pater nous réconciliaient avec Celui d'en Haut… après avoir trop côtoyé Celui d'en bas.


Tout cela est donc ancré dans la mentalité collective jusqu'au moment où la justice et la morale religieuse décideront de criminaliser, punir et refouler ces manifestations de vitalité des corps un peu trop expansives au goût de certains…On commence, dans certaines couches sociales, à froncer les sourcils, se pincer le nez et arborer des moues dédaigneuses.

Le mélange des genres va pouvoir commencer… avec ses incertitudes, ses hésitations ainsi que ses affrontements. 

Suite dans l'épisode 3, si vous le voulez bien,  afin de voir comment notre beau pays va tenter de s'unifier dans la « paix et la concorde »...


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