Il a l’impression fâcheuse depuis quelques mois d’être … un arbre, isolé, rigidifié, un survivant mort-vivant figé au milieu du sentier de la Vie. Bizarre, non ? …....
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Tout s’agite, tout passe autour… Allées et venues continuelles, fébriles, de plus en plus irréelles, distanciées mais bien vivantes alors qu’il s’enracine de plus en plus profondément dans un milieu indifférent.....
Il n’est pas bien portant, un peu comme rongé de l’intérieur. Un parasite certainement, insidieux, vorace, invasif… Il est pourtant là, toujours, apparemment bien portant, tendu vers le soleil, mais la douloureuse vermine l’envahit peu à peu, sûrement, inexorablement.....
Il fait encore partie des vivants, bien sûr, mais son immobilisme, sa fixité, morbide puisque délaissée par la sève vivifiante, oblige à le contourner, à faire un détour, à faire avec lui tant bien que mal… La vie suit son cours mais il semble y faire obstacle. Un flux vivifiant qui l’indiffère à force de s’y sentir étranger, observateur pitoyable du Mouvement.......
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Ses branches se tordent, dérisoires convulsions, ses feuillent ternissent, même le vent semble l’ignorer… De plus en plus ancré dans un sol où l’énergie s’épuise, se dilue malgré de vains efforts pour y puiser la force indispensable. ....
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Rêve-t-il d’une hache libératrice ? Qui mette un terme ou mieux, qui permette de renaître sur une nouvelle base régénérée, un tronc nouveau libéré de l’inertie, une nouvelle colonne vertébrale, souple et solide à la fois… Un rêve arboricole bien peu réaliste comme tous les rêves. Mais un refuge… Ou pire, la nostalgie des verts paradis de jadis qui l’enferme davantage dans sa solitude non partagée, indicible, privée, intime… Tendre pousse d’alors, énergique, chlorophylisée à frôler l’overdose, en perpétuelle croissance, conquérante, insouciante d’un avenir pourtant fatal.......
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Car, au plus profond de lui-même, au sein des cernes accumulées par l’existence, la source reste vive mais comme inhibée, contrainte par une écorce de plus en plus rigide, inhospitalière… Ce qui l’attriste et le révolte: ne sent-on pas parfois un frémissement dans un feuillage devenu rare ? Un ultime bourgeon percer la paroi pétrifiée ?... Une dernière lutte entre la sève et le tronc, l’esprit et le corps ? Est-ce possible pour un arbre ? Si cela est, mesurons alors la dimension de son combat, l’ampleur de sa souffrance puis celle de sa défaite inéluctable, la résignation... ....
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Il a l’impression fâcheuse depuis quelques mois d’être … un arbre, isolé, rigidifié, un survivant mort-vivant figé au milieu du sentier de la Vie. Bizarre, non ? …
Il a tout simplement mal au dos…
Texte écrit après un bloquage du dos particulièrement douloureux … Comme quoi il faut souffrir pour créer … :)
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