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Un peintre qui crée essentiellement une peinture figurative qu'on peut appeler fantastique, onirique, surréaliste,... Comme on veut... Bien que je ne sois pas insensible à toute forme d'art pourvu qu'elle me paraisse sincère et qu'elle provoque quelque chose en moi... Depuis toujours, je tente de peindre l'individu et la multitude, la matière brute et la lumière intérieure, l'arbre de vie, la femme et les racines, l'enfant et le devenir, la foule errante en quête de valeurs à retrouver, les voies parallèles, les mystères des origines et de la fin dernière... Les “SEUILS”, les félures, les passages qui font de nous d’ éternels errants insatisfaits entre mondes réels et rêvés , entre soi et autrui, entre Vie et Mort, entre bonheur et malheur... Un acte de peindre, nécessaire, à l'origine de rencontres furtives mais intenses, et qui fait naître, quelquefois, au bout d'un pinceau fragile, une parcelle de soi... ...ou tout simplement le plaisir et la douleur de créer...

lundi 1 août 2011

Entre la vie et la mort ...




18/02/2008:  ma femme est victime d’un accident très grave de  santé.  22/03/2008: 1ère publication.

J’ai souvent été attiré par tout ce qui concernait la Mort… Bon nombre de mes toiles y font allusion même si elles laissent une porte de sortie, un échappatoire possible sous forme d’une lumière, celle du vivant… Les représentations picturales, sculpturales, cinématographiques, de la Mort ne me laissent pas indifférent, du « 7ème sceau » de Bergman en passant par les danses macabres du Moyen Age, des tableaux de Bosch aux cimetières romantiques du 19ème siècle, de « la jeune fille et la mort » de Baldung Grien aux gisants médiévaux… La Mort fascine et effraie en même temps, c’est le fameux le couple attraction/répulsion, Eros/Thanatos, sur lequel beaucoup ont déjà écrit. Les poètes romantiques trouvaient une beauté certaine dans ces pâles visages de femmes alanguies, épuisées par le mal du siècle, la tuberculose…
Ainsi qu’on cherche à l’ignorer ou qu’on la regarde en face, qu’on la pare de beaux atours ou qu’on l’habille de noirs oripeaux, nous avons toujours cherché à représenter ce que nous ne pouvons pas, par expérience, représenter car, comme tout être vivant, nous ignorons ce qu’est la mort… Nous connaissons le résultat opéré par la Mort sur le corps humain, un phénomène d’entropie, de désorganisation qui conduit à ce que nous avons bien du mal à considérer, c’est-à-dire, le cadavre, le corps mort, celui d’autrui… Mais la Mort elle-même ? …
Mais il faut bien avouer que tout cela nous semble bien vain lorsque la réalité nous place subitement en face de la Mort, la vraie, et que celle-ci semble prête à s’emparer d’un être proche… Le temps dispensé à penser, imaginer la représentation de la Mort n’est plus, semble bien vain… La Mort est là maintenant, présente et invisible, si proche et si insaisissable. Elle n’est pas représentable sous une forme plus ou moins artistique. Elle n’est pas personnifiable. Elle n’est pas métaphorique.
Elle n’est plus soudainement que pulsations, diagrammes, transfusions, perfusions, tension artérielle, oxygénation, irrigation… Elle est lumière froide, gestes précis, phrases courtes, essentielles, sans concession, amas de tuyauteries, de fils, de bips bips répétitifs. Elle est l’implacable immobilité du corps rythmée par le soulèvement régulier d’une poitrine, seule trace de vie donc d’espoir…
Comme dans le « 7ème sceau », une partie d’échec se joue entre le mortel et la Mort. Aujourd’hui, l’on pense que la mort est, non pas exactement la cessation de la vie biologique, mais la fin de la conscience. Déjà Socrate apparentait la mort à un sommeil sans rêve. D’un point de vue phénoménologique, dans le sommeil profond, je suis « mort », car je ne suis plus conscient de rien. La mort de la conscience serait semblable à un sommeil sans rêve, éternel. Ainsi, il n’y aura échec et mat que si la conscience s’éteint définitivement même si la vie biologique perdure… La mort cérébrale…
L’on sait maintenant que quelques minutes d’une mauvaise irrigation et oxygénation du cerveau peut entraîner la mort cérébrale. Ainsi, plus de doute sur le fameux « Je pense donc je suis ». L’absence de pensée, de conscience, conduit le chirurgien à prononcer un verdict sans appel: inutile d’opérer… Faute de pouvoir penser, je cesse d’être, même si toutes mes fonctions vitales fonctionnent. Ainsi il suffit à la Mort de ravir la conscience, inutile de tout emporter… Et l’ultime raffinement est de nous faire croire, jusqu’au dernier moment, que tout peut être perdu définitivement ou que tout est encore possible… Il suffit alors qu’un membre tressaille à l’appel d’un nom pour que la partie puisse se poursuivre... On peut opérer, pendant 8 heures… Mais rien n’est encore joué. Il faut encore 7 longs jours d’attente pour sentir, avec certitude, que la Mort s’en est enfin allée, amère et penaude… pour cette fois.
Ainsi par essence même, nous sommes incapables de vivre la mort, d’en faire l’expérience. C’est antithétique. On ne peut que la constater chez autrui. Elle ne peut donc être pour nous qu’une figure fantasmée. Mais s’il survient qu’on la croise malencontreusement au détour d’un mauvais chemin, elle est tout sauf belle ou fascinante, simplement parée de la froide réalité de l’instant, chair blessée, os brisés, sang versé, souffrance, angoisse, course contre la montre…
C’est peut-être cela la Mort, le Temps allié au Désordre… Et il est tout aussi extraordinaire d’assister au combat des forces vives, à l’élan vital qui résiste par une volonté forcenée de ne pas céder, c’est-à-dire d’utiliser la moindre parcelle de Temps pour Réorganiser le Désordre…
Une expérience extrême d’où l’on ressort différent(e), je suppose. Il ne peut en être autrement..

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